En finir avec l'aedes aegypti, le moustique vecteur de plusieurs maladies comme la dengue, le zika, le chikungunya ou la fièvre jaune. Dans les Keys, les îles Sud de la Floride, on doit relâcher des moustiques OGM (organisme génétiquement modifié) pour éliminer cette population d'insectes.
Une première aux Etats-Unis. Des moustiques aedes aegypti génétiquement modifiés doivent être relâchés dans les Keys, les îles du Sud de la Floride, par la société de biotechnologies britannique Oxitec. Objectif : enrayer la propagation de maladies telles que la dengue, le zika, le chikungunya ou encore la fièvre jaune. Ces maladies sont transmises par les piqures des femelles de ces insectes. On libère donc des males porteurs d'un gène qui tue leur progéniture femelle à l'état larvaire. Les moustiques seront aussi fluorescents de façon à mieux les repérer lorsqu’ils seront capturés.
Meredith Fensom, Directrice des affaires internationales d'Oxitec montre à l’agence Reuters la boîte qui fait office de couveuse :
« À l'intérieur, nous avons un petit récipient, et c'est dans lequel nous mettons les œufs de moustique . Nous avons aussi un petit récipient pour la nourriture. Nous le laissons ouvert. Et puis nous remplissons la boîte, à moins de la moitié, avec de l'eau. Nous fermons le couvercle, et après une semaine ou deux, nos moustiques mâles non piqueurs commencent à émerger. »
Progressivement, le nombre d'aedes aegypti devrait s'effondrer, tout comme celui de patients des maladies qu'ils transmettent.
Les craintes de certains habitants
Mais, en Floride, certains craignent que ces moustiques OGM présentent un danger. C’est le cas de Barry Wray, directeur exécutif de la coalition environnementale des Keys de Floride :
« Les processus auxquels nous avons assisté ont permis à Oxitec de les politiser le processus, et ce faisant, l'EPA (Agence de Protection de l’Environnement) ne les a pas soumis à l'examen scientifique nécessaire. Nous sommes maintenant confrontés à une technologie qui a été approuvée pour l'expérimentation sur notre communauté et il y a beaucoup d'inconnues très importantes. »
Vous allez faire courir des risques à notre communauté. Vous allez demander aux gens de notre communauté d'être des cobayes, vraiment. Parce que comment allez-vous produire vos moustiques sans passer par pour les gens des Keys qui feront un don? Le don de leur sang à ces moustiques qui produiront les œufs que vous allez observer, les œufs et la prochaine génération que vous allez observer. C'est tout l'intérêt de l'expérience…»
Une méthode non dangereuse et qui a réussi ailleurs selon des scientifiques
En face, des scientifiques déplorent des réactions viscérales contre les OGM. Ils mettent en avant le succès d'opérations semblables au Brésil, au Panama, aux Iles Caïman et en Malaisie, à l’exemple de Doug Mader vétérinaire spécialiste, résidant en Floride :
« Il est prouvé que dans d'autres pays, on a réussi à réduire de 95% la population d'aedes aegypti. On n'a pas signalé d'effets secondaires sur l'environnement ou les personnes. C'est bien accepté dans les autres pays où les moustiques sévissent. Donc non, je ne pense pas ce soit mauvais. Donc, dire que nous ne pouvons pas utiliser d'OGM, c'est comme dire "hé, ne nous vaccinons pas contre le COVID. »
Oxitec conteste aussi un risque invoqué par certains scientifiques d’émergence d'une souche mutante de moustiques aedes aegypti résistants.
Une solution qui a le vent en poupe à cause de la perte d’efficacité des méthodes traditionnelles
Les autorités ont mis une dizaine d'années avant de donner leur feu vert (il y a même eu un referendum local dans les Keys en 2016 qui a approuvé et relancé le projet). De fait, les méthodes traditionnelles de lutte contre les moustiques (fumigations, pulvérisations par hélicoptères,…) se révèlent de moins en moins efficaces. A terme, des millions de moustiques OGM devraient donc être relâchés. Le programme pourrait ensuite s'étendre à d'autres régions des Etats-Unis.