Plus de 100 millions de téléspectateurs avaient les yeux tournés vers le stade l’Inglewood, Californie, pour la mi-temps du Super Bowl 2022. Sur scène, Dr. Dre, Snoop Dog, 50 Cent, Eminem, Kendrick Lamar, Mary J. Blige. Des légendes de la culture hip-hop. Combinaison argentée, sourire aux lèvres, la guyanaise Sisley Loubet s’élance avec les danseurs de Mary J. Blige. Elle sait qu’elle vit un moment historique.
Un grand show symbolique
Pour la mi-temps de ce Super Bowl, premier du XXIè siècle à se tenir à Los Angeles, les artistes ont été réunis par la société de production dirigée par Jay-Z, Roc Nation. Los Angeles a marqué la culture hip-hop, l’heure était à l’hommage. Les six artistes présents réunissent 53 Grammy Awards. Ce show est une consécration de leur réussite.
Sisley Loubet explique qu’il faut aussi le décrypter à la lumière de l’actualité américaine. Pendant sa performance, Eminem met un genou à terre. L’interprète de l’hymne américain, Mickey Guyton, est une chanteuse qui parle ouvertement de la difficulté d’être une femme noire dans l’industrie musicale. Pour Rolling Stone Magazine, sa présence sur scène “compte pour l’Amérique”. Pendant ce concert, tous les regards sont tournés vers des artistes afroaméricains.
Participer à des événements de cette ampleur inspire Sisley Loubet. Elle pense à tous les jeunes qui regardent cette scène exceptionnelle, y voient des artistes issus de milieux difficiles, comme eux. Ces moments montrent qu’il est possible de s’accomplir. La danseuse guyanaise aimerait faire rayonner sa culture avec la même ambition.
Faire vibrer les couleurs de la Guyane
Les activités de Sisley Loubet ne se limitent pas à la danse. Si elle connaît depuis plus de dix ans les shows avec Beyonce, Dua Lupa, Gwen Stefani, la jeune femme trouve aussi le temps de peindre, photographier, poser et étudier le graphisme. Initiée au tembe par Francky Amete, elle continue à se laisser entraîner par les motifs du fleuve.
A chaque retour en Guyane, elle pratique la photographie. Elle partage les couleurs éclatantes de ses prises de vues sur le compte Instagram Tembeyana. La lumière, l’architecture, les arts traditionnels et l’ambiance de la Guyane lui donnent envie de créer. “C’est lorsqu’on vit loin de son pays qu’on le regarde mieux… J’ai ce métissage entre différentes pratiques artistiques et esthétiques, mes identités guyanaise, caribéenne, française, américaine se rencontrent tous les arts que je pratique, tout est lié”.
Sisley Loubet rêve de projets d’ampleur pour mieux représenter les cultures guyanaises. Elle espère que la nouvelle génération d’artistes saura faire entendre sa voix à l’international. Celle qui a commencé la danse à Cayenne et revient régulièrement donner des cours a conscience du chemin parcouru… Particulièrement lorsqu’elle est sur scène.
Une seconde où on revoit tout son parcours
Le Super Bowl n’était pas un “job comme un autre” pour Sisley Loubet, mais la jeune femme est déjà une habituée des grandes scènes. Elle aime recevoir l’énergie du public, des autres danseurs, des musiciens… Et revoir, le temps d’un instant, toute son histoire défiler devant ses yeux. Lorsqu’elle parle de ce moment, on a l’impression que le temps s’arrête parfois :
“Il y a des choses qu’on aimerait vraiment atteindre, dire, exprimer… Y arriver, c’est la symbiose de toutes ces forces, des compétences tangibles et des plans spirituels et moral, qu’il faut développer… Quand on y arrive, pendant une seconde sur scène, on revoit toutes les réussites, les échecs, tout le travail qui a permis d’être présent ce jour-là. C’est beaucoup de travail… Beaucoup de travail sur soi aussi…”
En racontant son parcours, Sisley Loubet évoque sa mère qui la coach dans son développement personnel. Les longues discussions avec elle lui ont été précieuses pour réussir à avancer. Elle trace sa route en restant attentive à ses envies, travaille ce qui l’inspire pour laisser une trace qui lui correspond.
C’est d’ailleurs le message qu’elle adresse aux jeunes de sa terre natale : “Quelles que soient nos ambitions, il faut rester aligné avec soi-même, ce qu’on a à dire, l’impact qu’on veut avoir avec notre passage sur Terre. C’est plus important que de se focaliser sur un seul objectif. Chaque réussite apporte des questions et d’autres étapes…On évolue constamment, il faut rester informé, toujours s’ouvrir, s’éduquer, développer qui on est.”