Une décoration intimiste, des lumières tamisées, de la danse en ombre chinoise, la voix du chanteur Jah D… L’ambiance était résolument cosy ce vendredi à l’Abattis, à Cayenne. Le lieu qui ouvre le champ des possibles à toutes les formes d’art, accueillait ce vendredi le public pour un événement inédit : une lecture ouverte de textes érotiques. L’idée émane de Marvin Yamb, de l'Abattis et de Nathalie Léonard, d’Atoumo Prod, qui ont organisé ensemble la soirée. « Atoumo prod avait organisé Textoy, un atelier de lecture et d’écriture érotique en français et en créole, avec Simone Lagrand, indique Nathalie Léonard, directrice artistique de l'association. Il s’agissait de trouver son propre lexique amoureux. Les participantes ont inventé leurs mots : voumtaker, kaïmiter… »
Pousser d'autres à prendre la plume
Encouragée par le succès de l’atelier, Atoumo Prod organise alors cette scène ouverte, orchestrée par Moïra Syl. Autrice, elle a profité de cette opportunité de pousser d’autres à prendre la plume. « Il y a beaucoup de gens qui écrivent des très belles choses et qui n’osent pas les présenter. Ensuite, j’ai souhaité les inciter à la déclamation, qui est un autre art que je trouve très beau. J’ai été contente de pouvoir sortir des gens de leur zone de confort ! » L’autrice a également apprécié travailler sur le thème de l’érotisme. « L'érotisme évoque des choses à tout le monde, mais malheureusement on n'ose pas forcément en parler parce qu'on l'associe à de la pornographie.Or, l’érotisme, ça reste très beau. On en retrouve même dans des textes qui ne sont pas vocation à érotique. Dans un livre, il peut y avoir des scènes qui font plaisir au lecteur et où on retrouve de l'érotisme. »
« Parler de soi et de son rapport au corps »
Comme d’autres ce soir-là, Ericka a lu ce qu’elle avait couché sur le papier lors de l’atelier Textoy. « J’écrivais déjà, mais jamais de textes érotiques. Je n’avais jamais osé parce que je ne savais pas qu’on pouvait le faire aussi facilement. En fait l'érotisme, c'est parler de soi, de son corps mais aussi de son rapport au corps de l’autre et au sien. J’appréhende toujours un peu avant de dire mes textes, parce que j'ai l'impression de parler de moi… Mais c’est, paradoxalement, aussi pour cela que j’aime les lire…»
Vers de nouvelles éditions
« Ce qui est beau, c’est qu’il y avait une grande diversité parmi les auteurs, souligne Nathalie Léonard. Il y a eu un dòkò contes comme Franck Compper, du créole, des personnes de plus de 60 ans, la jeune Léane…» Cette dernière, très applaudie, a surpris l'assistance avec un écrit tout droit sorti de l’univers de la dark romance, littérature particulièrement appréciée des jeunes adultes.
Nancy a pris part à la soirée et a apprécié l'expérience. « J’ai beaucoup aimé ce côté très intimiste et chaleureux. Permettre aux gens de s’exprimer librement, je trouve que le concept est vraiment top : pas de gêne, pas de pression… Tout le monde a pu s’exprimer, peu importe son style, son âge, son expérience...»
Auréolée du succès de cette première soirée aux accents érotiques, Atoumo prod pense déjà à de futures éditions, peut-être aussi dans d’autres communes de Guyane.