La Cimade pointe du doigt dans son rapport 2022 la politique de rétention systématique appliquée en Guyane

Restitution du rapport 2022 de la Cimade à Cayenne
Le rapport de la Cimade pour l’année 2022, a été présenté ce matin à Cayenne. Si dans l'Hexagone, 15 922 personnes ont été enfermées en CRA, on notera que 27 643 personnes ont été enfermées dans les quatre Centres de rétention administrative (CRA) d’Outre-mer dont 26 020 uniquement pour Mayotte. En Guyane, 1207 personnes en situation irrégulière ont été mises au CRA de Matoury dont 450 ressortissants haïtiens, les plus nombreux à relever de ce régime

Il s’agit du 13e rapport de la Cimade depuis 2011 dans lequel les auteurs relèvent que dans les Centres de rétention administrative, les conditions de rétention sont toujours plus dégradées et difficilement supportables physiquement et psychologiquement. Des centres jugés pour, nombre d’entre eux, insalubres où est servie, une nourriture inadaptée et parcimonieuse.
En Outre-mer, le nombre de personnes placées en CRA reste élevé dans le cadre maintenu d’un régime dérogatoire qui écarte le contrôle effectif des juges. En 2022, ce sont 27 643 personnes qui ont été enfermées dans les quatre CRA d’Outre-mer.
Ainsi, les placements en rétention dans les centres ultra-marins représentent 63,5% du total des placements au niveau national.

La bible des intervenants de la Cimade

Hausse des enfermements au CRA de Matoury en Guyane

Une tendance à la hausse des enfermements au Centre de rétention administrative de Guyane est observée depuis 2 ans après la crise sanitaire de 2020 durant laquelle moins de 600 étrangers ont franchi les portes du CRA.

Depuis, c’est reparti selon les rapports de la Cimade : 958 en 2021 et donc 1207 personnes enfermées à Matoury, l’année d’après. Mais on reste très loin des chiffres d’avant pandémie : 2018 et 2019, où le nombre d’enfermement au CRA de Guyane avoisinait les 1900.
Sur ces 1207 personnes enfermées en 2022 : 83,9% étaient des hommes, 16% des femmes et une personne non-binaire

Parmi les ressortissants étrangers les plus nombreux figurent : 37,3% de haïtiens – 450 ; 21,1% de brésiliens – 327 ; 10,2% de Guyaniens – 123 et  9,1% de Surinamais – 110 et enfin 5,6% de Dominicains – 68. Un classement qui est le même à quelque détails près sur ces 5 dernière années. Mais l’écart se resserre depuis 2 ans entre le nombre d’haïtiens enfermés et les brésiliens
La durée moyenne de rétention est de 3,5 jours.
La situation des ressortissants haïtiens est compliquée par la grave crise du pays qui empêche, concrètement, d’exécuter les mesures d’éloignement, une seule a pu l’être en 2022.

Des reconduites en baisse

On remarque que 38% des personnes enfermées en 2022 au CRA de Guyane ont été éloignées selon le rapport de la CIMADE. Ce chiffre était de 43% il y a 5 ans et recule depuis jusqu’à passer sous la barre des 40% l’an dernier.

Une tendance qui pourrait s’expliquer par le taux de libération qui lui, est en hausse depuis 2018, 56% des étrangers admis au CRA ont été libérés en 2022, essentiellement sur décision judiciaire. C’est autant qu’en 2021 et 2020.

Et c’est, aussi, la tendance au niveau national, 50% des personnes placées en Centre de rétention administrative dans l’hexagone en 2022 ont retrouvé la liberté alors que  44% ont été reconduites à la frontière.

En Guyane, l’année a également été marquée par la réouverture du LRA de Saint-Laurent-du-Maroni et le projet d’ouverture d’un LRA à Saint-Georges.

 La Cimade conclue son rapport sur la Guyane ainsi « … Pourtant, si la préfecture reste sourde et aveugle à la situation de ce pays où la violence et l’insécurité sont généralisées, la hausse des expulsions vers Haïti est à craindre pour l’année à venir ».