La tendance vient de Grande-Bretagne. Ces dernières années, à grand renfort de publications sur les réseaux sociaux, elle a séduit d’autres pays. Jusque chez nous. Le Dry january, aussi appelé « Le défi de janvier » consiste à ne pas boire une goutte d’alcool du 1er au 31 janvier.
Envie de faire le point sur sa consommation d’alcool, de réduire ses dépenses, ou simplement de faire attention à sa santé. L’an dernier, Viv’, Cayennaise de 30 ans, a fait son premier Dry January. « Ça m’a fait du bien au niveau digestif après les excès des fêtes de fin d’année. Je l’avais fait pour commencer l’année de manière saine. » Cette année, Viv’ n’est pas certaine de renouveler l’expérience. « Je me tâte : j’ai envie de le faire, mais en même temps j’ai aussi envie de profiter du début de carnaval avec les soirées. »
Pour Owen*, dont le prénom a été modifié, la décision est prise : il fera le Dry january pour la cinquième année consécutive. Mais il le concède : à chaque fois, c’est un défi compliqué à tenir. Le plus dur ? « Les gens veulent toujours que tu boives. Parce que d’habitude tu ne refuses pas une bière, là ils ne comprennent plus. Ils pensent que tu es malade, ou que tu es alcoolique… C’est pour cela que j’ai choisi de témoigner de manière anonyme. »
Quand j’ai échoué à mon Dry january, je me suis dit que j’avais peut-être un problème
Owen, qui participe au défi depuis 5 ans
Alors que son premier Dry january s’était plutôt bien passé, le quadragénaire avoue « en avoir bavé » il y a trois ans. « J’ai raté mon Dry january. J’ai voulu le faire et le 7 janvier au soir j’étais bourré. J’ai toujours bien aimé boire. J’aime l’ivresse, j’aime la fête et souvent ça va ensemble. J’avais plutôt des consommations festives le week-end. Quand j’ai échoué à mon Dry january, je me suis dit que j’avais peut-être un problème. J’ai repris le défi le 8 janvier. Comme j’avais échoué, ça m’a donné la motivation pour faire, dans la foulée, un "Dry february" : j’ai continué à ne pas boire jusqu’à la fin du mois de février. »
Cet « échec » dans son Dry january, Owen reconnaît l’avoir vécu, en réalité, comme une chance. « Avec le recul, je me suis dit que les palpitations et les problèmes de tension que j’avais avant étaient peut-être liés à ma consommation d’alcool. Je ne m’en serais peut-être pas rendu compte de tout cela sans cette expérience du Dry january… »
Des applications et des sites pour aider
Suite à cette expérience, Owen a choisi de consulter. « J’ai vu un médecin parce que j’ai pris cela au sérieux et que je n’aime pas l’échec. Là, c’était un échec de moi contre moi-même. J’avais très peur que le médecin me dise qu’il fallait arrêter complètement de boire. Or, il m’a fait des analyses, il a pris les paramètres de l’Organisation mondiale de la santé et il m’a dit qu’il fallait ralentir ma consommation d’alcool. Ce que j’ai fait. »
Pour l’accompagner, à ce moment-là, Owen télécharge une application qui lui permet de « se concentrer » sur son défi. « Je n’en ai plus besoin depuis longtemps, alors je l’ai désinstallée », reconnaît-il. En effet, les applications et les sites internet pour aider quiconque veut réfléchir à sa consommation d’alcool sont légion. Dryjanuary.fr, qui se décline en page internet et application gratuite, fourmille de conseils et d’idées pour que le défi de janvier soit ludique. Le site détricote par ailleurs les idées reçues sur le sujet : « Si je bois un verre en janvier, le défi est perdu » ou encore « S’arrêter de boire un mois, ça ne sert à rien » en passant par « Faire le Dry January, c’est ne pas savoir s’amuser ».
Difficile pendant le carnaval...
David, 40 ans, estime être un consommateur très modéré. Il ne fera pas le Dry january, comme Viv’, pour cause de carnaval. Le Cayennais s’autorisera un cocktail de temps à autre lorsqu’il ira danser. Pour Sarah*, en revanche, le Dry january, ce sera, un peu « à la carte ». Parce qu’elle a déjà programmé une soirée début janvier, elle commencera le défi après cette date. Son objectif étant d'aller vers une alimentation plus saine.
Je vais le faire pour prendre soin de ma santé
Sarah qui va vivre son premier Dry january
« Ce sera mon premier Dry january, même si en réalité j’ai déjà passé un mois " dry", sans difficulté. Le problème est que les boissons non-alcoolisées sont très sucrées. Je vais tout de même le faire cette année pour prendre soin de ma santé. Mais je veux d’un Dry january sans boisson sucrée avec une alimentation moins transformée. »
Son choix va dans le sens d’Owen. « Si je devais donner un conseil à quelqu’un qui veut faire le Dry january, ce serait de le faire sans pression. Il faut se fixer un objectif : une semaine, dix jours ou un mois, et s’y tenir. Peut-être que cela plaira à la personne, qu’elle verra que ce n’est pas si dur que cela. Peut-être aussi qu’au bout de quelques jours elle sera comme une pile électrique. Là, elle devra se poser des questions sur sa consommation habituelle d’alcool. »
* Les prénoms ont été modifiés