Contamination au mercure : l’inquiétude gagne le littoral

Poisson carnivore l'aïmara de Guyane est contaminé au mercure
La contamination au mercure est une réalité chez les habitants du Haut Maroni. En revanche, aujourd’hui des questions se posent pour le littoral. Un taux de mercure inquiétant a été décelé chez des résidents de Cayenne et Rémire Montjoly. L’un d’entre eux a même porté plainte contre X.

Plainte contre X


Il y a un an, Laurent Garandeau, habitant du quartier de l’anse Chaton à Cayenne observe une série de troubles physiques et psychiques, sur les membres de sa famille. Inquiet, il décide alors d’en parler à son médecin. Ce dernier prescrit des analyses sanguines pour vérifier le taux de mercure. Les résultats sont surprenants  :

« Les résultats étaient positifs .Ce qui a poussé les autres membres de la famille a à faire une analyse sanguine. On s’est aperçu que j’avais deux fois le taux autorisé de mercure. L’autre membre de ma famille, s’est retrouvé avec un taux, trois fois supérieur, avec des maux de ventre, de tête. »


Il faut savoir que l’organisation mondiale de la santé établit à 5microg par litre de sang, le seuil de mercure à ne pas dépasser…Les valeurs trouvées dans ce cas, sont, 2 à 3 fois supérieures. La famille a donné l’alerte et entrepris quelques modifications dans ses habitudes de consommation.

«On filtre l’eau et on a arrêté de manger du poisson. On a changé radicalement notre mode d’alimentation. Depuis, nous avons effectué de nouvelles analyses. Le taux a baissé. J’ai porté plainte contre X pour intoxication au mercure. J’ai été auditionné. Depuis, je n’ai pas de nouvelles».


A ce jour Laurent n’a obtenu aucune réponse sur son dossier. Seul, avec ses analyses sanguines et ses nouvelles résolutions, il patiente et poursuit ses recherches autonomes en attendant d’obtenir plus de précisions des autorités sanitaires.
 

Plus de 20 ans d’études  sur la contamination au mercure


En Guyane, un seul homme fait référence en la matière : Le docteur Rémy Pignoux. Il est basé à Maripasoula et étudie depuis plus de 20 ans le mercure et ses conséquences sur la santé des populations amérindiennes. Pour lui les analyses sanguines ne sont pas pertinentes.

«Il faut pour en être sûr, faire une preuve scientifique. Il ne faut pas omettre les autres toxiques .Il ya aussi le plomb, l’aluminium, des médicaments et bien d’autres toxiques .Il faut surtout faire des analyses, au niveau des cheveux. Le sang traduit un passage, les cheveux, eux, le stockage.»


Jusqu’ici les études de contamination se focalisaient sur les populations du Haut Maroni et de l’Oyapock, plus exposées à des taux de mercure importants en lien direct avec l’activité aurifère illégale.


En bout de chaîne alimentaire


Aujourd’hui des campagnes de prévention sur le Haut Maroni sensibilisent les futures mamans aux conséquences d’une intoxication fœtale et infantile.
Un guide de consommation précisant les poissons à privilégier et à proscrire, selon les fleuves dont ils proviennent, est distribué régulièrement.
Car c’est bien par le poisson que le mercure rendu organique devient toxique à l’homme, en bout de chaîne alimentaire.
Sur le littoral peu de données ont été recensées, la dernière étude en date a été réalisée entre 2008 et 2011. Elle s’appuie sur un échantillon de 284 poissons marins et révèle de faibles taux d’imprégnation au mercure sur les espèces telles que l’acoupa, le machoiran et la loubine.

Difficile d’établir un lien entre le Haut Maroni et le littoral


Cayenne, est décrit dans ce rapport, comme l’estuaire le moins contaminé du territoire. Des données qui semblent écarter l'hypothèse d'un transfert de la pollution fluviale vers le littoral. Difficile alors d’établir avec certitude un lien, entre une possible contamination mercurielle des poissons marins et le témoignage de Laurent Garandeau. Pourtant le mercure reste un poison à la portée de toutes les assiettes, dès lors qu'il est consommé à une fréquence supérieure aux recommandations sanitaires. Le Docteur Rémy Pignoux, estime que la contamination est mondiale :

« On est dans la même maison terre, que n’importe quel habitant du Monde .Il faut éviter de manger à hautes doses tous les jours, du poisson type carnassier .C’est pareil, dans le monde entier avec le thon, le thazard etc. »


Bientôt de nouvelles données


L’institut de veille sanitaire travaille sur une mise à jour des données enregistrées sur le littoral… En attendant, l’organisation nationale de sécurité sanitaire et de l’environnement préconise de consommer 1 à 2 portions de poisson par semaine en variant les espèces et en privilégiant les moins contaminées.
Ainsi en Guyane les poissons d’eau douce de type carnassier sont à éviter : l’aïmara contiendrait autant de mercure que 20 millions de litres d’eau fluviale.

Le reportage de Guyane 1ère