Des mineurs placés par la justice découvrent l’art de la bande-dessinée

Pour les jeunes de Ti Kaz, cette résidence représente de nouvelles découvertes
Durant une semaine, les jeunes du foyer Ti Kaz, à Matoury, participent à une résidence dédiée à la bande-dessinée. Une première pour ces mineurs placés par la justice.

L’ambiance est studieuse ce mardi matin à Ti Kaz, le foyer d’urgence géré par le groupe SOS, à Matoury.  Une poignée de jeunes garçons âgés de 12 à 15 ans, s’essaient au dessin. Tous sont des mineurs placés sous mandat judiciaire pénal.

Depuis lundi et jusqu’à la fin de la semaine, ils prennent part à une résidence artistique animée par Amélie Pécot. Venue de Bruxelles, la bédéiste est accompagnée de Carmille Chevrier, directrice de programme de SOS culture et de Felipe Guevara, chargé de projets culturels. « Nous travaillons à créer des projets artistiques de qualité avec des publics fragilisés ou qu’on dit "éloignés de la culture", avec des parcours complexes » indique Camille Chevrier.

Durant une semaine, les adolescents vont apprendre à exercer leur créativité

Révéler les talents

Après les premiers échanges, dès le premier jour, les adolescents de Ti Kaz ont commencé à crayonner. « On a appris à dessiner les visages, explique, très pédagogue, l’un des adolescents, crayon en main. Il faut faire les traits, comme ça, pour savoir où placer les yeux… »

L’un après l’autre, ils montrent leurs créations avec fierté : ici un super-héros, là une mystérieuse jeune fille prénommée Mélissa… « L’idée est de les amener à tester un nouveau médium, la bande-dessinée, indique Amélie Pécot. Cela nous permet d’entamer des discussions, et à travers le dessin de créer des dialogues, un scénario et une mise en scène. Il y a beaucoup de créativité à cet âge-là. »

Chacun réalise son pouvoir créatif

Des histoires plein la tête

Au bout d’une semaine, le groupe devrait avoir terminé quelques planches. Si certains ne savent pas encore ce que racontera leurs créations, d’autres en ont une idée très précise. C’est le cas de Manu*, 15 ans. « J’ai déjà l’histoire dans ma tête : il y a une fille en danger et moi, je vais la sauver. Je vais me dessiner moi-même, mais en super-héros. » Hendy*, 13 ans, imagine plutôt une histoire policière. Quant à Steeven, 14 ans, il n’a pas encore imaginé d’histoire mais à une idée très précise de son personnage principal qu’il a baptisé Oscar.

La bédéiste Amélie Pécot

Soutenus par le Centre national du livre, le groupe SOS a, par ailleurs, financé l’achats de plusieurs livres qui seront laissés aux jeunes sur place. Là aussi, c’est un succès, auprès de quelques jeunes qui n’ont qu’une envie : lire la suite.

Notre travail est artistique mais nos propos sont sociaux

Felipe Guevara, chargé de projets culturels du groupe SOS

« En les rapprochant de la lecture, en leur demandant d’imaginer un univers différent, on les sort de leur quotidien et des choses qu’ils ont faites et qui les ont amenés là, explique Felipe Guevara. Derrière ce projet artistique, on aborde aussi des questions sociales. Par exemple, lorsqu’on décide qu’on va choisir la musique qu’on écoute, chacun son tour, on aborde la démocratie et le respect de l’autre. On aborde aussi d’autres sujets au-delà de l’artistique et du culturel. Notre travail est artistique mais nos propos sont sociaux. »

 

* Les prénoms des adolescents ont tous été modifiés.

Retrouvez, ci-dessous, le reportage de Jonathan Lario et Frederic Larzabal.