Dossier : Le Venezuela au bord de l’implosion sociale - 1ère partie

Des files d'attente interminables dans les rues pour acheter de la nourriture
Après 17 ans de socialisme « Chaviste » le pays est dévasté par la misère. 90 % des vénézuéliens ont comme principale préoccupation «  trouver de la nourriture » selon les derniers sondages publiés fin mai 2016 . La situation économique et sociale est particulièrement critique.
A Caracas, dans l’une des nombreuses files d’attente sous un soleil de plomb, une femme seule avec son bébé dans les bras attend l’ouverture du supermarché Plansuarez. « je suis arrivée à 2 heures du matin, je viens chercher du lait en poudre et des couches ». Une autre femme, plus âgée, fait la queue pour du riz , elle s’est levée à 3 heures du matin : « je suis épuisée, il n’y a plus rien nulle part, ça va exploser ».   
La tension monte quand on annonce qu’à peine ouvert, le magasin n’a plus ni  riz, ni lait, ni sucre…
Ces scènes se répètent dans toutes les villes du pays : Maracaibo, Barquisimeto, Mérida, Marcay, Barcelona ou encore San Cristobal. Plus aucune ville n’est épargnée. La pénurie alimentaire touche désormais tout le territoire.
 

Les pillages se multiplient

Le 24 mai 2016, dans le quartier de Carapita, à Caracas, la capitale, des citoyens poussés à bout ont attaqué des magasins. Les pillards ont dévasté des boutiques pendant des heures, s’acharnant sur des rayons quasiment vides.
Tous les jours les prix changent. Sur les vitrines des magasins, les prix sont écrits à la main. En 2015, la hausse des prix a dépassé la barre des 100%. La banque centrale vénézuélienne déroutée par l’hyperinflation, ne publie plus ses chiffres.  
Ce chaos profite aux « bachaqueros » (du nom d’une fourmi qui porte de grosses charges sur son dos)  qui dévalisent les supermarchés du réseau d’Etat et revendent à prix d’or ces denrées devenues si précieuses.

 
Le système de santé se dégrade

Une mère de famille erre dans la rue car elle cherche en urgence des médicaments pour son enfant asthmatique. Les médicaments eux aussi commencent à manquer. Les urgences des hôpitaux ne désemplissent pas. « les gens ne sont pas malades, ils veulent juste nous acheter des médicaments, mais ca encombre les urgences » confie une infirmière de l’hôpital de Caracas. Des étudiants en médecine ont publié sur les réseaux sociaux des photos pour dénoncer leurs conditions de travail catastrophiques : pénurie de médicaments, manque de matériel, des animaux qui vont et viennent dans les locaux de l’hôpital, aucune sécurité sanitaire.
L’observatoire vénézuélien de conflictualité sociale a enregistré 166 cas de pillages pour la période de janvier à avril 2016 et 2138 manifestations soit 18 manifestations par jour. les citoyens protestent contre les coupures d’eau , les pannes d’électricité mais aussi contre l’insécurité.
 

L’insécurité s’est décuplée

L’insécurité, l’autre grand fléau du pays. Le chiffre de 25 000 homicides recensés en 2014 est un indicateur terrifiant-  il y en avait 5 000 en 1998. A cela Il faut ajouter les extorsions, les cambriolages, les enlèvements et les agressions.
L’impunité est devenue la règle au Venezuela. L’immense majorité des crimes et des délits n’est pas sanctionnée. Les forces de l’ordre laissent faire ou pire, participent.
Signe que le pays va très mal : la plus importante compagnie aérienne d’Amérique Latine LATAM a suspendu tous ses vols à destination du Venezuela depuis le 30 mai 2016 et la Lufthansa en fera de même à compter du 17 juin prochain ; la suspension des vols découle directement de la crise économique et de ses conséquences.
 

Le pouvoir politique campe sur ses positions

Dans le climat de tension sociale extrême que connaît le pays – et dont la radio et la télévision d’Etat ne disent rien – les tentatives d’aides extérieures se multiplient. Les observateurs internationaux parlent de crise humanitaire. Mais le pouvoir politique vénézuélien ne l’entend pas de cette oreille. Le Président Maduro, reste sourd. De son point de vue, la crise actuelle résulte de la guerre économique menée par la droite contre lui.
Lui et son clan ne meurt pas de faim et la nomenklatura chaviste ne fait pas la queue à l’aube pour acheter du lait en poudre dans des villes où il est dangereux de sortir la nuit.