Coronavirus : la vie de confinée de Laurygan Célin multiple championne de France de Taekwondo

Laurygan Célin, une volonté inébranlable de réussite
Avec son palmarès impressionnant, 5 fois championne de France espoir et senior de Taekwando, la Guyanaise Laurygan Célin ne baisse jamais les bras. La période de confinement pendant la crise sanitaire du coronavirus, elle essaie de ne pas la subir et de continuer à positiver. Elle nous en parle.
24 ans et déjà toute une vie consacrée à sa passion : la pratique au haut de niveau du taekwondo et la poursuite de ses études pour se construire un avenir professionnel. La jeune guyanaise est vice championne d'Europe 2015, championne de France espoir 2013, 2015, 2016 et senior 2014, 2015. Elle est normalement à l'Insep Paris qui a fermé ses portes le 15 mars dernier, elle a du se replier chez son ami en banlieue parisienne.
Laurygan Célin a du tempérament et le confinement obligé en raison de la crise sanitaire ne l'effraie pas outre mesure. Elle a longuement répondu à quelques questions.


Des objectifs sportifs repoussés


Vous prépariez de grandes échéances sportives, comment vivez-vous ce confinement prévu pour 2 mois?
Depuis le début du mois de mars, mon club a annulé tous mes déplacements à l'étranger Hollande, Belgique, Espagne et bien d'autres. Du coup aucun moyen de se qualifier pour le championnat d'Europe qui était prévu en mai... je profite de ce confinement pour revoir mes objectifs sportifs et professionnels, j'avais besoin de prendre du recul et ce confinement me concernant est un mal pour un bien.

Vous avez fait beaucoup de sacrifices jusqu’à présent pour arriver à vous imposer dans votre discipline, vous allez continuer?
J'ai toujours fait beaucoup de sacrifices pour m'imposer dans mon sport et pas seulement. Beaucoup de sacrifices et de concessions, mais je n'ai jamais sacrifié mon cursus universitaire pour ma passion. Je fais des choix me permettant d'allier, au mieux, le sport et les études. À 24 ans, je ne peux pas me permettre de sacrifier mes études, qui se termineront cette année si tout se passe bien. 
Avec les études, le travail, les stages professionnels, j'ai un quotidien plutôt difficile, certes, mais je me donnerai toujours les moyens pour arriver à mes objectifs.

Quel est votre espace de confinement ?
Pour mon espace de confinement, j'ai été contrainte de quitter l'Insep qui est fermé jusqu'à nouvel ordre. Du coup, je fais la navette entre le domicile de mon compagnon en banlieue et mon lieu de travail. J'entends des Parisiens se plaindre du confinement, certains sont dans des appartements sans balcon, ce n'est pas évident, dans mon cas, je ne vais pas me plaindre. J'ai de l'espace vert pour m'occuper au mieux : entraînement, jardinage, soleil... Tout va bien de mon côté.

Un long temps de séparation avec votre mère et votre frère est-ce supportable ?
Ce temps de séparation avec ma mère et mon frère est supportable, parce que je sais que je vais les revoir. Il ne faut pas oublier que depuis mes 14 ans, je suis souvent séparée physiquement de mes proches même s'ils ont toujours été là pour me soutenir. On reste patient, ça va, je vais bientôt retrouver ma mère et mon frère.


Gardienne de nuit 2 semaines par mois


Financièrement comment vous vous en sortez?
Financièrement, j'arrive à m'en sortir. J'ai un contrat de sponsoring depuis mes 15 ans avec la CTG et le Grand Hôtel Montabo. Il se termine cette année sauf si ils décidaient le renouvellement. J'ai eu la chance d'être soutenue par la société Assurance et prévoyance de Guyane mais mon contrat s'est achevé au 1er janvier 2020, triste nouvelle pour moi. Ça me soulageait énormément. Du coup, je travaille occasionnellement en tant que gardienne de mairie, une semaine ou 2 semaines maximum dans un mois. Sans ce travail, je ne peux pas subvenir à mes besoins en continuant mon sport et mes études, donc encore un sacrifice.
 

De longues journées d'études, de sport et de travail


Quelles sont les études que vous menez et quelle est votre organisation ?
Depuis octobre 2019, je suis en licence professionnelle économie de la construction en contexte européen à l'université Gustave Eiffel (Ancienne Université Paris est Marne la vallée (UPEM)). Un domaine totalement différent de mon cursus d'origine (management du sport). L'université m'a acceptée en bac+3 et a voulu me faire confiance malgré mon manque d'expérience dans le domaine. Mais je travaille pour y arriver.
Généralement, j'ai cours de 8h à 12h et je reprend à 13h jusqu'à 17h ou 18h. J'ai 25 min de route entre l'Insep et l'université. Je suis en régime dérogatoire ce qui me permet de louper les cours quand je le souhaite, mais j'évite d'en abuser au profit de l'entraînement. J'essaie de trouver un juste-milieu. À 16h30 je demande aux enseignants à partir avant la fin du cours pour arriver à l'heure à l'entraînement de 17h.
À cette journée type, si la Mairie de Champigny me contacte pour travailler en vacation, c'est des journées qui ne s'arrêtent pas. Je finis l'entraînement à 19h et je commence 19h30 . J'ai un temps de trajet de 30min donc je n'ai pas une seule minute à perdre dans les vestiaires
À 7h30 quand je finis mon service je vais devant l'université, j'attends dans ma voiture en faisant un petit somme avant les cours qui commencent à 8h ou 9h.

Regardez la vidéo de Laurygan