C’est la 3e fois que qu’une telle opération de « cedula » (carte d'dentité) se déroule en Guyane.
Une liste de 800 demandeurs
La première fois s'est tenue en 2011, la seconde en 2016 et la troisième est en cours. La demande a été effectuée par les ressortissants dominicains auprès du nouveau gouvernement de la République Dominicaine. Une opération similaire a lieu aussi en Martinique et en Guadeloupe.
Il n’y a pas de consulat en Guyane ou le nombre de ressortissants dominicains est estimé à 20 000. L’association dominicaine de Guyane a dû effectuer un travail préliminaire pour répertorier toutes les personnes en attente d’une carte d’identité. Il y avait 150 personnes au départ, puis 300, 600, 800 et le bouche à oreille faisant, le chiffre est encore monté.
L’opération de 2022 a commencé dimanche dernier le 20 et s’achèvera dimanche 27 février. De nombreux dominicains, certains en provenance du Suriname, se sont déplacés. Une affluence record qui mobilise les bénévoles « non stop » jusqu’à très tard dans la nuit. En effet, chaque cas nécessite au moins 30 à 45 minutes de traitement si tous les renseignements sont bons et qu’il n’y pas de bugs, de rupture du réseau internet ou une machine qui tombe en panne. Seulement 35 tickets sont distribués par jour.
Des jeunes bloqués dans leur processus étudiant
Les demandeurs arrivent très tôt. « Nous avons plus de 800 personnes inscrites mais je ne pense pas que nous arriverons à faire plus de 500 personnes ! » nous déclare Ines Moronta alors que devant le siège de l’Association dominicaine de Cayenne, beaucoup personnes espèrent être reçues. Parmi elles, de nombreux jeunes.
Une jeune fille attend depuis 3 jours d’avoir ses papiers d’dentité. Dernière d’une fratrie de 3 enfants, Edili Nuñez est âgée de 22 ans, l’obtention d’une carte d’identité et après d’un passeport sont vitaux pour elle :
« J’ai été scolarisée en 2013 en sixième à mon arrivée en Guyane, j’avais 12 ans. J’ai obtenu mon bac pro en accueil au lycée Anne-Marie Javouhey en 2020. Depuis je ne fais rien. Normalement, je devais aller dans une école en France mais mon passeport était périmé, de plus sans la cedula, la carte d’identité de Saint-Domingue je ne peux rien faire. J’attends, j’espère que cela va marcher. Je voudrais être agent d’escale. »
Edili apprécie sa vie actuelle sur le territoire français et aimerait poursuivre des études et quand, cela sera possible, solliciter la nationalité française. Elle n’a peut-être plus que quelques heures à attendre pour toucher enfin, ce fameux titre d’identité qui officialise son existence comme ressortissante de la République de Saint-Domingue.
Cette autre femme d’une soixantaine d’années, résidente à Saint-Laurent, est descendue spécialement à Cayenne, depuis dimanche pour obtenir son précieux sésame qu’elle sollicite depuis 10 ans. Mardi, enfin, elle a reçu sa carte d’identité et a pu repartir chez elle, dans l’ouest guyanais.
Si Ines Moronto peut se satisfaire de cette opération, elle sait qu’il faut déjà en prévoir une autre :
« Le besoin est trop important, il faut en organiser une autre opération rapidement. C’est à la population et notre association d’en faire la demande auprès des autorités dominicaines. L’état français pourrait aussi nous donner un coup de main en appuyant la demande. La grande majorité des gens ont des papiers mais ils se sont périmés. Si on n’a pas la carte d’identité on ne peut pas faire un passeport et sans passeport on ne peut pas voyager. »