L'autosuffisance alimentaire en Guyane : une vision au long terme

Parvenir à l’autosuffisance alimentaire, c’est pouvoir se passer des importations d’aliments. Les professionnels de l’agriculture s’organisent depuis plusieurs années pour y parvenir, mais le chemin vers la souveraineté alimentaire de la Guyane reste encore très long.
 
Parvenir à l’autosuffisance alimentaire, c’est pouvoir se passer de la majeure partie des importations d’aliments. Les professionnels de l’agriculture s’organisent depuis plusieurs années pour y parvenir, mais le chemin vers la souveraineté alimentaire de la Guyane reste encore très long. L’agriculture guyanaise est en forte expansion, mais l’autosuffisance alimentaire du territoire est encore loin d’être atteinte.
 

« 80% de ce qu’on consomme vient de l’extérieur, on est toujours au stade de 20%. Mais le stade de 20% dans lequel on se trouve est dû au fait qu’on a aussi une démographie qui est galopante. Parce que si vous prenez les chiffres, vous voyez bien qu’ils sont en net progression. + 12% sur la viande. Donc ça veut dire que les volumes augmentent »

Patrick Labranche, agriculteur à Matoury, président de l’interprofession élevage de Guyane


En finir avec les importations illégales

Des piments végétariens
Selon l’Insee, 250 millions d’euros de denrées alimentaires ont été importés en Guyane en 2019. Soit une augmentation de 7% en un an. Beaucoup d’exploitants agricoles estiment que pour inverser la tendance, il faudrait d’abord mettre un terme aux importations illégales en provenance des pays voisins.

« On ne peut pas demander aujourd’hui à des exploitants de produire plus – plus de bananes, plus d’œufs, plus de patates douces etc – si on ne regarde pas les quantités qui rentrent illégalement sur le territoire, qui entrent en concurrence directe avec ce que nous produisons ».

Jean-Hubert François, agriculteur à Montsinéry-Tonnégrande (syndicat des Jeunes agriculteurs)


En attente de nouveaux dispositifs


Le contexte reste toutefois très prometteur pour la filière, avec un accès à de nouvelles terres, promis par l’Etat, et de nouveaux dispositifs d’aide.

« On a le grand plan du président de la République, 100 milliards d’euros, on a le Feader qui va prendre 43 millions d’euros d’augmentation, on a la loi Egalim, qui va permettre aux productions locales de pouvoir pénétrer les cantines scolaires. Et puis il y a également tous les moyens qu’il faut mettre à notre disposition pour que cela arrive. Il y a des axes principaux qui sont le foncier, les financements, et la continuité d’organiser et de structurer les filières »

Patrick Labranche, agriculteur à Matoury, président de l’interprofession animale

L’agriculture guyanaise doit encore se moderniser, pour rester compétitive et augmenter ses volumes de production. Une transition difficile pour de nombreux exploitants, qui ne parviennent pas à accéder aux aides disponibles. Autant d’obstacles que les agriculteurs doivent surmonter pour parvenir à une souveraineté alimentaire de la Guyane.
Sébastien Laporte / Olivia Garrett-Alaïs
La Guyane incapable d'autosuffisance alimentaire !