Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux le 5 novembre, un homme filme depuis son véhicule une rangée de sept camions du service migratoire de la République dominicaine, alignés sur le bord d’une route. Plusieurs dizaines de personnes semblent avoir été entassées dans chacun de ces camions aux portes grillagées. Les images choquent l'opinion.
Le Groupe d'Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR), une organisation haïtienne, a comptabilisé un total de 14 800 Haïtiens rapatriés sur le seul mois d’octobre. L'ONU a appelé jeudi 10 novembre la République dominicaine à cesser de renvoyer de force les Haïtiens. "Il y a une semaine, j'ai demandé que les expulsions vers Haïti cessent, étant donné les crises humanitaires et des droits de l'homme auxquelles le pays est confronté. Je suis troublé de constater que les retours forcés d'Haïtiens depuis la République dominicaine vers Haïti se poursuivent", a indiqué le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Volker Türk, dans un communiqué.
Le président dominicain Luis Abinader a répondu à l'ONU le jour même. Il estime que "la politique migratoire de chaque pays" relève "de la compétence de chaque gouvernement", ce qui rend selon lui les déclarations de l’ONU "inacceptables et irresponsables". Le président dominicain a assuré que les "rapatriements" allaient continuer, et qu'ils seraient même "renforcés".
Le 10 novembre, le porte-parole du gouvernement haïtien, Homero Figueroa, a publié sur Twitter un bilan des expulsions. Selon ses chiffres, entre août et octobre 2022, 60 204 personnes de nationalité haïtienne ont été "rapatriées" dans leur pays. Le total pour l'ensemble de l'année 2022 s'élève à 108 436 personnes. Le 20 février, la construction d’un mur le long de la frontière entre la République dominicaine et Haïti a été lancée pour "contrôler" l'immigration clandestine et les trafics, selon le président dominicain.