Quel est le point commun entre Raymonde, la soixantaine passée, Jean-Luc 67 ans, Boris 31 ans et Pierre-Yves, 46 ans ? Tous seront ce samedi soir au Zéhypr, pour fêter les 55 ans des Blue Stars. Aucun d’entre eux n’aurait pu louper l’événement, car ils sont, à des degrés différents, des « fanatik Blue Stars ».
S’il a commencé à se faire entendre en 1969, le groupe est, en réalité, né un an auparavant. « C’était un groupe de copains de lycée », aime à le rappeler Yves Nugent, responsable de la formation musicale. « Il y avait Henri Néron, José Chong-Wa, Victor Nugent, Antonio Jean-Charles, Victor Clet, Georges Glennie, Jocelyn Lapompe-Paironne et moi, Yves Nugent. » Orchestre de variétés, le groupe joue de tout. Côté carnaval, il fait des prestations pour des privés mais aussi beaucoup de vidés. En 1995, il passe de ce carnaval de rue au dancing.
Le groupe de Raymonde pour ses anniversaires
Cette arrivée chez Nana, Raymonde Lafontaine ne l’a pas oubliée. « Depuis ce moment-là, je suis fan ! Les musiciens sont complets, ils savent tout jouer. C’est vraiment MON orchestre. » Raymonde aime tellement les Blue Stars qu’elle a fait appel à eux pour plusieurs de ses anniversaires : « Mes 50 ans, mes 55 ans, mes 65 ans. Je sais déjà que ce sera eux pour les 70 à venir ! » Fanatique, mais pas exclusive, Raymonde a tout de même fait appel aux Mécènes pour ses 60 ans… mais pas sans les Blue Stars : « j’avais les deux ! »
Raymonde suit le groupe dans tous ses événements : « je pars en commune avec eux, je suis partie en croisière aussi… Quand ils ont quitté Nana, je suis partie à Polina avec eux…J’aimais beaucoup Nana, mais Polina est une salle très agréable. Aujourd’hui, les Blue Stars, c’est aussi l’orchestre de ma famille. Mes enfants, mes frères et sœurs : tout le monde les aime. » Ce soir, Raymonde, sa sœur Colette et sa commère Victoire, seront bien évidemment au Zéphyr pour ne rien manquer.
Je pars en commune avec eux, je suis partie en croisière aussi… Quand ils ont quitté Nana, je suis partie à Polina avec eux
Raymonde Lafontaine
Juste devant la scène, Jean-Luc Jason sera là. « Mon ticket est là depuis trois semaines », indique-t-il. « Je suis à mobilité réduite maintenant, mais je continue de les suivre, de les soutenir. » Comme Raymonde, Jean-Luc est lui aussi un fan de la première heure. « 55 ans, ce n’est pas 5 ans ! Si le public est là après toutes ces années, c’est parce qu’il y a de la qualité à chaque sortie. Pour moi, ce groupe est une petite industrie et chaque personne du plus vieux au plus jeune, maîtrise. J’ai déjà assisté à des répétitions : on voit qu’il y a beaucoup de travail. » Et Jean-Luc de citer les qualités des membres du groupe : « Victor Clet, un gros travailleur au-delà du chanteur/ animateur, des jeunes d’expérience comme Karim Weimert, Gilles Gibus, Kenny Ho-York-Krui qui savent lire la musique, Claudy Neillette qui a du cœur sur scène… »
Pour moi, ce groupe est une petite industrie
Jean-Luc Jason
Jean-Luc aime aussi « les costumes de Madame Denon, le sérieux du groupe, son endurance parce qu’il joue sept heures d’affilée… » Ouf ! On en perdrait son souffle à tout énumérer. Alors le fan a une phrase pour résumer son propos : « Les Blue stars travaillent pour la musique guyanaise, au-delà du carnaval ».
Comme Obélix...
Boris Zulémaro, lui, c’est un peu le Obélix des Blue Stars : il est « tombé dedans quand il était petit ». Ici, pas de chaudron magique, comme pour le personnage de BD, mais peut-être un peu de potion magique quand même. « Quand j’étais enfant, je regardais l’émission Fouyaya de Léodate Saïbou. J’aimais la musique, l’ambiance… Lorsque j’ai eu 18 ans et que je suis allé dans les salles de carnaval, j’ai choisi d’aller chez Nana, pour les Blue Stars. »
Si le groupe joue dans une bicoque j’y vais. Si c’est dans une tente, je suis là aussi
Boris Zulémaro
Le jeune homme de 31 ans reconnaît que beaucoup de ses amis se sont moqués de lui : « On me disait que c’était le dancing des "grandes personnes" pourtant, je pense que chez Nana aussi il y avait des jeunes ! » Au fil des ans, et Boris n’en est pas peu fier, il a réussi à « convertir » certains de ses amis. Est-ce parce que le groupe a changé de salle ? Pas pour Boris. « Mon orchestre, c’est les Blue Stars. Si le groupe joue dans une bicoque j’y vais. Si c’est dans une tente, je suis là aussi. »
Un public plus jeune
Ce glissement auprès d’un public plus jeune, Yves Nugent l’a noté lui aussi, et pas seulement parce qu’il regarde la physionomie des danseurs dans les salles de bal. « En 2015, notre public voulait autre chose. Notre musique est devenue plus saccadée, plus énergique, plus dynamique. C’est ce qu’on nous demandait et on s’est laissé prendre au jeu. »
Pierre-Yves Carlier se décrit comme un « inconditionnel du carnaval depuis une quinzaine d’années et de facto fan des Blue Stars, le groupe phare actuel ». Il partage l’avis d’Yves Nugent et estime que depuis une dizaine d’années, tous les groupes ont fait évoluer leurs morceaux. « Avant, ils étaient très longs. Je me souviens avoir compté : une fois, le piké de Potion magique avait duré 13 minutes ! Or, ce n’est pas quelque chose que je recherche particulièrement et je crois que le public non plus. »
Une biographie de Victor Clet à venir
Soulignant l’apport des nouvelles générations dans le groupe, Pierre-Yves insiste sur ceux qui sont arrivés avant « On ne salue pas assez les compositions de Richard Raisin qui ont fait la renommée des Blue Stars. Je suis aussi archi fan des compositions de Claudy Neillette. Ce que compose Vanessa Bafau apporte aussi quelque chose. » Cet hommage aux membres actuels mais aussi à ceux du passé du groupe, Pierre-Yves Carlier continuera à le faire. Il vient en effet de terminer une biographie de Victor Clet qui devrait être dans toutes les librairies avant les fêtes de fin d’année. « Ce seront 200 pages qui parleront, à travers lui, de l’histoire du groupe, du carnaval mais aussi de la Guyane. »
On voit souvent ses parents ou ses frères et sœurs, pourtant on va à leur anniversaire !
Pierre-Yves Carlier
Ce soir, les Blue Stars ont prévu certains des morceaux qu’ils jouent durant le carnaval, mais pas uniquement. Et pour ceux qui pourraient penser qu’il n’est pas forcément nécessaire d’aller fêter avec eux un anniversaire de plus, Pierre-Yves a une bonne raison : « On voit souvent ses parents ou ses frères et sœurs, pourtant on va à leur anniversaire ! Même si on les voit régulièrement, on a envie d’aller souffler les bougies avec eux ! »