Né à Saint-Laurent du Maroni, durant le mouvement social, le collectif des "Lumineux" a organisé ce vendredi 28 avril sa première soirée d’exposition et de débats. Pour la présidente du collectif, Marie-Ange Ortiz, 17 ans : “un jeune qui ne s'exprime pas, c'est une bombe à retardement".
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Alors que des trombes d'eaux s'abattent sur Saint-Laurent du Maroni, le silence pèse sur le camp de la transportation. C’est dans cet ancien bagne chargé d'Histoire et devenu lieu de culture, que les jeunes membres du collectif des "Lumineux" vont organiser leur première soirée. Au programme : une exposition de peintures, suivie d'un débat sur l'échec scolaire en Guyane.
Une diversité qui se vit au quotidien dans la deuxième ville de Guyane. A Saint-Laurent du Maroni, face au Suriname, amérindiens, bushinengués, créoles, haïtiens et surinamais vivent ensemble. Pour débattre de la jeunesse ce vendredi soir, toutes les cultures sont représentées autour de la table. Le thème : l’échec scolaire en Guyane.
Les lycéens soulèvent aussi les problèmes d’accessibilité. “Certains viennent au lycée à pied, en faisant plusieurs kilomètres sous la pluie, rien d’encourageant”. “Je pense aussi que certains élèves ne s’identifient pas dans la société française et se disent à quoi bon travailler à l’école”, poursuit une lycéenne. Dans l’assistance, un éducateur prend la parole : “Le système éducatif a été conçu à 8 000 km de nous, il ne correspond pas aux réalités locales. Nous ne vivons pas au même endroit, nous n’avons pas les mêmes moyens, pas le même vécu, alors forcément nous n’aurons pas la même réussite”.
Présents au débat, des enseignants font aussi part de leur ressenti : manque de filières adaptées au tissu économique local, manque d’enseignants, mais aussi la barrière de la langue. “L'école Diwan fonctionne en Bretagne, mais pourquoi pas chez nous”, s’interroge un jeune lycéen. Un jeune néerlandais prend alors la parole en français. “Je ne maîtrise pas bien la langue, avoue-t-il. Quand je suis arrivé, ça a été un choc pour moi, il aurait fallu quelqu’un pour m’aider et me guider dans ma langue maternelle”.
Fiers aussi, les parents de ces jeunes "Lumineux" à la tête de cette soirée de débat. Une première initiative réussie pour le jeune collectif. Dans l'assistance, la députée Chantal Berthelot est ravie de voir “les jeunes se saisir de sujets qui les concernent”. Ce vendredi soir, pour leur première animation, les "Lumineux" sont entrés dans la lumière.
Des barrages à la peinture
Comme de nombreux autres collectifs, celui des "Lumineux" est né au cours du mouvement social de ces dernières semaines. Il est composé essentiellement de lycéens mais aussi de collégiens. "Durant le conflit, nous sommes intervenus sur les barrages pour mettre en valeur les jeunes et parler d’éducation. Nous avions besoin et envie de nous exprimer, explique Marie-Ange Ortiz, 17 ans, présidente du collectif des "Lumineux". Puis, nous avons compris que nous ne pouvions pas toujours descendre sur les barrages. Il fallait trouver une autre forme de mobilisation en s’occupant d’une manière simple, universelle et artistique. Vous savez, un jeune sans activité est une bombe à retardement”.Notre diversité
Peintures, fresques : les lycéens ont récolté de l'argent pour réaliser cette exposition. “Nous avons été inspirés par le mouvement, mais aussi par nos différences. Nous sommes multiculturels, c’est une force de points de vue et une force dans la diversité”, explique la jeune lycéenne.Une diversité qui se vit au quotidien dans la deuxième ville de Guyane. A Saint-Laurent du Maroni, face au Suriname, amérindiens, bushinengués, créoles, haïtiens et surinamais vivent ensemble. Pour débattre de la jeunesse ce vendredi soir, toutes les cultures sont représentées autour de la table. Le thème : l’échec scolaire en Guyane.
Débat sur l’échec scolaire en Guyane
Manque de moyens, de professeurs, de filières... Trèsvite, les exemples sont concrets. “Dans ma classe, des élèves n’ont jamais eu de prof de physique-chimie ou de prof de langue”, remarque un lycéen. “Moi, je ne comprends pas pourquoi des élèves arrivent au bac sans savoir lire correctement”, s’étonne une jeune fille. “En classe, on leur dit, vous savez lire ? Alléluia. Vous ne savez pas lire ? Alléluia aussi ! De toutes façons, il n’y a pas de place pour redoubler”, remarque une mère de famille.
Un système éducatif conçu à 8 000 km
Les lycéens soulèvent aussi les problèmes d’accessibilité. “Certains viennent au lycée à pied, en faisant plusieurs kilomètres sous la pluie, rien d’encourageant”. “Je pense aussi que certains élèves ne s’identifient pas dans la société française et se disent à quoi bon travailler à l’école”, poursuit une lycéenne. Dans l’assistance, un éducateur prend la parole : “Le système éducatif a été conçu à 8 000 km de nous, il ne correspond pas aux réalités locales. Nous ne vivons pas au même endroit, nous n’avons pas les mêmes moyens, pas le même vécu, alors forcément nous n’aurons pas la même réussite”.
Les langues
Présents au débat, des enseignants font aussi part de leur ressenti : manque de filières adaptées au tissu économique local, manque d’enseignants, mais aussi la barrière de la langue. “L'école Diwan fonctionne en Bretagne, mais pourquoi pas chez nous”, s’interroge un jeune lycéen. Un jeune néerlandais prend alors la parole en français. “Je ne maîtrise pas bien la langue, avoue-t-il. Quand je suis arrivé, ça a été un choc pour moi, il aurait fallu quelqu’un pour m’aider et me guider dans ma langue maternelle”. Fierté
“La barrière de la langue est compliquée, avoue une mère de famille. Mais accrochez-vous, lance-t-telle aux jeunes. Car même si vos parents ne comprennent pas la langue, ils grandiront avec vous et seront fiers de vous”.Fiers aussi, les parents de ces jeunes "Lumineux" à la tête de cette soirée de débat. Une première initiative réussie pour le jeune collectif. Dans l'assistance, la députée Chantal Berthelot est ravie de voir “les jeunes se saisir de sujets qui les concernent”. Ce vendredi soir, pour leur première animation, les "Lumineux" sont entrés dans la lumière.