Hôpital de Cayenne : le profond malaise des médecins

Hôpital de Cayenne
Au delà du mouvement des 17 urgentistes démissionnaires pour cause de sous-effectif chronique, l’hôpital de Cayenne vit une crise profonde. Depuis trois ans, des dizaines de médecins ont quitté leur poste ou sont sur le point de le faire.
La CME, la Commission Médicale d’Etablissement parle d’un « départ massif » de médecins depuis un an. La rédaction de Guyane La Première a voulu en savoir plus sur la réalité et les causes de ce phénomène. Nous avons consulté une quinzaine de médecins, le plus souvent anonymement, par peur des représailles professionnelles. Ces médecins dénoncent tour à tour « un climat délétère », « la loi du silence », « la maltraitance institutionnelle » émanant de la direction et de certains cadres, la Commission Médicale d’Etablissement (CME) qui ne jouerait pas son rôle de défense des médecins et de régulation des conflits, le « sous-dimensionnement » chronique des moyens alloués par l’Etat au vu des défis posés par la croissance démographique… Nous avons recensé 28 départs de médecins en trois ans, dont des figures emblématiques de l’hôpital, souvent pionnières dans leur activité sur le territoire.

Voyez le dossier préparé par Laurent Marot, Catherine Boutet, Myriam Ponnet, Franck Fernandes et Karl Constable

 

Réponse de l’hôpital : pas de départ massif, mais un environnement difficile

La direction des affaires médicales dément tout départ massif de médecins, mais reconnaît un certain nombre de départs, dans un environnement difficile : changement de direction à plusieurs reprises depuis 2016, forte pression démographique en Guyane, crise d’identité de l’hôpital public, programme d’investissements qui tarde à entrer en application malgré des perspectives favorables ces prochains mois.
Selon l’hôpital, depuis le 1er janvier 2016, le solde des départs et des arrivées fait apparaître un déficit de quatre médecins (87 départs pour 83 arrivées). Mais quand on rentre dans le détail, on constate un solde négatif de 18 médecins titulaires depuis le 1er janvier 2018 (32 départs, 14 arrivées). Parmi eux, plusieurs figures de l’hôpital, chef de service ou chef de pôle, sur qui repose souvent le dynamisme de l’activité hospitalière. Autre signal d’alerte : sur le total des départs, on compte 19 démissions, soit plus d’un médecin sur 5 ayant quitté l’hôpital depuis le 1er janvier 2016.Du côté des contractuels, il y a 4 sortants de plus que les entrants. Le solde des sortants et des entrants s’équilibre surtout grâce à l’entrée de médecins d’un autre statut, notamment les assistants médicaux : c’est souvent le statut des médecins étrangers originaire de pays hors de l’Union Européenne.