James Paris : du lycée Melkior-Garré au défilé Shein X, rencontre avec un jeune designer guyanais

Portrait de Rodrigo Dorado Delgado (James Paris)
James Paris est un styliste guyanais. Ce jeune, qui suit des études de mode à Bordeaux, a eu l'occasion de montrer ses créations lors d'un défilé organisé par le géant de la fast-fashion, Shein, en septembre 2022. Il nous raconte son parcours depuis ses débuts, avec la machine à coudre de sa mère, en passant par sa formation au lycée Melkior, jusqu'au défilé Shein X.

C'est une opportunité inespérée pour lui. James Paris, de son vrai nom Rodrigo Dorado Delgado, est un styliste de 23 ans. En septembre 2022, en pleine Fashion Week, il participe - en tant que créateur - à son premier défilé, à bord d'une croisière sur la Seine, à Paris. Un rêve qu'il réalise grâce au programme "Shein X", de la marque chinoise Shein, géant de la mode en ligne.

Des créations mises en lumière par Shein 

La société décrit le dispositif comme un incubateur de jeunes stylistes pour "mettre en lumière leur talent en prenant en charge la production, la logistique et le marketing de leurs créations". Les créateurs gardent les droits de propriété intellectuelle et touchent un pourcentage des ventes.

Ils sont donc plus de 2 000 à avoir intégré ce programme, dont James Paris depuis la fin de l'année 2021, à l'issue du concours "Shein By Me" lancé sur les réseaux sociaux. La collection "Woman in the Clouds", du guyanais est, depuis, disponible sur le site de la marque.

En septembre 2022, 25 jeunes talents sont sélectionnés pour le fameux défilé du 20 septembre. Ils laissent libre cours à leur imagination pour des créations qui, cette fois, ne sont pas commercialisées.

Trois modèles portant les créations sur mesures de James Paris lors du défilé Shein de la Fashion Week.

Mais avant d'arriver aux coulisses de la Fashion Week, Rodrigo Dorado Delgado a eu un parcours de vie qu'il décrit comme "compliqué". Né en Colombie, il est arrivé en Guyane à l'âge de 6 ans avec sa mère, alors veuve, et ses sœurs. "La Guyane m'a ouvert ses portes, je peux dire que c'est ma première maison car j'ai très peu de souvenir de la Colombie. Je tiens beaucoup à la culture guyanaise", confie le styliste. C'est là que sa passion pour la couture naît.

"Tout a commencé par les ourlets de rideaux"

"Ma famille a toujours baigné dans le milieu de la créativité. Depuis tout petit, j'ai fait part de ma volonté de coudre, créer, réparer et modeler le corps", se rappelle James Paris. "Je pourrais dire que je couds depuis l'âge de 7-8 ans. Tout a commencé par les ourlets de rideaux, rit-il. Ma mère avait acheté une machine à coudre et, en cachette, je l'utilisais".

Il poursuit : "Je regardais toujours comment elle faisait, puis je reproduisais sans sa supervision. Donc à un moment donné, elle m'a dit 'tu sais utiliser une machine donc tu peux faire mes ourlets' et elle s'est amusée à acheter des rideaux et des nappes". Plus tard, Rodrigo Dorado Delgado s'oriente vers la mode. 

En 3ème, j'avais peur de ne pas trouver ce que je voulais faire après le collège et j'ai vu que le lycée Melkior-Garré proposait une filière MMV (métiers de la mode et du vêtement). Je me suis inscrit sans hésiter, avec l'aide de ma mère et de mon beau-père. J'avais peur du jugement des autres, puisque l'on considère souvent que les métiers de la mode sont destinés aux femmes [...] J'ai été soutenu par ma famille pour intégrer ce bac professionnel

Rodrigo DORADO DELGADO, alias James PARIS, styliste

C'est donc au lycée que les choses sérieuses commencent. "Avant cela, je n'avais pas les connaissances pour fabriquer un vêtement", dit-il. Après l'obtention de son baccalauréat, il quitte la Guyane, faute de formation dans la mode (dans l'enseignement supérieur) sur place. Il emménage à Bordeaux pour intégrer l'IBSM Mode & Marketing. L'année 2023 sera sa dernière année de formation.

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Aujourd'hui, Rodrigo Dorado Delgado poursuit son aventure avec Shein, tant que ses créations sont en vente. Il pourrait être rappelé pour de prochaines éditions. A l'inévitable question "prévoyez-vous de rentrer en Guyane par la suite ?", il répond : "J'ai de grands projets pour la Guyane [...] Je compte y retourner pour mettre mes projets à l'œuvre, oui."

Le portrait de James Paris, dans le Guyane Soir du 13 février 2023. Un reportage de Catherine BOUTET et Clotilde SERAPHINS GEORGE.

James Paris : pas de répit pour le fil et l'aiguille