« Les Indiens sont des personnes plutôt discrètes qui ne font pas forcément parler d’elles comme d’autres communautés. En créant cette association, nous voulons bousculer cela. » Michel Ardes, président de Yana Gopio illustre par ce propos l’une des missions de l’association créée en septembre 2024 et affiliée à Gopio France. Celle-ci est la branche nationale de Gopio, Global organization of indian origin, qui regroupe les personnes de la diaspora indienne.
Alors qu’il travaillait sur son propre arbre généalogique, le Guyanais a souhaité aller plus loin sur son ascendance maternelle.
« Je suis l’arrière-petit-fils de Béhary-Laul Sirder dont découle toute la banche qu’on connaît bien en Guyane. En allant chercher aux archives, je me suis intéressé à l’histoire de ces travailleurs qu’on appelait les « engagés ». Quand on se lance là-dedans, on découvre des choses passionnantes. Il y a notamment l’aliénation inculquée par le système qui ne voulait pas que les immigrés « parlent indien ». Aussi, ceux de la première génération n’ont pas continué à parler leur langue maternelle. »
8 472 engagés Indiens en Guyane
L’histoire des ascendants de Michel Ardes, se rapproche de celle des quelque 8 472 engagés Indiens qui sont arrivés en Guyane. Dans un article, Aline Belfort, vice-présidente de Yana Gopio, rappelle que parmi ceux-ci, 1 368 ont été rapatriés et 4 621 sont morts à cause de conditions de travail s’apparentant à du travail forcé.
Mercredi, Jean Moomou, Docteur en histoire, abordera ce pan du passé migratoire de la Guyane. Son discours sera complété par celui de Georges Rech, Directeur de la Maison des mémoires et des cultures de la Guyane qui développera le thème : « Ecrire l’histoire de l’immigration indienne en Guyane : les sources conservées aux archives territoriales ».
Une carte de citoyen indien de la diaspora
Autre intervenant lors de cette conférence : Rajaram Mohan Munuswamy, président de Gopio France. Présent en visioconférence, il présentera la carte de citoyen indien de la diaspora. Délivrée par le gouvernement indien aux descendants de migrants indiens jusqu’à la septième génération, elle permet, entre autres, à son possesseur de s’installer sur place, de faire du commerce entre l’Inde et son pays de résidence.
170 ans de l’arrivée des primo-arrivants
Présente partout dans le monde, Gopio compte quatre associations en Martinique et autant en Guadeloupe. Elle existe aussi à la Réunion, au Suriname, au Guyana… Chez nous, en Guyane, une autre association existe, Gopio Guyane, présidée par Précy Pitoula. Celle-ci s’attachant davantage à l’aspect culturel et festif. « Nous serons complémentaires, précise Michel Ardes. Notre objectif est surtout de faire connaître l’histoire. En juin 2026, nous allons aussi fêter les 170 ans de l’arrivée des primo-arrivants. Ce sera un événement mondial et nous allons nous rapprocher de toutes les autres associations. »
Mercredi 18 décembre, à 18 heures à la Maison des cultures et des mémoires de Guyane, à Rémire-Montjoly (face à la mairie)