Confinement : trois classiques de la littérature guyanaise à lire absolument (2)

Les trois classiques guyanais qu’il faut avoir lu absolument : "Batouala" de René Maran, "Le Nègre du Gouverneur" de Serge Patient et enfin "Les Terres Noyées" de Eunice Richards-Pillot. Trois livres entrés dans le panthéon de la littérature guyanaise.
Les trois classiques guyanais qu’il faut avoir lu absolument : "Batouala" de René Maran, "Le Nègre du Gouverneur" de Serge Patient et enfin "Les Terres Noyées" de Eunice Richards-Pillot. Trois livres entrés dans le panthéon de la littérature guyanaise.


"Batouala" de René Maran

René Maran avec le roman "Batouala" est le premier écrivain noir, guyanais à obtenir le prestigieux prix Goncourt. C’était en 1921. Un scandale dans les milieux littéraires de l’époque, peu habitués à reconnaître un "noir" pour la beauté de sa plume.
"Batouala" est un roman à clé qui montre l’Afrique au temps de la colonisation : "L’action se déroule en Oubangui-Chari (République Centrafricaine). Batouala est un chef de village sur le déclin. Il se raconte, décrit les mœurs de sa tribu et ses rapports avec le colonisateur".
René Maran connait bien cette région d’Afrique puisqu’il y a été administrateur colonial. Il a vécu toute son enfance en Martinique, mais est né en Guyane. Aux débuts de sa carrière il est un fonctionnaire colonial zélé puis entrera en rébellion.
"Batouala" et le scandale qui s’ensuivit sonneront le glas de sa carrière dans l’administration coloniale.
René Maran est qualifié à l’époque par les journalistes «d’auteur exotique». La violente polémique le poursuivra jusqu’à la fin de sa vie. L’écrivain est mort à Paris le 9 mai 1960 dans le dénuement. Son œuvre a inspiré de nombreux écrivains.

René Maran est considéré comme le précurseur du mouvement de la négritude par Aimé Césaire, Léon Gontran-Damas et Léopold Sédar Senghor


"Le Nègre du Gouverneur" de Serge Patient

C’est l’un des romans les plus puissants écrit en Guyane sur l’esclavage : "Le Nègre du Gouverneur, chronique coloniale". Ecrit par Serge Patient en 1978, édité chez Ibis Rouge, il a reçu le prix Carbet de la Caraïbe en 2001. Un roman singulier sur un esclave pris entre amour et désir de liberté.
"D’Chimbo est un esclave. Il est partagé entre le désir de s’adapter au monde de son maître et celui de garder farouchement son identité. Il goûte les délices de l’interdit dans les bras d’une femme blanche. Elle s’appelle Virginie et lui fait partager ses valeurs en lui donnant les clés de son environnement colonial. D’Chimbo est partagé entre ses racines africaines, sa volonté d’aider ses frères de sang et la passion que lui inspire Virginie et le monde des "blancs".
Dans ce livre à l’écriture fine, élégante et sophistiquée, Serge Patient restitue l’atmosphère  de l’époque. L’histoire d’amour entre cet esclave noir et la jeune fleur de l’aristocratie décadente française, est racontée brillamment. 

"Le Nègre du gouverneur" est aussi une métaphore. Serge Patient, l’auteur, intellectuel guyanais, s’interroge en 1978, sur l’assimilation, un siècle après l’abolition de l’esclavage.
 

"Les Terres Noyées" d'Eunice Richards-Pillot

C’est un livre introuvable en librairie. Il sera sans doute réédité par Ibis Rouge. Un livre sorti en 2006 que l’on se passe de main en main. Il s’agit d’une fresque historique dont la trame se déroule en Guyane. Une saga puissante où se mélangent tous les ingrédients du grand roman historique. "Marcelle, esclave sur la plantation "Le Collège" voit s'accomplir un prodige: son fils Théo lui est mystérieusement restitué. Ce même été, Alexandre et Charles, deux frères aux caractères complètement opposés, de petite noblesse désargentée, viennent s'installer sur les terres marécageuses de l'Approuague pour y bâtir une habitation à la veille de la première abolition de l'esclavage".

Eunice Richards-Pillot l’auteur, est médecin urgentiste de formation. Elle est née en Guyane, vit dans l'hexagone.
« Les Terres noyées » d'Eunice Richards-Pillot ont eu le prix du roman historique en 2006.