Après quelques jours de trêve, les fortes pluies ont repris ce week-end dans le sud du Brésil alourdissant un bilan humain qui ne cesse d'augmenter depuis le début des intempéries, fin avril.
Dans son dernier décompte, samedi 11 mai, la Défense civile déplorait au moins 143 morts, presque autant de disparus et plus de 800 blessés.
Sur les 11 millions d'habitants que compte l'Etat du Rio Grande do Sul 2,1 millions de personnes ont été touchées par la catastrophe et 500 000 ont du être déplacées. Selon les autorités, près de 92 000 habitations ont été endommagées ou détruites.
10 milliards pour reconstruire
Face à ce désastre, Le gouvernement fédéral a annoncé investir 10 milliards d'euros pour venir en aide aux personnes déplacées et entamer ce qui sera "la plus grande opération de reconstruction de l’histoire du pays", comme l'indique le quotidien O Globo dans un récent article.
L'aide internationale a elle aussi afflué ces derniers jours, plusieurs pays frontaliers ayant envoyé des hélicoptères, des drones ou encore des purificateurs d'eau. La Banque interaméricaine de développement a quant à elle annoncé un train de mesures équivalentes à 1 milliard d'euros pour rebâtir les infrastructures détruites mais aussi pour développer des projets d'adaptation au dérèglement climatique.
Enfin, le Brésil peut se targuer de connaître le "plus grand élan de dons" de son histoire, avec près de 2000 tonnes de biens de première nécessité acheminés vers les régions sinistrées, comme s'en est félicité le président Lula sur X.
Seulement, ces derniers jours, les politiques d'aides aux sinistrés sont de plus en plus parasités par les nombreuses théories du complot qui prennent de l’ampleur sur internet. Plusieurs fausses nouvelles, alimentées en partie par les réseaux de militants de l’ex président Jair Bolsonaro font courir le bruit que le gouvernement reste inactif dans la lutte, voire conspire pour empêcher les sinistrés de s’organiser.
Plusieurs vidéos montrent par exemple, à tort, des stocks de vivres qui seraient bloqués à la frontière, par choix du gouvernement.
De nombreuses théories conspirationnistes plus ou moins absurdes circulent aussi sur l’origine des intempéries, niant l'impact du dérèglement climatique et préférant par exemple imputer la catastrophe aux "chemtrails", ces traînées blanches dans le ciel qui seraient constituées de produits chimiques épandus par avion.
C'est pourtant bien les bouleversements du climat, imputables à l'action humaine, qui expliquent l'intensité aussi forte d'une telle catastrophe.
Le GIEC, qui fait état du consensus scientifique mondial sur le sujet, rappelle en effet dans chacun de ses rapports que le dérèglement climatique augmente la fréquence et l'intensité des événements climatiques extrêmes.
Sur le cas brésilien, plusieurs chercheurs affiliés au laboratoire des sciences du climat et de l’environnement de Paris Saclay ont estimé, grâce à un outil de modélisation que les pluies auraient été 15 % moins violentes sans les conséquences du dérèglement climatique. À noter que le phénomène climatique naturel El Nino, explique lui aussi, en partie, l'intensité de cet événement.