"En général, les employeurs ont une fausse idée du handicap, expose d’emblée Vanina Cippe, coordinatrice du Cap Emploi Guyane. Ils imaginent tout de suite un fauteuil roulant, énormément d’aménagement de postes, beaucoup d’absentéisme, et des rendez-vous médicaux, alors que pas du tout !".
Un café-débat
A l’occasion de la 28ème semaine européenne pour l’emploi des personnes en situation de handicap, un café débat était organisé, lundi 18 novembre, dans le café-restaurant "21 Gaufrement bon" à Rémire-Montjoly. Cette entreprise adaptée recrute et forme des personnes en situation de handicap depuis un an.
Organisé par Cap Emploi Guyane et l'Agefiph, l’Association pour la gestion des fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées, cet événement avait pour objectif de démystifier les clichés auprès des employeurs et vaincre les freins à l’embauche. Une dizaine d'employeurs étaient présents.
Des peurs et de la méconnaissance
"Ils nous font remonter leurs craintes et l’image qu’ils peuvent avoir sur le fait de recruter une personne en situation de handicap, explique Vanina Cippe, coordinatrice du Cap Emploi Guyane. A nous ensuite de leur apporter des informations pour faciliter l’embauche".
Vanina Cippe remarque que "les préjugés ont la vie dure pour certains employeurs", mais en général "c’est surtout de la méconnaissance", relate-t-elle.
On explique aux employeurs que les personnes ont un parcours de vie. Avant d’avoir des handicaps, ces personnes ont des compétences.
Vanina Cippe, coordinatrice du Cap Emploi Guyane
Amener les salariés à déclarer leur handicap
Lors de ce café-débat, Cap Emploi et l'Agefiph ont pu exposer le point de vue des principaux concernés. "Les personnes en situation de handicaps craignent souvent de ne pas obtenir un poste, de ne pas accéder à l’évolution souhaitée ou au même niveau de rémunération, remarque Yann Jolivet, animatrice territoriale pour l'Agefiph. Il y a aussi la peur de perdre son emploi lorsque le handicap se déclare au cours de la vie professionnelle, ce qui arrive majoritairement".
Dans ce cas, il faut aussi accompagner les employeurs pour qu’ils amènent leurs employés à se déclarer. "Compte tenu de toutes ces peurs, des employées ne se déclarent pas travailleurs handicapés", déplore Yann Jolivet.
Des handicaps souvent cachés
Car en Guyane, selon les communautés, le handicap peut être un sujet tabou, précise-t-elle.
Il y a un impact culturel sur la perception du handicap qui peut être caché, couvé, protégé. On essaie d’aider ces personnes à accéder à leur droit pour avoir une vie professionnelle épanouissante.
Yann Jolivet, animatrice territoriale pour l'Agefiph
Animatrice territoriale pour l'Agefiph, Yann Jolivet décrit "une population assez fière qui compense beaucoup par elle-même et estime "quelle a toujours fait comme ça". "Or on dit à ces personnes qu’elles peuvent aussi se faciliter la vie, ajoute-t-elle. Demain, avec l’âge ou l’aggravation de la pathologie, il y aura une obligation de prévoir".
Adapter les postes
Prévoir c’est parfois adapter des postes de travail. Ce point a également été abordé lors du café-débat. "Il existe énormément de compensation donc on s’appuie sur ce qui existe, on mobilise les dispositifs nécessaires et on accompagne le employeurs", explique Vanina Cippe, coordinatrice du Cap Emploi Guyane.
Selon l'Agefiph, 125 demandeurs d'emploi handicapés ont accédé à un emploi au premier semestre 2024 en Guyane. Le taux d’emploi global des personnes handicapées en Guyane est de 2,05 % dans le secteur privé et 4,41 % dans les différentes fonctions publiques.