Congrès des élus: consensus pour un statut à la carte

Finalement, après 8 heures de débats, par moments tendus et âpres, les élus réunis en congrès ce 14 janvier ont adopté une résolution avec une saisine du gouvernement pour un statut sui generis (ou à la carte) sur la base du projet Guyane amendé. Retour en congrès d'ci le mois de juin prochain.
Des débats parfois houleux mais en fin de journée un consensus et un vote à l'unanimité
Pendant la quasi-totalité du congrès des élus réunis à la collectivité territoriale, l’ombre d’un énième congrès pour rien a plané. Les débats ont été par moments houleux et les fractures sont apparues au sein de la collectivité des élus du territoire. Dans la matinée et avec les interventions des parlementaires, le ton a été donné. La Guyane est bien multiple et on a ressenti les tensions dans les travées de l’assemblée avec des passes d’armes et de mots choisis qui ont provoqué des réactions.
Si les échanges ont été vifs par micro interposé, c’est un problème de sonorisation qui a provoqué la première suspension de séance de la journée. La sonorisation relayant la teneur des travaux dans le hall de la CTG, espace où était installé le public, ne permettait plus d’entendre ce qui se passait dans l’hémicycle. Après intervention des techniciens de la CTG, les travaux ont pu reprendre.

 

"nous avons besoin d'une évolution statutaire"

Mais si l’impression d’enlisement se faisait sentir, par quelques déclarations, il était évident que certains élus souhaitaient une fin de congrès avec une évolution. Pour la maire de Cayenne, Marie-Laure Phinéra-Horth

« J’espère que nous allons arriver au bout. Je suis pour l'évolution statutaire et la consultation populaire. Je refuse de partir sans avoir voté”.

Le premier magistrat de Mana n’était pas en reste

« nous avons besoin d'une évolution statutaire. Les lois de la république ne sont pas adaptées à la Guyane ! Nous avons des réalités dont nous devons discuter avec l'Etat... » a indiqué Albéric Benth.

 
Près de 8 heures de congrès et un accord pour poursuivre les travaux
La teneur du document de travail rendu par la commission ad’ hoc a été au centre des débats tout comme la participation des uns et des autres aux travaux. Là encore, les attaques ont fusé et l’état des présences/absences n’a pas permis de mener des travaux aboutis au sein de cette commission. Pas de jaloux, tous les bancs de l’assemblée étaient concernés par les différentes piques à ce sujet. Boris Chong Sit, vice-président de la CTG, n’a pas manqué de souligner lors d’une intervention que

« le sort de ce pays ne pourra s'améliorer qu'à travers une évolution ... mais le travail de concertation générale n'a pu se faire ... 90% des maires absents, 82% des parlementaires, 54% de la CTG ... c'est un fait ».


Le retour sur « la vie » de cette commission qui a été convoquée une dizaine de fois a été largement commenté, la persévérance de ceux qui se sont mis au service du collectif a été pour finir saluée. Les travaux ont été validés par un vote à l’unanimité peu après midi.
 

Amender le projet Guyane avant un retour en congrès

Pour la seconde partie de ce congrès, les interventions ont été plus techniques. Bataille d’arguments et velléités de faire pencher la décision dans un camp ou l’autre. Tout de go, Rodolphe Alexandre, le président de la CTG l’a reconnu

« le projet Guyane en l’état est perfectible. Il faut analyser, il faut prendre son temps pour une communauté de destin et un vouloir vivre ensemble ... il n'y a personne qui ne veut changer ...Je suis pour la consultation, mes collègues sont pour la consultation mais le projet il faut l'amender, il faut le poursuivre... pour une nouvelle collectivité sui generis ... »

Il a beaucoup été questions de gros sous, de fiscalité ou encore de relations avec l’Europe. De nombreux orateurs ont fait entendre leurs positions. Maires et conseillers territoriaux se sont acharnés à défendre des intérêts de territoire avec au fil des échanges une sensation partagée, celle de sortir par le haut avec une décision forte pour la Guyane. Il est vrai que sous les projecteurs, les élus savaient qu’ils étaient observés et que le temps des petits pas vers une évolution statutaire semblait s’imposer.
On retiendra l’appel solennel du sénateur Antoine Karam Antoine Karam pressant les élus rassemblés en congrès de prendre la mesure des opportunités et de la nécessité de faire corps pour construire un projet qui tienne la route. Parole de sagesse certainement qui aura marqué cette troisième réunion des élus en congrès.
I a fallu trouver des points d'accord pour aboutir à une sortie par le haut et investir encore un peu plus le champ de la responsabilité guyanaise.
Un peu avant 16 heures, nouvelle suspension de séance pour une vingtaine de minutes selon l’annonce du président Alexandre. Au final cette pause aura duré une heure, le temps pour les composantes de la plénière de trouver un consensus pour revenir en séance avec un texte partagé.
De retour dans l’hémicycle, c’est Rodolphe Alexandre qui a donné les teneurs de l’accord sur lequel les parties ont trouvé un consensus. La résolution du congrès fait état d’une saisine par la CTG du gouvernement pour un projet sui generis. Selon l’accord de ce 14 janvier, il y aura une consultation populaire sur la base du projet Guyane. Une commission sera mise en place et ses membres auront 6 mois pour amender le projet Guyane en prenant en compte les demandes du congrès du jour. Pour éviter les pièges de l’anti-constitutionnalité, la commission sera assistée d'un cabinet spécialisé pour la maîtrise d’ouvrage. Autre élément de cette résolution, la convocation d’un congrès exceptionnel qui sera convoqué avant la fin du premier semestre. Cette décision a été adoptée à l'unanimité des présents, l’horloge affichait 17 heures. Et c’est par des applaudissements que ce congrès s’est achevé.
 

Un consensus et des travaux pour penser l'avenir

Pour Mylène Mathieu, conseillère territoriale de l’opposition

« le consensus est important pour aller vers un statut sui generis. Il était important que la consultation se fasse sur un projet d’évolution statutaire. On sort de ce congrès avec un consensus, c’est une très bonne chose ».


Le président de l’association des maires de Guyane, David Riché considère ce congrès comme

« une avancée puisque l’on va consulter la population à propos du sui generis pour la Guyane avec tous ses atouts. On a certes reculé un petit peu sur le projet Guyane qui doit être amendé pour le rendre meilleur et l’adosser ainsi à cette évolution statutaire… on n’a peut-être pas avancé comme on le voulait mais on ne pouvait pas reculer aujourd’hui ».

Rodolphe Alexandre, le président de la CTG, a salué le consensus en insistant sur la nécessité d'améliorer le projet Guyane.
Rodolphe Alexandre a pour sa part souligné l’importance de faire appel à une assistance à maîtrise d’ouvrage

« pour aider à la redéfinition de failles notées dans le projet actuel. Il faut rapidement que l’on puisse remodeler cela avec ce groupe de travail qui va être opérationnel avec en son sein des maires, des représentants des EPCI, les parlementaires, des conseillers territoriaux, du CESEGUE et du grand conseil coutumier ».

La Guyane entre dans une nouvelle ère, si des travaux sont prévus avec des évaluations régulières avant le retour en congrès, la temporalité sera un élément important dans la poursuite des travaux avec un espoir semble-t-il partagé, celui du maintien de cette union du 14 janvier pour enrichir le projet Guyane. Plusieurs élus ont appelé à la rédaction d'un vrai projet de société pour définir les valeurs communes pour un projet qui rassemblerait toutes les communautés et parties du territoire de Guyane. Le challenge est lancé.