Sur les 1421 personnes enfermées en 2023, pour absence de papiers, une très large majorité concerne des hommes, et 41 % de ces personnes sont de nationalité haïtienne. Pourtant, aucun Haïtien n’a été renvoyé vers son pays d’origine, en proie aujourd’hui à la guerre civile. Pour Pauline Râï, responsable régionale de l’action en rétention pour l’association CIMADE, la préfecture de Guyane s’entête à les enfermer.
« C’est contraire à la loi qui prévoit un enfermement quand il y a expulsion dans un délai raisonnable. Or actuellement pour la plupart, elles sont libérées sur décision du juge judiciaire voire du tribunal administratif, mais après un délai d’enfermement très long, trop long à nos yeux. »
Si la durée de rétention reste identique à celle de l’an dernier : 3 jours et demi en moyenne, elle recouvre selon l’association, de grandes disparités.
« Selon l’origine des personnes, si elles sont originaires des pays frontaliers, le Brésil ou le Suriname, elles sont éloignées très rapidement parfois en quelques heures. Au contraire, les personnes d’origine plus lointaine, comme Haïti, le Guyana ou la République dominicaine, la durée d’enfermement est plus importante (…) Certaines peuvent rester 60 jours. »
Autre point souligné par le rapport : les conditions de rétention, la privation de liberté et le manque de prise en compte des besoins des personnes.
« Cela a des conséquences sur leur santé physique et morale ainsi que la récurrence des placements pour certaines personnes placées plusieurs fois, jusqu’à 6 fois pour l’une d’entre elles, en 2023. »
La nouvelle loi de janvier 2024 sur l’asile et l’immigration, entrée en vigueur, durcit l’obtention des permis de séjour. Le nombre des personnes en situation irrégulière pourrait ainsi encore augmenter dans le centre de rétention de Matoury.