Trois semaines après les fêtes de Noël, l’activité épidémique a légèrement repris à Saint-Georges. Face à la menace que représente la dégradation sanitaire au Brésil, et la possibilité de la dispersion du variant brésilien sur le continent, les services de l’état ont durci les mesures de freinage.
Renforcement des contrôles, couvre-feu à 19h, nécessité d’un motif impérieux pour circuler et traverser le barrage de Régina. La frontière est officiellement fermée entre Saint-Georges et Oiapoque mais les embarcations navigantes sous pavillon brésilien effectuent de nombreux allers retours quotidiennement.
Les relations entre les deux rives perdurent
Certes le trafic a fortement baissé sur le fleuve Oyapock, toutefois les allers-retours entre les deux rives n’ont jamais cessé et près des débarcadères, personne ne souhaite être interviewée.
C’est à l’unité covid du Centre départemental de prévention de santé de Saint-Georges ou une vingtaine de tests est réalisée chaque jour que nous rencontrons Léandrade. Franco-brésilienne, elle habite de l’autre côté de la frontière mais sa fille est scolarisée à Saint-Georges. Si elle s’est déjà faite dépistée au Brésil, elle attend toujours le résultat :
J'ai fait le test mais je n'ai pas la réponse, c'est mieux de le faire ici pour savoir ...
Au bout de quelques minutes, le premier prélèvement est négatif, un second test est réalisé, il envoyé à Cayenne pour certification.
Marie Claire habite Saint-Georges, sa fille enceinte de 8 mois a été testée positive à la covid 19. Elle aussi nous confie devoir se rendre de temps en temps de l’autre côté du fleuve :
J'y vais des fois, j'ai besoin d'aller là-bas. Quand j'ai terminé je reviens. Je ne sors pas de la maison pendant 6 jours puis je vais en ville...
Reprise de l'activité épidémique
Un peu moins de 3 semaines après les fêtes de fin d’année l’activité épidémique a légèrement repris dans la capital de l’est. La semaine dernière, sur 160 dépistage 20 cas ce sont révélés positifs. Maureen Tefnin – médecin généraliste référente covid au Centre départemental de prévention de santé de Saint-Georges de l’Oyapock :
Les cas que l'on a ce sont des gens qui ont bougé de Saint-Georges et ont été soit sur le littoral soit au Brésil, mais les deux. Il n'y a pas vraiment de grand méchant loup brésilien.
Pourtant face à la menace que représente la dégradation sanitaire en cours au Brésil, et la possibilité de la dispersion du variant brésilien sur le continent, les services de l’état ont décidé de durcir les mesures de freinages, renforcement des contrôles, couvre-feu à 19h, nécessité d’un motif impérieux pour circuler et traverser le barrage de Régina précise Frédéric Bouteille – sous-préfet aux communes de l’intérieur :
Nous avons en face un pays qui connait lui aussi une période difficile avec une montée épidémique très palpable. Les services de santé d'Oiapoque sont très touchés par ce rebond. Nous allons renforcer les contrôles sur ce fleuve pour limiter au maximum les allers et venues entre les deux rives.
Les habitants de Saint-Georges ne sont évidemment pas les seuls à traverser, nous avons rencontré et observé de très nombreuses personnes qui s’aventurent de l’autre côté de la frontière, simplement pour quelque heures ou pour quelques jours. Avec ses deux embarcations et malgré des renforts, la police aux frontières semble désarmée face au trafic des pirogues et lorsque les policiers interpellent en flagrant délit, comme sur ces images, des résidents français de retour du Brésil, des fonctionnaires comme eux, ils ne seront pas verbalisés.
Le reportage de Guillaume Perrot et Karl Constable