De grandes rues, aucun embouteillage, des espaces verts aménagés et de nombreux magasins. Dans les rues de Macapa, Paul et Daniel se promènent entre deux averses de pluie. Originaire de Cayenne, les deux hommes apprécient le dynamisme de la capitale de l’Amapa.
Une ville dynamique et en changement
"La vie est moins cher, c’est accueillant, il fait bon vivre chez les voisins !, s’exclame Paul qui a connu Macapa en 2003 lorsqu'il a rencontré sa femme originaire de la ville. Lorsque je reste deux mois sans venir et que je reviens, plein de choses ont changé". C’est aussi ce qu’apprécie son ami, Daniel qui vient d’investir dans un pied à terre à Macapa. "Ils font des travaux pour améliorer l’habitat et le cadre de vie, il y a des magasins et des infrastructures", souligne-t-il.
40 000 touristes guyanais l’an dernier
Ces derniers mois, les deux guyanais croisent de plus en plus de visages connus à Macapa. "Je croise des copains que je vois même pas en Guyane ! s’amuse Daniel. Je les retrouve ici, c’est formidable. Il faut venir visiter, découvrir et si on a un projet, il faut le concrétiser".
Regardez le reportage de Guyane La 1ère :
Avec près de 450 000 habitants, Macapa est en plein essor. Pourtant, rien ne prédisposait la capitale de l'un des Etats les plus pauvres du Brésil à un tel destin. L’an dernier, le nombre de touristes étrangers a bondi de 20%. Près de 300 000 touristes ont visité Macapa. Parmi eux, 40 000 Guyanais sont venus pour y faire des affaires, du tourisme, ou encore visiter la famille. Tous profitent ici de prix très attractifs.
Des prix attractifs
"Les Guyanais veulent souvent aller au centre commercial et dans les grandes surfaces, constate Claudio, chauffeur de taxi depuis 35 ans. Les prix aussi sont bas, ils me disent tous que c’est même moins cher qu’au Suriname". Selon Claudio, le tourisme se développe énormément depuis trois ans. "Et l’an dernier, il y a eu beaucoup de Guyanais, j’ai des gens de Sinnamary et des Amérindiens", ajoute-t-il.
En décembre dernier, lors des fêtes de fin d’année, 97% des hôtels de Macapa affichaient complets. Près de 7000 guyanais sont venus passer leur réveillon du 31 décembre à Macapa, selon les chiffres du secrétariat au tourisme de l'Etat d'Amapa.
Sur les berges du fleuve, à l’hôtel Do Fuerte, 40% de la clientèle vient de Guyane, et devant le buffet du petit déjeuner, tout le monde parle créole.
Macapa a tellement changé, ça fait cinq ans qu’ils mettent le paquet, c’est au top.
Michel, habitant de Kourou
Habitant à Kourou, il vient régulièrement voir sa famille à Macapa pour le week-end.
Une offre hôtelière en plein développement
Avec un pouvoir d’achat plus important que celui des brésiliens, les touristes guyanais intéressent les commerces de Macapa, et surtout l’industrie hôtelière.
"Notre offre hôtelière est encore petite, mais nous évoluons face à cette demande croissante", rassure Raphael Jucá, directeur de Rede Forte de Hoteis.
Nous devrions avoir une capacité hôtelière plus grande, mais cela va venir car nous sommes en train de construire un grand nombre d’hôtels qui seront bientôt prêts à accueillir beaucoup de clients. Cela augmentera la capacité d’accueil.
Raphael Jucá, directeur de Rede Forte de Hoteis.
Découvrir un patrimoine et une culture commune
Outre les hôtels, les restaurants et les magasins, les Guyanais découvrent aussi Macapa au travers son Histoire et ses sites touristiques. Sandro Borges est guide depuis 20 ans, il parle français et il fait régulièrement découvrir le musée Sacaca à des touristes guyanais.
C’est un musée à ciel ouvert créé en 2002, un morceau d’Amazonie en plein cœur de la ville. Les Guyanais aiment beaucoup ce lieu qui présente la culture commune de l’Amapa et la Guyane.
Sandro Borges, guide de Cunani Turismo
Le musée porte le nom de Raimundo dos Santos Souza, un guérisseur considéré comme un "docteur de la forêt". Surnommé "Sacaca", il a consacré sa vie à la médecine naturelle, a été roi du carnaval durant 20 ans, et a aussi été le masseur de l’équipe de football de Macapa.
Sur près de deux hectares, le musée Sacaca abrite plus de 300 espèces d’arbres, de plantes et de nombreux iguanes, tortues et autres animaux. "Nous avons une même histoire et cela intéresse les Guyanais qui me demandent souvent comment se mange le wassaï ici, ce que l’on fait de l'awara, si on mange les iguanes, c’est un partage de connaissances", s'exclame Sandro Borges.
L’attrait de Macapa après la crise Covid
Selon lui, le tourisme a commencé a décoller à Macapa à la fin de la crise du Covid 19. "Après la pandémie, tout le monde a commencé à chercher quoi faire près de chez soi, et les Guyanais ont commencé à s’intéresser à Macapa, explique-t-il. Avant ils venaient seulement faire du shopping ici et partaient ensuite à la plage à Fortaleza ou Belem, alors qu’aujourd’hui, ils séjournent à Macapa".
La rénovation des principaux sites touristiques
Ces dernières années, le visage de la capitale du milieu du monde a changé. Une circulation plus fluide, des parcs aménagés, le maire de la ville a aussi investi dans la rénovation de plusieurs sites touristiques, dont le Point zéro. La ligne de l’Equateur est le monument le plus visité de Macapa, un lieu insolite entre les hémisphères Nord et Sud. Autour, un immense parc de jeux pour enfants a été aménagé.
"Nous avons inauguré près de 25 parcs et structures comme celle-ci, mais aussi des parcs plus petits dans d’autres quartiers là où les gens sortaient peu, explique Antonio Furlan, maire de Macapa. Cela a créé des emplois, car Macapa est connue pour ses nombreux marchands ambulants qui sont venus travailler dans ces nouveaux parcs. Il n’y a pas de secret, ces investissements ont transformé Macapa".
Encore des investissements à venir
Et ce n’est pas fini, assure le maire qui croit au "grand potentiel touristique" de sa ville. "Nous sommes au milieu du monde, et nous sommes les seuls au monde à être sur l’Equateur, rappelle Antonio Furlan. Nous avons l’Amazone, un très beau fleuve qui est le plus grand du monde, et nous avons une frontière avec l’Europe".
Nous avons des touristes qui viennent de la Guyane, mais aussi du Suriname et du Guyana. On ne peut que progresser et nous allons mettre les moyens pour que le tourisme continue à croître.
Antonio Furlan, maire de Macapa
Sa ville, ses forêts, ses lacs : la capitale du milieu du monde a de nombreux atouts et ne semble pas avoir fini de séduire ses voisins. Si les travaux de la BR 156 s’achèvent comme prévu dans trois ans, Macapa ne sera plus qu’à six heures de voiture de la Guyane.