Inquiétude des parents, mais aussi des enfants à Cayenne. Les écoliers du chef-lieu sont directement impactés par le mouvement de grève des agents municipaux. Pour rappel, ils dénoncent depuis le 26 janvier le non-respect des engagements de la maire, Sandra Trochimara, concernant les évolutions de carrières des agents ou encore l'indemnité de fonctions, de sujétions et d'expertise (IFSE).
"Je m'ennuie un peu", Anaëlle, 9 ans
Plusieurs établissements scolaires de Cayenne dysfonctionnent depuis le début du mouvement. Faute d'agents, certaines écoles sont restées fermées pendant deux semaines avant le début des vacances de carnaval (commencées le 9 février). La rentrée est prévue le 26 février. Anaëlle, élève en CM1, espère retrouver sa classe.
"Je ne me sens pas bien parce qu'on ne fait rien à la maison et je m'ennuie un peu [...] Notre classe n'a rien fait pour le carnaval. On allait préparer quelque chose sur le thème de jé farin, mais on ne l'a pas fait parce que l'école était fermée", déplore l'enfant de 9 ans.
Des conséquences sur les élèves
Cédric, lui, s’occupe seul de son fils. Il a dû l’emmener sur son lieu de travail pendant que les écoles étaient fermées. "J'ai dû trouver de quoi l'occuper, parce que je veux bien lui faire faire des devoirs mais il ne peut pas faire huit heures de devoir pendant que je travaille, alors il était bien souvent seul dans un coin pendant que je travaillais", raconte le père. Il se retrouve démuni.
J'aurai aimé que les choses se règlent le plus vite possible pour que tous les enfants de Cayenne puissent vivre une vie normale. L'école est un lien de socialisation, ils perdent tout repère. Mon petit garçon vit ça comme une frustration. Il me demande 'papa, tu es sûr que l'école sera ouverte ?' Donc je lui dis 'oui, c'est ce qui est écrit sur la liste'. On arrive le lendemain, il y a un agent pour ouvrir l'établissement et rien de fait. Je suis obligé de repartir avec lui, j'arrive en retard au travail.
Cédric, parent d'élève
La situation commence à devenir "très lourde" pour le père et le fils. "Ça va faire un peu comme le Covid où on se retrouvait à deux dans une maison enfermée à jouer, ça commence à devenir agaçant", témoigne Cédric.
Ce n’est pas le seul à voir des conséquences sur son enfant. Véronique en a quatre, dont l’une est âgée de 5 ans. Une période importante pour l’apprentissage. "Elle a été déboussolée pendant ces deux semaines", raconte la mère. Et de poursuivre : "la première semaine elle n'a pas eu cours, elle a repris le vendredi. Samedi matin, elle s'est réveillée pour me demander s'il y avait école, je lui ai dit non. La semaine d'après, elle est retournée à l'école mais malheureusement, la majorité des parents n'avait pas la possibilité de récupérer les enfants le midi, ils étaient 4 ou 5. C'était un peu déstabilisant."
On a essayé de lui expliquer ce qu'était la grève. Elle ne comprenait pas qu'on avait changé de mois non plus, puisque le 1er février elle aurait dû être à l'école. Ce sont des choses qu'ils font à l'école. Tout ce qui est repère dans le temps, repère dans l'espace. C'est vraiment quelque chose de super important à 5 ans.
Véronique, parent d'élève
Pendant ce temps, les négociations se poursuivent entre les grévistes et la maire de Cayenne. Véronique déplore d'ailleurs le manque de communication de la municipalité. Aujourd'hui, les parents sont dans le doute quant à la rentrée des vacances de carnaval.