Les étudiants puériculteurs sont à bout et ils le font savoir. Ce mercredi 17 novembre, dans un courrier adressé à la directrice de l’offre de soins de l’ARS, la promotion "Céline Clamaran" de l’institut Projet Pro Plus Guyane a fait part de son mécontentement en dressant une longue liste de dysfonctionnements survenus au cours de leur formation en alternance. Ce courrier fait suite à une demande d’orientation des étudiants puériculteurs vers les services hospitaliers. Neuf d’entre eux (sur 10 au total) ont signé cette lettre de deux pages et demie.
Un parcours semé de complications
Les puériculteurs en devenir déplorent les faits suivants : "arrivée non préparée dans les services", "repositionnement sur des postes d’origine", "remplacement dans différents services par rapport aux arrêts de travail", "changement de service du jour au lendemain sans respect du temps de repos obligatoire et changement des horaires jours / nuit", "pas de besoins réels : sureffectif (3 personnels soignants au lieu de 2)", "affectations dans des services inconnus", "affectations dans des services d’adultes", "pas de référent, ni de tuteur de stage" et, enfin, "pas de suivi proprement dit à la formation en cours".
Tous ces incidents seraient survenus lors de leur période de stage du 26 avril au 2 juillet dernier et ce n’est pas tout. Les étudiants font aussi remarquer que, par la suite, aucun cours théorique, ni d’évaluation n’ont été donnés pendant 4 mois. Par conséquent, ces épreuves ont dû être rattrapées en peu de temps. Entre le 22 septembre et le 19 novembre, les étudiants puériculteurs ont eu à passer près de 10 évaluations correspondantes à une douzaine de matières. Ils précisent dans leur courrier que "certains cours ont été dispensés la veille pour le lendemain de l’évaluation".
Plusieurs dossiers à rendre et une soutenance à passer
S’ajoutent à ces péripéties les exigences institutionnelles des élèves. En effet, ils ont 3 dossiers à rendre et une soutenance à passer avant la mi-décembre (période de fin de cursus). Leur formation leur impose également 4 lieux de stage obligatoires (un centre de protection maternelle et infantile, une crèche, le service de maternité et le service de pédiatrie).
Sachant que leur formation s’achève dans cinq semaines, et que les stages doivent être effectués entre le 27 novembre et le 17 décembre, les signataires du courrier jugent "difficilement atteignable, voire impossible" l’idée de travailler sur leurs dossiers, tout en réaliser leur stage en lieux obligatoires et un autre stage en service hospitalier et ce, un moins d’un mois.
"J’ai vécu ça comme une punition"
Chantale* fait partie des étudiantes signataires. Lorsqu’elle a été affectée en centre hospitalier en avril, elle s’est retrouvée sans planning. Son arrivée n’avait pas été préparée. "J’étais dans l’incompréhension. D’autres personnes de ma promo ont entendu 'je ne sais pas quoi faire de vous', alors qu’on nous a demandé de venir. Nous étions soit en remplacement (donc pas en formation), soit en sureffectif", raconte-t-elle.
J’ai vécu ça comme une punition. Quand on s’est inscrit, c’était pour acquérir des compétences, pas pour être réaffecté. Je n’ai rien appris, j’étais dans mon poste antérieur, donc il n’y a pas eu d’évolution.
Cette formation d’une année, qui a débuté en janvier, est en fait un cursus supplémentaire permettant aux infirmiers confirmés de devenir sage-femme ou encore puériculteur. "Là, on est, pour la 2nde fois, réaffecté dans les structures hospitalières pour subvenir au besoin en personnel criant, notamment au niveau néonatal. On dénonce le fait qu’on nous sorte de notre formation pour remplacer du personnel", déplore l’étudiante.
Dans l’attente d’une proposition de l’ARS
"Dimanche dernier, notre institut de formation nous a transféré un mail de l’ARS, qui nous rappelait auprès des services hospitaliers où nous étions affectés en avril. On a décidé de les rencontrer. Ils nous ont entendus mais on a l’impression de ne pas avoir été écouté", poursuit Chantal.
Je ne jette la pierre à personne, je veux bien entendre qu’il y a un besoin, nous le connaissons. Mais c’est un peu facile de se dire qu’on va "profiter" de la présence d’étudiants pour le combler, et sans encadrement. Ce n’est pas possible en période de crise.
Une proposition a été faite par l’ARS mais elle ne convient pas aux étudiants. "On aimerait qu’il y ait des réaménagements des exigences institutionnelles car elles seront difficilement réalisables", estime l’infirmière. A ce jour, les étudiants craignent de retourner à leurs postes d’infirmiers sans avoir atteints leurs objectifs de formation.
*Le prénom a été modifié.