Nous faisons le nettoyage en profondeur dans le centre-ville et dans divers quartiers de la ville.
Un confinement difficile à faire respecter
Par ailleurs, le gouvernement a fermé les écoles et la plupart des zones d’activités. Mais de nombreux Haïtiens travaillent dans l’économie informelle et vivent au jour le jour. Il est donc difficile de leur faire adopter le confinement à domicile. Pourtant, Dominique Saint-Roc, le maire de Pétionville, se bat pour faire respecter, par exemple, les limites horaires des marchés :
Les marchés sont sur trois jours - mardi, jeudi et samedi. Ils se tiennent de six heures du matin à deux heures de l'après-midi. C'est une obligation pour la justice et la police de tout faire pour que ces mesures soient appliquées.
Le handicap de la crise alimentaire
Une lutte quotidienne d’autant plus difficile qu’au risque de la pandémie s’ajoute celui d’une crise alimentaire. Selon des organisations de défense des droits de l’Homme, elle serait liée à l’impact économique des troubles politiques, à l’inflation, et à de mauvaises récoltes. Du coup, le pouvoir a organisé des distributions de vivres. Mais cela augmente les risques épidémiques comme le déplore Mesmin Louigene, un habitant :Regardez la façon dont ils distribuent de la nourriture. C’est humiliant. Les gens ne respectent pas la distance sociale. Le gouvernement devrait mieux l’organiser. D'autre part, je suis très inquiet lorsque je considère les structures sanitaires. Nous avons déjà enregistré, un mort, 25 cas confirmés et plus de 600 en quarantaine. C'est très inquiétant.
Prévention
De fait les moyens médicaux en Haïti sont limités. Et le pays doit surtout miser sur la prévention pour éviter de voir s’envoler des chiffres officiels de la pandémie, encore relativement faibles. En particulier, la capacité en nombre de tests de dépistage est une priorité. Il serait possible, actuellement d’en effectuer 700 à 800 par jour.L’arrivée d’Haïtiens expulsés des Etats-Unis
Dans ces conditions, l’arrivée de 61 ressortissants haïtiens expulsés des Etats-Unis (un pays fortement touché par le Covid-19) a de quoi inquiéter la population. Aux USA, de nombreuses voix se sont élevées contre cette mesure et les risques qu’elle occasionne. Mais Claude Joseph, le ministre des Affaires Etrangères de l’île, s’est voulu rassurant. Le dépistage des symptômes est effectué des deux côtés. La quarantaine sera respectée. Il appelle à la solidarité nationale envers les arrivants.Ils étaient détenus dans des centres où plus ils y étaient détenus, plus la probabilité d’être contaminés était élevée. Quelque part, c’est quasiment un couloir humanitaire qui a été ouvert pour permettre à nos frères et sœurs de regagner leur pays. Voyons cela comme un geste de solidarité [...] Ces compatriotes sont attendus en Haïti. Ils sont attendus chez eux, dans leur pays. Nous allons les recevoir dignement en tant que frères et sœurs haïtiens… Nous ne devons pas céder à la panique…Ces déportés ne sont pas des criminels. Ils ont été en situation irrégulière sur le territoire américain. Nous avons demandé aux autorités américaines de surseoir aux déportations de ceux qui ont des antécédents criminels.
De République Dominicaine aussi
Reste aussi le cas des Haïtiens expulsés de République Dominicaine. Un pays beaucoup plus touché par le virus que son voisin. Claude Joseph est en contact permanent, sur ce sujet, avec les autorités de St-Domingue :Nous travaillons ensemble afin de résoudre ce problème. Nous sommes dans un moment de crise. La solidarité entre les peuples est nécessaire.
Il y a urgence. Les autorités de Dessalines (dans l’Artibonite) n’auraient appris qu’après son enterrement, qu’un adolescent rentré de République Dominicaine et décédé, présentait les symptômes du Covid-19.
Les habitants des communes proches de la frontière, longue de 300 km, sont inquiets. De nombreux Haïtiens rentrent au pays en évitant les points de contrôle.