La Cimade dénonce "l'enfermement à tout prix des personnes de nationalité haïtienne" au centre de rétention administatif de Guyane

Le centre de rétention administratif de Matoury
Cinq associations d'aide aux migrants dont la Cimade pour le territoire de Guyane ont publié mardi 20 avril 2024 leur rapport annuel sur les centres de rétention administrative en France. Pour le territoire de Guyane, en 2023, 1421 étrangers en situation irrégulière ont été placés au centre de rétention à Matoury, soit 200 personnes de plus qu’en 2022. 468 d’entre elles ont été éloignées du territoire. L’association de défense des droits des étrangers, la Cimade, dénonce un "enfermement à tout prix des personnes de nationalité haïtienne".

Sur les 1421 personnes enfermées en 2023, pour absence de papiers, une très large majorité concerne des hommes, et 41 % de ces personnes sont de nationalité haïtienne. Pourtant, aucun Haïtien n’a été renvoyé vers son pays d’origine, en proie aujourd’hui à la guerre civile. Pour Pauline Râï, responsable régionale de l’action en rétention pour l’association CIMADE, la préfecture de Guyane s’entête à les enfermer.

« C’est contraire à la loi qui prévoit un enfermement quand il y a expulsion dans un délai raisonnable. Or actuellement pour la plupart, elles sont libérées sur décision du juge judiciaire voire du tribunal administratif, mais après un délai d’enfermement très long, trop long à nos yeux. »

Si la durée de rétention reste identique à celle de l’an dernier : 3 jours et demi en moyenne, elle recouvre selon l’association, de grandes disparités.

« Selon l’origine des personnes, si elles sont originaires des pays frontaliers, le Brésil ou le Suriname, elles sont éloignées très rapidement parfois en quelques heures. Au contraire, les personnes d’origine plus lointaine, comme Haïti, le Guyana ou la République dominicaine, la durée d’enfermement est plus importante (…) Certaines peuvent rester 60 jours. »

Autre point souligné par le rapport : les conditions de rétention, la privation de liberté et le manque de prise en compte des besoins des personnes.

« Cela a des conséquences sur leur santé physique et morale ainsi que la récurrence des placements pour certaines personnes placées plusieurs fois, jusqu’à 6 fois pour l’une d’entre elles, en 2023. »

La nouvelle loi de janvier 2024 sur l’asile et l’immigration, entrée en vigueur, durcit l’obtention des permis de séjour. Le nombre des personnes en situation irrégulière pourrait ainsi encore augmenter dans le centre de rétention de Matoury.