Incendie du squat de Baduel : La détresse des jeunes qui s’inquiètent pour leur scolarité

Des personnes sinistrées de l'incendie du squat de Baduel en hébergement provisoire au gymnase du collège Léopold Héder
Des familles, environ 800 personnes, victimes du sinistre du squat de Baduel sont hébergées dans les halls sportifs collèges Justin Catayée, Gérard Holder et Paul Kapel. Une importante logistique a été mise en place pour pourvoir, dans l’urgence, aux besoins les plus élémentaires. Ces sinistrés ont perdu leurs biens et certains jeunes après le choc traumatique sont maintenant minés par l’inquiétude de ne pas pouvoir effectuer leur rentrée scolaire.

Dans ce hall sportif du collège Gérard Holder sont hébergées 245 personnes essentiellement des femmes et des enfants, tous rescapés de l’incendie du squat du mont Baduel survenu l’après-midi du 27 juillet.

Lire ici : Les sinistrés de l'incendie du squat de Baduel pris en charge par les autorités

À 16 h de l’après-midi, il fait chaud dans ce grand espace commun. Des femmes sont assises, le regard perdu dans le vague, de jeunes enfants courent un peu partout, ils jouent comme ils peuvent.

Aïcha, Natacha, Phafa ou encore David, se posent beaucoup de questions sur ce qu’il adviendra d’eux. Ils devront quitter le gymnase à la mi-août.
Dans ce groupe d’adolescents, on retrouve une future élève du lycée Lama Prévot, et deux collégiennes dont une du collège Gérard Holder et l’autre du collège Justin Catayée. Tous angoissent à l’idée de ne pas pouvoir faire une rentrée scolaire normale.

Surmonter d’abord le choc traumatique de l’incendie : « J’ai pleuré pendant deux jours »

Natacha, 13 ans en quatrième raconte calmement : « Quand l’incendie s’est déclaré je me suis enfuie je n’ai pas eu le temps de sauver des trucs. Heureusement, je me suis sauvée… Après on a pris le bus et on est venu ici. On va y passer un moment. On se débrouille ! On va acheter une maison pour qu’on puisse vivre, on ne va pas rester là toute la vie ! J’ai pu sauver mes papiers mais mes fournitures d’école que j’avais commencé à acheter, sont parties en fumée. Il faudra racheter. »

Aïcha, 15 ans, les larmes aux yeux témoigne : « J’étais chez moi quand j’ai vu la fumée. Je suis allée regarder. Il y avait beaucoup de fumée, c’était noir. Je suis rentrée j’ai pu sauver quelques vêtements, mon passeport. Mon père a pu sauver nos pièces… J’ai pleuré pendant deux jours en regardant toutes les maisons brûlées, je ne pouvais pas retenir mes larmes, je n’ai pas dormi la première nuit tellement j’avais mal à la tête ! »

Phafa, 14 ans se trouvait avec une copine : « On a entendu, au feu au feu ! On est sorti dehors, on a vu de la fumée noire en haut. J’ai appelé ma mère qui a eu le temps de prendre nos papiers, nos affaires scolaires et rien d’autre ». Phafa, sans doute plus fataliste n’a pas pleuré, elle. Elle regrette surtout d’être éloignée de ses amis avec qui elle était bien.

David 15 ans a vu le feu de près : « Le feu était tout près de chez moi. J’ai pris un peu de linge, mes savates et je me suis enfui. Mon oncle a pu sauver les passeports et rien d’autre. » 

Des brides de vie parties en fumée après l'incendie du squat de Baduel

Une seule préoccupation : pouvoir aller au collège ou au lycée

Natacha fera tout pour être prête le jour de la rentrée : « On essaie de se débrouiller à acheter des trucs parce qu’on ne peut pas aller à l’école comme ça, on doit essayer de trouver des solutions. On peut, peut-être, demander à l’assistante sociale de nous aider. Cette rentrée ne va pas se passer comme je l’avais imaginé ! »

Aïcha s’inquiète beaucoup pour sa rentrée au lycée Lama Prévot : « Le feu a gâché tous mes plans pour la rentrée. J’ai eu mon brevet, je veux devenir aide-soignante ensuite étudier pour être infirmière. Si on nous donne un logement très loin de mon lycée, cela sera très compliqué car se sera difficile de prendre une carte de bus à 100 euros. Je dois me racheter des vêtements, je ne peux pas avoir un seul linge quand même. J’avais prévu d’acheter des baskets, des savates et des vêtements. Je n’ai pu sauver que mes pantalons et deux tee-shirts. »

Natacha ne se projette pas encore dans un métier. Elle a envie de faire plein choses : « J’aime chanter, danser j’aime aussi les médecins, les pompiers, j’aime tout ! »

Phafa, 14 ans sait ce qu’elle veut faire plus tard : « Je veux être dans une crèche ou une garderie et l’après-midi travailler dans la restauration pour être serveuse. J’aime les enfants mais ceux qui sont calmes et obéissants. »

David âgé de 15 ans veut devenir mécanicien ou électricien. Il assure avoir déjà trouvé un lycée.

De longues journées à réfléchir sur l’avenir

«  On s’assoit, on parle, on imagine des choses et on se demande ce qui va se passer. Est-ce qu’on va trouver une maison et qu’est-ce qu’il y aura dedans. On a plus de lits, est-ce qu’on va dormir par terre ! »
« Tout a été brûlé même mon téléphone souligne Phafa. On ne peut rien faire et il fait très chaud ! 
La nuit, personne ne dort, les enfants pleurent, des gens ronflent, parlent, se disputent pour tout et pour rien, c’est énervant, on ne peut ni dormir ni rester calme !
Mon lit me manque trop soupire Aïcha, dès que j’en ai un je lui fais un câlin ! On vole tout, des boxers, des chaussures, il faut tout surveiller.»
« Pour l’hygiène cela ne va pas, les toilettes c’est horrible et même en nettoyant, il y a toujours une odeur. Les gens n’arrivent pas à comprendre qu’on est dans une école, qu’on est hébergé et qu’on doit s’organiser s’exclame Natacha ! Tout a brûlé, ce n’est pas joli joli mais on doit quand même se débrouiller ! »

Aïcha s’inquiète beaucoup pour sa rentrée au lycée Lama Prévot : « Si on nous donne un logement très loin de mon lycée, cela sera très compliqué car se sera difficile de prendre une carte de bus à 100 euros. Je dois me racheter des vêtements, je ne peux pas avoir un seul linge. Mon père avait économisé pour acheter la maison précise la future lycéenne. Cela faisait un mois qu’il avait fini de payer : coût total 2000 euros. Il y avait une seule pièce, on n’avait pas les moyens d’avoir mieux. On a eu ça car beaucoup de gens sont partis à Miami et vendaient leurs carbets. Mon père devait faire d’autres chambres.»

La mère de Natacha, elle, venait d’acheter la maison, de plus il y avait de l’argent à l’intérieur qui a brûlé précise-t-elle. La maison de Phafa était payée depuis 1 an et avait coûté environ 1000 euros.

Mais pour l’heure, la principale préoccupation de ces jeunes est d’avoir de quoi se vêtir pour suivre leur scolarité, un sac d’école et des fournitures.

Les prénoms de ces jeunes ont été changés.