Marchande de coeur
Marchande au MIR depuis sa création, elle en a vu passer des clients … des acheteurs avides de poisson frais, des touristes curieux de visiter les installations, des pêcheurs qui tôt le matin présentent leurs cargaisons. Le MIR (marché d’intérêt régional) créé le 27 juin 2003 non loin du port du Larivot. A l’époque, personne n’y croyait. Les irréductibles continuaient à se rendre à la crique pour acheter machoirans jaunes, acoupas, sardines, crevettes, toutes ces saveurs de la mer qui n’existent qu’en Guyane. Et puis l’ancien marché a été définitivement détruit, les clients ont changé leurs habitudes.
Lady à la ville, agricultrice aux champs
Diane, elle, n’a pas attendu. Elle a senti le potentiel et a vite loué un des stands du MIR. C’était il y a quinze ans. Lady Diane est agricultrice à Mana. La semaine, elle est une Diane des villes et le week-end elle devient une Diane des champs. Une vraie cultivatrice qui chausse les bottes, met des pantalons et plante, laboure, cueille, transforme ses produits qu’elle vient ensuite vendre au marché. Des légumes, mais aussi des huiles, des épices, des savons qu’elle importe du Surinam et du Guyana :
« J’ai choisi l’agriculture car j’aime planter, j’aime parler aux plantes. Il faut cultiver avec les cycles de la lune. Sur mon abattis j’ai planté beaucoup de cocotiers. Je fais du jus, de l’huile. Je travaille du samedi au mardi sur mon exploitation. Le reste du temps je viens à Cayenne ».
Vie de labeur et de sacrifices
Diane ne connaît que cette vie là. De son vrai nom Diane Mac Derby, elle est née à Georgetown de mère Sainte-Lucienne et de père Georgetownien. Elle a aujourd'hui 56 ans et a élevé seule trois enfants, dont elle est fière du parcours.
Elle a connu une vie de labeur et de sacrifices.
Sa mère d’origine Sainte-Lucienne appartient à cette vague d’immigration de Sainted-Luciens venus en Guyane pour travailler l’or dans les années 50. Elle commence à aider son frère qui tient un petit restaurant à Mana. Après quelques années Madame Mac Derby mère, rencontre un Georgetownien dans la petite commune mananaise et le suit à Georgetown la capitale du Guyana. Sept enfants naîtront de cette union, dont deux en Guyane.
« Ma mère a épousé mon père qui était de Georgetown d’origine indienne. Nous avons beaucoup voyagé quand j’étais petite entre Sainte Lucie, Mana et Georgetown mais ma terre promise c’est la Guyane, c’est là où je suis heureuse où j’ai fait ma vie, eu mes enfants. »
Un stand pour boutique
A 17 ans, Diane revient en Guyane. Le restaurant a fermé. Son oncle s’est lancé dans l’agriculture à Mana. Toute la famille s’attache à valoriser l’abattis. Chaque semaine, la lignée revient à Cayenne et s’installe à proximité de l’ancien marché aux poissons dans une camionnette verte.Diane vend les légumes pays, les huiles, les produits ... se fait sa clientèle. Elle se fait remarquer pour sa gentillesse et son sens du commerce.
A l’installation du MIR, elle louera donc son propre stand. Un tout petit espace qu’elle n’a pas quitté depuis. Elle s'y sent bien. Ce stand est devenu sa boutique. Elle distille conseils et sourires aux passants et reste fidèle à sa clientèle. Elle reste discrète sur son chiffre d’affaire. Elle dit seulement qu’elle arrive à vivre et à payer ses charges.
« Ça se passe bien au MIR, j’ai une clientèle fidèle. Je fais aussi des remèdes. J’aime expliquer les bienfaits des plantes, donner des recettes. »
L'âge d'or des Pin-Up
Lady Diane est incontournable. Du haut de ses 56 ans, elle affiche sans complexe son amour pour la mode des années 50. Une période bénie selon elle, où la femme était élégante, sophistiquée, sexy sans dévoiler son corps. Diane est toujours coiffée d’un chignon crêpé et autres fantaisies. Une oeuvre d'art.
Diane est fascinée par la mode new-look lancé par Dior aux lendemains de la guerre 39-45. La femme doit toujours être impeccable et maquillée. Elle porte des robes avec la taille marquée, et la poitrine saillante dans des couleurs multicolores et gaies. Lady Diane porte cet héritage d’après-guerre, comme ces pin-up qui ont inspirées tant d’artistes.« Quand j’étais enfant, avec mes sœurs, nous étions toujours tirées à 4 épingles. C’est l’esprit anglais des îles de la Caraïbe. Ma mère s'occupait de nous comme des poupées. Bien coiffées, bien habillées, parfumées. Nous ne sortions pas de la maison débraillées sauf pour aller à l’abattis. Cela m'est restée».
Lady Diane ne passe pas inaperçue. Quand vous la croiserez au MIR, n’hésitez pas à lui sourire, elle vous le rendra.