"Flic un métier qui tue" de Pascal Drampe : les dessous d'un métier à risques

« Flic un métier qui tue » est le titre de l’autobiographie de Pascal Drampe dit Blanco, ancien policier à la retraite parue aux éditions Nestor. Un livre où il dévoile les dessous d’affaires sensibles qu’il a eu à traiter durant sa carrière. Des révélations fracassantes. 
 
Ce livre est une bombe. Il s’agit de l’autobiographie d’un flic, d’un ancien commandant de police qui a travaillé dans l’hexagone mais surtout aux Antilles et en Guyane. Une histoire digne d’un scénario de film ou de la trame des plus grands polars. Blanco ne lâche rien, il assène ses vérités dévoile les dessous d’affaires sensibles. Des affaires traitées aux Antilles mais aussi en Guyane où il a vécu trois ans. Blanco a manifestement des comptes à régler.


Jeune gardien de la paix 

Pascal Drampe commence sa carrière en 1986 à 21 ans. Il est pétri de bonnes intentions, d’un sens de la justice aiguë. Il veut être un bon flic avec un code de l’honneur, un flic à l'ancienne.  Seulement il perd très vite ses illusions et doit s’adapter au fonctionnement de la "grande maison" mais aussi au manque de reconnaissance. Grande gueule, passionné, chevalier sans peur et sans reproche, il gravit tous les échelons. A 33 ans, inspecteur Blanco s’envole pour la Guadeloupe qui sera sa première expérience outre-mer.


Immersion guerrière en Amazonie

En 2009 enfin...la Guyane, Saint-Laurent précisément.  En arrivant dans l’ouest c’est le dépaysement assuré. Très vite il est intéressé par les opérations harpies, la lutte contre l’orpaillage illégal. C’est une vraie guerre contre les garimpeiros qui se mène dans la forêt. Il raconte l’envers du décor avec force détails. Blanco tente de s’imposer dans le dispositif armée-gendarmerie, obtient le feu vert du sous-préfet de l’époque. Il raconte notamment comment il a traqué le fameux Manoelzinho dans la forêt amazonienne lors de l’assaut de Dorlin.


Un métier qui tue 

Pascal Drampe dit Blanco ne cache rien, raconte tout. Il donne sa version d’histoires sombres au cœur de la justice. Il décrit aussi ses périodes de découragement, de dépression parfois. Un livre d’action. L’auteur décrit par le menu les opérations armées, les interpellations. Il décrit également les voies de perdition d’une société en mal de repères. Un livre coup de poing…
"Flic, un métier qui tue" de Pascal Drampe dit Blanco aux éditions Nestor 
Retrouvez la version vidéo :
Pascal Drampe : un ancien flic qui se bat pour retrouver sa dignité
-Comment qualifier votre ouvrage ? Une autobiographie ?

PD :
Surtout pas. C’est ce que je voulais éviter. Je n’éprouve nul besoin de narrer mes combats, je sais ce que j’ai réalisé et ça me suffit à moi-même. Je sais qui je suis, je sais ce que je suis capable de faire dans les circonstances les plus dramatiques. Mais, à travers mes affaires, je voulais faire connaître mon métier pour qu’il ne soit plus décrié à tort. En y découvrant les coulisses, nos concitoyens vont pouvoir comprendre la difficulté d’exercice.
Mon ouvrage est un témoignage au service de nos concitoyens dont la sécurité est toujours restée mon fer de lance, mon fil conducteur. Mon administration m’a empêché de mettre en exergue mon savoir-faire au service des usagers, mon arme est définitivement rangée mais j’ambitionne, avec ma plume, de faire-savoir mon savoir-faire pour me rendre encore plus utile que je ne l’étais jadis. Je n’ai pas dit mon dernier mot, c’est le moment d’être encore plus efficace.
 
-Comment est venue cette idée de faire ce récit , d’une vie de flic bien remplie  ?

PD :
En 2012, un proche de l’ancien flic et maintenant producteur de film, Olivier MARSHAL, m’avait préconisé d’écrire un scénario sur ma carrière il est vrai atypique. Je n’en éprouvais pas le besoin à l’époque. Mais comme décrit dans le livre, lors de mon arrivée en Martinique en novembre 2015, j’ai reçu comme une révélation du besoin d’écrire. Mais à cette époque, trop meurtri par la maltraitance de mon administration, je ne me sentais pas capable d’écrire sereinement. Contraint de prendre ma retraite par anticipation, mon administration m’ayant réduit sensiblement les vivres et m’affectant contre mon gré sur un poste « placard doré » de « chargé de mission » auprès du directeur départemental de la sécurité publique des Alpes-Maritimes, là où quelques années avant, des « notables » avaient monté des affaires pour me faire mettre sous les verrous…C’est à ce moment que j’ai décidé d’écrire, pour protéger mes collègues flics et transmettre la vérité aux concitoyens qui méritent d’être mieux défendus. Ils ont cru m’anéantir à jamais, ils m’ont sous-estimé…J’irai jusqu’au bout de ma mission, quoi qu’il arrive. Un magistrat m’a récemment déclaré en présence d’un de mes trois avocats : « pourquoi ne profitez-vous pas de votre retraite tranquillement après tout ce que
vous avez vécu ». Je lui ai répondu que la peur n’évitait pas le danger et que je préférerai mourir debout que de vivre couché ! Ma vie de flic est bien remplie, certes. Mais je n’ai pas exercé ce métier pour moi mais pour les autres. Par conséquent, il me reste un dernier effort indispensable à fournir.
 
- Le titre est évocateur , « Flic un métier qui tue » , c’est un métier qui vous a tué ?

PD :
Avant d’écrire ce livre, j’ai d’abord trouvé le titre, c’est ce qui m’est venu immédiatement en tête. Je dirai que ce métier m’aura tué si je ne parviens pas à mon objectif : redonner vie aux flics qui sommeillent en chaque policier pour aider nos concitoyens, pour rendre justice. Je ne suis plus un jeune bleu, je sais que nous vivons dans un système vicié mais je reste persuadé qu’il y a encore la place à la lutte pour un minimum de justice ; On n’a pas le droit de flinguer les vrais flics, je ne peux le supporter. Ce sont les seuls à pouvoir remettre de l’ordre dans notre pays. Je suis passé en Guadeloupe récemment, les Guadeloupéens m’ont demandé de venir remettre de l’ordre chez eux ; je suis passé par la Guyane, notamment à Saint-Laurent du Maroni, on m’a dit la même chose. C’est une belle reconnaissance pour moi, ça m’a redonné un peu de baume au cœur. Mais que puis-je faire aujourd’hui, sinon que d’écrire pour faire-savoir.
Vous avez pu lire les situations extrêmement difficiles que j’ai eu à connaître et que je ne souhaitemême pas à mon pire ennemi. Certes une partie de moi est sans doute morte sur le volet de la sensibilité mais ma détermination n’est nullement atteinte, bien au contraire.
Par conséquent, je suis plus que jamais en vie.
 
-Les faits racontés sont-ils tous vrais ou les avez-vous enjolivés ?

PD :
Beaucoup de lecteurs comparent mon livre à un polar. J’avoue que lorsque je l’écrivais, je me demandais parfois si j’avais véritablement vécu ces affaires. Il s’agit, en toute humilité, d’un parcours atypique. C’est pour cette raison que j’ai choisi d’exprimer les affaires dont je peux prouver matériellement les avoir véritablement vécues. Elles se sont passées comme je les décris.
 
-Vous donnez votre version des événements mais est-ce la bonne ? Quelles sont les réactions de votre ancienne hiérarchie et du milieu à la lecture de cet ouvrage ?

PD :
Il peut toujours y avoir un facteur d’interprétation, surtout sur les affaires où le stress est à son paroxysme, notamment sur la fusillade avec l’ex-ennemi public numéro 1 de l’arc antillais, Patrick THIMALON. Pour exemple, je n’ai retrouvé le détail qui m’a sauvé la vie ce 22 janvier 2001 à 1h dans le légendaire ghetto de Boissard en Guadeloupe, comme expliqué dans le livre, que dix ans plus tard. Toutes les affaires citées ont fait l’objet de procédures judiciaires et j’en possède encore les articles de presse, voire des félicitations, gratifications ou promotions administratives. En ce sens, je suis en mesure de justifier de ma version.
Mon ancienne hiérarchie ne se manifeste pas pour l’instant, d’autant, et je peux le comprendre, que je me suis constitué partie civile dans une affaire de harcèlement moral et dénonciation calomnieuse contre des hauts responsables de mon ex-institution police. Je ne cherche pas à les recontacter pour l’instant, pour leur éviter quelques désagréments dont, ma compagne et moi-même, en connaissons que trop bien les ravages…
Les policiers sont tellement désabusés qu’ils évitent de lire ce type d’ouvrage. Pour l’instant…

-Que retenez-vous de votre passage en Guyane ? Les faits les plus marquants ?
 
PD :
Lorsque j’ai atterri en Guyane le 6 juin 2019, après 6 ans d’absence, je discutais avec une enseignante avec qui nous échangions nos idées sur l’enseignement. Mais soudainement, à la vue de cette forêt, je me suis perdu dans un come-back surprenant et j’ai demandé à mon interlocutrice de surseoir à notre discussion pour apprécier pleinement ce moment. Tout se bousculait, j’ai vécu tant de moments intenses ici que c’est difficile à exprimer.
Les faits les plus marquants sont les opérations harpie que j’ai eu la chance de mener avec mes hommes de la PAF Guyane et de ma conjointe Betty PERPIGNAN qui a été la plus impressionnante des effectifs Harpie que j’ai pu rencontrer lors de la cinquantaine de missions que j’ai initiée. Je ne dis pas ça parce qu’il s’agit de ma conjointe, vous avez pu lire les exploits qu’elle a accompli ici. Tous deux avions été surnommés les « marcheurs de l’extrême » par le GIPN de la Guadeloupe lors d’une mission réalisée avec leur soutien. Ce n’est pas pour rien qu’au milieu des années 2000, elle avait été surnommée « la fille courage » dans un article de France Antilles Guadeloupe. Lors de cet atterrissage, j’ai éprouvé une immense peine, pour ne pas dire haine, de voir comment elle est traitée aujourd’hui par notre institution…
Un autre fait marquant, que je ne digérerai jamais, reste la mort de nos deux camarades commandos tués par balle, et nos camarades gendarmes touchés par balle, le 27 juin 2012 sur le site d’orpaillage de Dorlin.

-Vous écrivez un scénario pour un film et vous avez d’autres idées de romans policiers, c’est une nouvelle carrière qui s’offre à vous ?

PD :
Ce n’est pas une nouvelle carrière mais une continuité de celle-ci. J’ai terminé mon premier polar qui se passe à Nice dans lequel le lecteur devra trouver la part de réalité et la part de fiction…car le récit est tiré de faits réels avec une part de fiction, ou pas…
Le scénario de film est terminé mais je prends le temps de trouver un producteur qui répondra à toutes mes attentes car, après Destin fatal, il y aura Destin fatal 2 (déjà écrit, c’est le polar) et destin fatal 3. Mais pour l’instant, je mène mon combat pour mes collègues et nos concitoyens, le reste ne presse pas, contrairement à la santé morale de ma profession.
Imaginez 37 suicides chez nous depuis le début de cette année. Je ne puis rester sans rien faire et ne voudrais surtout pas que ma compagne, qui a déjà attenté à ses jours à cause de notre institution, soit la prochaine…Je dois me battre aussi pour elle et pour mes collègues.