En 2023, en Guyane, 44 cas de harcèlement scolaire ont été recensés par le rectorat. En 2015 (derniers chiffres globaux connus) 14 % des élèves en Guyane étaient victimes de harcèlement dans leurs établissements scolaires, soit un élève sur 7. Un chiffre important eu égard à la moyenne nationale qui était à l’époque de 10 à 11% selon les régions. Depuis... la situation s'est aggravée. Le harcèlement est devenu cette année "une priorité absolue"pour le gouvernement.
Brigades dédiées dans les rectorats, confiscation du portable dans les cas graves, cours d’empathie… : le gouvernement a annoncé ce mercredi 27 septembre son plan interministériel pour lutter contre le harcèlement scolaire.
Une priorité en Guyane aussi
Depuis 2017, la lutte contre le harcèlement scolaire est une priorité. L’académie de Guyane très vite a mis en œuvre des moyens originaux : d’abord identifier les dérives pour se battre efficacement contre le harcèlement. Un dispositif qui n'a pas empêché en 2019, le suicide de Taymarade, une jeune fille de 14 ans scolarisée au Collège Justin Catayée à Cayenne. Un choc pour la communauté éducative, qui a renforcé les mesures de lutte contre le harcèlement. Le programme Phare, notamment, implique les élèves dans le processus.
Dans chaque établissement, des référents adultes ont été désignés. En outre, pour mieux toucher les jeunes, des ambassadeurs, et des sentinelles, scolarisés dans l'établissement, ont été formés. Leur mission est la prévention, la communication, l’anticipation. Élèves ressources, ils inspirent plus facilement la confiance auprès de leurs pairs.
Depuis 2017 nous avons formé plus de 400 élèves sur le territoire. Il y a avait 12 centres de formation dans 7 communes avec du personnel pour les accompagner. Le bilan est positif, nous sommes devenus initiateurs dans l’académie de Guyane du programme PHARE mis en place par le ministère. Nous avons été les premiers à mettre en place les ambassadeurs et référents NAH (Non au harcèlement) dans le 1er et 2nd degré, ainsi que les référents d’établissement. Cela n’existait nulle part ailleurs. Non seulement cela a déjoué des situations de crise, mais les élèves ont été porteurs de projet et d’actions bienveillantes au sein de l’établissement, mais aussi la discussion s’est améliorée entre élèves, parents et les personnels de l’établissement. L’an dernier nous avons commencé à travailler sur des actions de bienveillance avec les parents dans les établissements scolaires notamment à Soula. Cette année nous poursuivons avec les élèves en amont de la lutte anti harcèlement comme l’a annoncé la Première ministre.
Lisa Robert cellule lutte contre le harcèlement scolaire Académie de Guyane
Le programme Phare a été étendu au lycée, cette année.
Comment définir le harcèlement scolaire, et le cyberharcèlement ?
Lors d’une sortie scolaire, deux amoureux s’embrassent. Un autre élève prend des photos qui se retrouvent sur les réseaux sociaux. L’ancien petit ami poste alors des photos plus dénudées qui se propagent sur la toile. C’est un cas de cyberharcèlement.
Autre exemple : une élève terrorise un établissement, élèves et personnels d’éducation. Elle exige, agresse et rackette. Depuis le CP elle fait peur à la même élève. C’est un cas de harcèlement.
Ces deux cas, véridiques, ont été résolus par un accueil des parents et une véritable discussion. Les élèves qui ont publié les photos ont été traduits en conseil de discipline. La jeune scolaire, elle, a été déplacée dans une autre école.
Le harcèlement selon la définition du ministère de l’Education nationale est défini comme étant une violence répétée qui peut être verbale, physique ou psychologique. Ce rapport de force et de domination, ainsi que la régularité des agressions dans le temps, participent à l’isolement de la victime. Le cyberharcèlement lui est un acte agressif, intentionnel perpétré par un individu ou un groupe d'individus au moyen de formes de communication électroniques.
De nouvelles mesures
Le gouvernement a donc décidé d’aller plus loin dans cette lutte. Le premier volet du plan dévoilé concerne la lutte contre le cyberharcèlement : il prévoit en particulier l’interdiction d’utiliser les réseaux sociaux pendant 6 mois pour des jeunes reconnus coupables, voire un an en cas de récidive. Et dans les cas les plus graves, confiscation du portable et couvre-feu numérique.
Le deuxième volet concerne la prévention : des cours d’empathie sur le modèle danois seraient mis en place dès la maternelle. En Guyane, depuis l’an dernier ces ateliers existent.
Nous avons constaté qu’ici en Guyane nous avions été au bout de nos différentes actions de prévention, nous avons décidé avec la validation de Monsieur le Recteur de travailler différemment. Nous développons la prévention, apprendre aux élèves à se défendre avec la bienveillance, les amener à éprouver une meilleure estime de soi, confiance, assurance et puis surtout développer leur plein potentiel pour dire non à la première attaque. (…) Nous organisons des ateliers sur la bienveillance qui permettent aux élèves ciblés de pouvoir se défendre différemment et de dire tout simplement Non ! Les élèves ciblés sont considérés par les harceleurs, comme les plus faibles. Ils sont fragilisés pour X raison à un moment T. Nous avons pu également observer qu’une victime de harcèlement peut à son tour se retrouver harceleur et réciproquement. Nous allons travailler différemment en complément de l'existant.
Lisa Robert cellule lutte contre le harcèlement scolaire Académie de Guyane
Prochaine étape : le 9 novembre, journée nationale de lutte contre le harcèlement est prévu un temps dédié dans toutes les écoles, tous les collèges et tous les lycées de France, l’acte fondateur voulu par le gouvernement, de la nouvelle politique de lutte contre le harcèlement.