Frontière de l'Oyapock : malgré un dispositif renforcé de fermeture, les échanges toujours possibles

On votait hier dimanche pour les municipales au Brésil, à Oiapoque, à la frontière avec la Guyane. Les forces de l’ordre des deux pays ont renforcé le dispositif. Mais malgré l’interdit de circuler, les allers et retours d’une rive à l’autre sont toujours possibles 
 
On votait hier dimanche pour les municipales au Brésil, y compris à Oiapoque, à la frontière avec la Guyane. A cette occasion, les forces de l’ordre des deux pays ont renforcé le dispositif de fermeture de la frontière mis en place depuis le début de la crise sanitaire. Mais malgré l’interdit de circuler, les allers et retours d’une rive à l’autre sont toujours possibles. 
 

Des contrôles inopinés

Contrôles tout azimut sur l’Oyapock ce bateau des autorités brésiliennes inspecte deux pirogues en même temps. Plus loin, nous abordons une embarcation de la police civile d’Oiapoque, une présence dissuasive sur le fleuve.
Côté guyanais, deux bateaux de la police aux frontières sillonnent les eaux françaises dont ce nouvel intercepteur avec un moteur de 150 chevaux. Le message est clair : frontière fermée. Mais deux heures plus tôt, dans la brume du petit matin, avant ce déploiement de force, des pirogues traversent dans les deux sens, entre Saint Georges et Vila Vitoria, juste en face. Sur le pont de l’Oyapock fermé à la circulation, le commandant de la Police aux frontières reconnait la difficulté de contrôler le fleuve

"Vous mettez 3 mn pour passer d'une rive à l'autre. Nous ne pouvons pas être efficaces tout le temps. Nous mettons en place les outils nécessaires.  Vila Victoria c'est en face de Saint-Georges, difficile de tout filtrer. 

Bertrand Desquiens commandant de la Police Aux Frontières 


Campagne à Saint-Georges

A Saint George, l’un des points de départ vers le Brésil se trouve au village Bambou. Une voiture affiche le numéro d’un candidat aux municipales côté brésilien. Elle a déposé des passagers. A l’approche d’une patrouille, cette pirogue met les gaz. A terre, de la propagande pour le candidat, d’autres brésiliens de Saint Georges préfèrent s’abstenir de voter… 
Habitant à Saint Georges, Julio est franco-brésilien, il dit respecter les interdits, mais constate les flux sur l’Oyapock.  

"C'est filtrant, on passe mais c'est fermé. Les autorités sont là pour faire respecter les passages". 

Julio, habitant de Saint Georges de l'Oyapock 


Bienvenue à Oiapoque 

Car officieusement, ça passe, la preuve, nous partons vers le Brésil avec un piroguier. Une fois passé sous le Pont international, nous accostons à Oiapoque sans être contrôlés. Nous croisons des habitants de St George, de retour de leurs courses. Puis direction la Police fédérale, pour demander l’autorisation de filmer les élections, après discussion, nous sommes tolérés au Brésil le temps de filmer le scrutin dans une école, sans interview, jour de vote sous le signe de la Covid 19. Oiapoque, 25 mille habitants, et près de 3 mille cas cumulés pour 26 morts, le virus circule moins désormais dans la ville. Dehors, peu de monde avec le masque. Mais en Amapa, l’épidémie est toujours active. Dans l’Etat voisin de la Guyane, 70 % des lits covid sont occupés dans les hôpitaux… 
Le reportage de Laurent Marot et Martial Gritte :