David Weinberger est chercheur à l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) où il travaille sur les nouvelles routes de la drogue en Amérique du Sud. La Guyane constituant avec l'ensemble du plateau des Guyanes, un passage obligé pour l'écoulement de la cocaïne.
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Plus d’une tonne de cocaïne passée par la Guyane a été saisie en 2018, selon la direction régionale des douanes, soit le double de l'année précédente. Si la cocaïne est essentiellement produite en Colombie, elle transite notamment par le Vénézuela, le Brésil, le Guyana et le Suriname avant d’arriver jusqu'en Guyane. Le phénomène prend, année après année, un peu plus d’ampleur et le chaos politique et économique dans lequel se trouve le Vénézuela est une opportunité pour les trafiquants.
David Weinberger, chercheur à l'INHESJ travaille actuellement à la rédaction d’un rapport sur les nouveaux flux de stupéfiants. Il a donc étudié le phénomène à l'échelle du plateau des Guyanes et du continent sud américain. Les trois plus gros producteurs cocaïne de la zone sont la Colombie, le Pérou et la Bolivie, ils produisent pour le monde entier. L'Equateur, le Vénézuéla et le Brésil restent des producteurs marginaux précise le chercheur. Il a travaillé sur l'acheminement de la drogue. Elle part du nord de l'Amérique du sud pour atteindre comme zone de transit l'Afrique de l'ouest pour ensuite remonter jusqu'en Europe.
La cocaïne est maintenant consommée dans tous les pays du monde et la problématique pour les trafiquants reste l'acheminement de la drogue. Depuis 2005, il y a une forte augmentation du trafic de cocaïne qui transite par le Vénézuela. Toutefois précise le chercheur, la route de la drogue qui passe par le plateau des Guyanes est ancienne. Elle a été mise en place par les cartels colombiens à la fin des années 80. Ils ont utilisés la situation géopolitique instable du Guyana et du Suriname pour avoir des appuis. Cette route était destinée à alimenter les marchés européens. Elle a pris de l'ampleur depuis les années 2010 jusqu'à impacter de manière significative la Guyane française. Durant cette période, le Suriname est devenue la zone la plus active en matière de trafic de cocaïne. Les criminels surinamais ont développé une route de la cocaïne vers les Pays Bas.
Selon le chercheur sociologue, c'est au Suriname que se concentre l'essentiel de l'arrivée de la cocaïne depuis les pays producteurs avec une diversification de cette route de la drogue par le Guyana et la Guyane. Pour cela, toutes les voies possibles sont utilisées. La voie aérienne au départ de la Colombie avec des points de chutes sur les pistes de l'orpaillage. Mais le secteur de transport fluvial où transitent marchandises et personnes dans toute l'Amazonie, fait aussi partie des moyens d'acheminement de la drogue. De plus, outre les Guyanes, le Brésil et le Vénézuela représentent des plaques tournantes du trafic de la drogue.
... des informations suggèrent qu'il y a une partie significative de la drogue qui est aussi acheminée via le Vénézuela et le Brésil. Il faut rappeler que le Brésil est devenu aujourd'hui, la première porte d'exportation de la cocaïne en Amérique Latine. Les groupes criminels brésiliens sont devenus très importants dans le trafic de cocaïne international...
En Guyane de nouvelles procédures ont été mises en place pour enrayer le phénomène des mules dans les avions mais le problème qui demeure générique à la lutte contre le trafic de drogue c'est "l'effet ballon" explique David Weinberger. Les trafiquants vont s'adapter et changer de mode opératoire ou encore réactiver d'autres types de passages utilisés auparavant. Actuellement, la vraie problématique qui se pose aux autorités françaises n'est pas celle de l'identification des passeurs, qui le sont de manière massive, mais la capacité à les arrêter, les traiter, les juger et surtout à les dissuader d'utiliser ce cheminement de l'aéroport de la Guyane pour une entrée vers l'Europe.
Retrouvez ici l'intégralité de cet entretien :
David Weinberger
Le plateau des Guyanes rampe d'accès à l'Europe
La cocaïne est maintenant consommée dans tous les pays du monde et la problématique pour les trafiquants reste l'acheminement de la drogue. Depuis 2005, il y a une forte augmentation du trafic de cocaïne qui transite par le Vénézuela. Toutefois précise le chercheur, la route de la drogue qui passe par le plateau des Guyanes est ancienne. Elle a été mise en place par les cartels colombiens à la fin des années 80. Ils ont utilisés la situation géopolitique instable du Guyana et du Suriname pour avoir des appuis. Cette route était destinée à alimenter les marchés européens. Elle a pris de l'ampleur depuis les années 2010 jusqu'à impacter de manière significative la Guyane française. Durant cette période, le Suriname est devenue la zone la plus active en matière de trafic de cocaïne. Les criminels surinamais ont développé une route de la cocaïne vers les Pays Bas.
Les voies aériennes et fluviales distributeurs de drogue
Selon le chercheur sociologue, c'est au Suriname que se concentre l'essentiel de l'arrivée de la cocaïne depuis les pays producteurs avec une diversification de cette route de la drogue par le Guyana et la Guyane. Pour cela, toutes les voies possibles sont utilisées. La voie aérienne au départ de la Colombie avec des points de chutes sur les pistes de l'orpaillage. Mais le secteur de transport fluvial où transitent marchandises et personnes dans toute l'Amazonie, fait aussi partie des moyens d'acheminement de la drogue. De plus, outre les Guyanes, le Brésil et le Vénézuela représentent des plaques tournantes du trafic de la drogue.... des informations suggèrent qu'il y a une partie significative de la drogue qui est aussi acheminée via le Vénézuela et le Brésil. Il faut rappeler que le Brésil est devenu aujourd'hui, la première porte d'exportation de la cocaïne en Amérique Latine. Les groupes criminels brésiliens sont devenus très importants dans le trafic de cocaïne international...
En Guyane de nouvelles procédures ont été mises en place pour enrayer le phénomène des mules dans les avions mais le problème qui demeure générique à la lutte contre le trafic de drogue c'est "l'effet ballon" explique David Weinberger. Les trafiquants vont s'adapter et changer de mode opératoire ou encore réactiver d'autres types de passages utilisés auparavant. Actuellement, la vraie problématique qui se pose aux autorités françaises n'est pas celle de l'identification des passeurs, qui le sont de manière massive, mais la capacité à les arrêter, les traiter, les juger et surtout à les dissuader d'utiliser ce cheminement de l'aéroport de la Guyane pour une entrée vers l'Europe.
Retrouvez ici l'intégralité de cet entretien :
David Weinberger interrogé par Sébastien Laporte