C’est un rêve, une histoire racontée dans la biographie de Shimon Peres écrite par Michael Bar-Zohar et dans un article du site The Librarians. Une colonie israélienne a failli être installée sur le territoire guyanais. Un souhait qui n'a jamais cessé de hanter Shimon Peres, se transformant en douce utopie.
Shimon Peres, a été président et Premier ministre israélien. Il est mort à 93 ans des suites d'un accident vasculaire cérébral majeur en 2016. Prix Nobel de la paix, après son implication dans la signature des accords d'Oslo en 1994 avec les Palestiniens, il était le dernier survivant de la génération des pères fondateurs de l'Etat hébreu, après le décès d'Ariel Sharon en 2014. En plus de 50 ans de vie publique, Shimon Peres a occupé en Israël de nombreux postes à responsabilité : Défense, Affaires étrangères, Finances.
En 1959, il est le directeur général du ministère de la Défense israélien. Sa réputation le précède, il est le moteur, l’architecte de l’alliance stratégique entre Israël et la France depuis 1955.
La Guyane, terre d'asile
Parmi les délégations françaises venues en Israël, écrit Michael Bar-Zohar, il y a un représentant de la Guyane "Le représentant de la Guyane est profondément impressionné par Israël et a dit à Peres, si nous avions des liens avec Israël au lieu de la France, notre situation serait différente" écrit Bar-Zohar. Ce mystérieux interlocuteur guyanais n'a pas été identifié.
Shimon Peres se renseigne sur la Guyane, cette terre reculée et sous-peuplée regorgeant de trésors encore inconnus, il décide que c’est le bon endroit pour démontrer, ce qu’Israël est en mesure d’accomplir. Il se tourne vers son ami Jacques Soustelle alors ministre délégué. Il veut installer plusieurs dizaines de milliers d'Israéliens en Guyane française.
Douce utopie ?
Shimon Peres suggère que la France loue la Guyane à Israël pour une période déterminée de trente à quarante ans. Il propose également que la France et Israël créent une société commune pour le développement de la Guyane.
Jacques Soustelle s’emballe et accepte. À l’époque, la Guyane compte 30 mille habitants. Shimon Peres comprend qu’en créant une colonie en Amérique du Sud, Israël fera son entrée dans le Marché unique européen grâce au territoire guyanais.
Il convainc David Ben Gourion, Premier ministre de l'Etat d'Israël qui délègue en Guyane une mission de sept experts. Au bout de quelques semaines, la mission rentre avec un rapport détaillé et un film projeté aux membres du cabinet interministériel. Les réactions sont sévères. Ben Gourion refuse d'aller plus loin, arguant qu’un seul État suffit aux Juifs.
Shimon Peres accepte la décision du Premier ministre, mais tout le long de sa vie, écrit Michael Bar Zohar dans sa biographie, il évoquera cette tentative de peuplement avortée en Amérique du Sud, répétant « Les Français étaient prêts à nous donner la Guyane ».