Une expulsion sous tension à Matoury. Lundi 26 mars, Gérard Joseph, 91 ans, a vu arriver chez lui des huissiers et des gendarmes. Ils ont tenté de l’expulser de sa maison où il vit depuis 1971. Une nouvelle étape dans un imbroglio judiciaire qui date de près de 40 ans.
Un choc psychologique
Gérard Joseph est un homme âgé. Il a 91 ans. Un âge plus que respectable. L'âge de la sagesse vénérable où il est bon de profiter du travail de toute une vie. Aussi, lorsqu’il a vu arriver chez lui des huissiers et des gendarmes venus l’expulser de son habitation, une vive émotion l’a étreint. Cette maison située à Matoury, chemin de la Levée, c’est toute son existence. La Direction de l’agriculture et de la forêt l’a installé en 1971, dans le cadre du Plan vert ou Plan Stirn du nom du ministre des Dom-Tom de l’époque. Il s’agissait de mettre en place une vraie politique agricole : des terres à l’époque étaient distribuées aux agriculteurs. La condition sinéquanone était qu’il valorise sa parcelle. Valoriser, cela veut dire,nettoyer, cultiver, planter, arroser dès l’aube pour en faire une parcelle de terre fructueuse.
C’est ce qu’il a fait durant des années, avant de construire sa maison. Et puis un jour, des hommes sont venus, des hommes se disant propriétaires du terrain, avides de récupérer leur bien. Il tente de résister mais confiant il laisse aller. L’affaire est estée en justice. Dans un premier temps, il est condamné à quitter les lieux. Il insiste et décide de se battre, sûr de son bon droit. Le juge d’exécution des peines suspend cette mesure et lui demande de payer 400 euros par mois en guise d’indemnité jusqu’au 21 décembre 2018. Il ne le fait pas.
Gérard Joseph la voix chevrotante :
« C’est une affaire qui dure depuis des années. J’ai déjà été au Tribunal, ils m’ont donné raison. Toutes mes économies y sont passées. Je n’ai plus rien. J’ai du vendre un terrain à Cayenne pour faire face aux frais de justice »
Décision rendue le 4 avril prochain
A 7h hier matin des huissiers et des gendarmes ont investi les lieux pour procéder à l’expulsion. Ils avaient même prévu un camion de déménagement. Des faits qui ont suscité une vive émotion du fait du grand âge de Gérard Joseph. De son côté, le propriétaire privé n'en démord pas. Il assure lui aussi être dans son bon droit. En attendant, que fait la DAAF la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt à l’origine de ce contentieux qui dure depuis près de 40 ans ?!
Une affaire entre Gérard Joseph et l’autre propriétaire qui vit en Martinique, encore entre les mains de la justice. La Cour de cassation doit trancher le 4 avril prochain.
Le reportage de Guyane la 1ère :