La mémoire est essentielle dans le processus de vie de tout être humain quand elle commence à faillir il y a lieu de faire le point pour prévenir ou accompagner les maladies neurodégénératives. Désormais à Cayenne il existe trois centres mémoire dans les secteurs de santé publique et privé. Depuis une semaine, ont été labellisés par l’Agence Régionale de la Santé :
- Le Centre Hospitalier de Cayenne centre de mémoire de territoire
- L’hôpital privé Saint Adrien centre de mémoire de proximité
- La clinique Canopée qui va bientôt entrer en fonction sera également centre de mémoire de proximité.
Un bilan mémoire nécessaire pour aider le patient et l’aidant
Le docteur Saran Camara, gériatre à l’hôpital privé Saint Adrien effectue ces consultations mémoire depuis plus de 10 ans :
« C’est souvent la famille qui insiste pour que le proche soit vu. Malheureusement cela se fait à un stade où la personne concernée n’est déjà plus en mesure de se gérer. Les patients arrivent à des stades sévères des maladies notamment d’Alzheimer. Les comportements qui auraient dû alerter sont mis sur le compte de la vieillesse et tolérés longtemps par l’entourage. Il y a d’autres freins comme de se dire qu’il n’y a pas de traitement donc qu’est-ce que le diagnostic va changer pour ma vie. » De fait ces personnes sont vues tardivement : « Elles arrivent au stade terminal avec des troubles du comportement et les familles sont dépassées, il y a vraiment encore beaucoup de travail pour parvenir au diagnostic précoce. »
Et pourtant ce diagnostic précoce est vital pour que le patient bénéficie de toutes les thérapeutiques mises au point qui doivent s’administrer au tout début des symptômes des maladies pour obtenir les effets attendus. S’il n’y a pas de possibilités véritables de thérapie, il y a tous les dispositifs à mettre en place pour accompagner le malade et surtout pour les proches aidants afin qu’ils assument au mieux leur rôle de soutien chronique, long et épuisant.
Un bilan mémoire pour se rassurer
Se rassurer est un maître mot pour les personnes confrontées à des situations du quotidien qui finissent par faire craindre pour sa santé mentale. Perdre ses clés une énième fois, se retrouver sur la route en voiture et l’espace de longues secondes ne plus se rappeler sa destination, devoir faire demi-tour pour se rappeler quoi faire, chercher le prénom d’un ami de longue date, ne pas trouver les bons mots lors d’une conversation autant de signes déstabilisants et mêmes inquiétants pour toute personne vieillissante. La consultation mémoire s’avère à ce stade nécessaire pour faire le point sur ses possibilités mémorielles ou faire face à un possible diagnostic Alzheimer ou autre maladie dégénérative ou encore tout simplement être rassuré par un diagnostic de fatigue, de surcharge mentale passagère.
Pour le docteur Camara, les personnes qui viennent consulter avec cette plainte cognitive n’ont, en général, rien :« Ces personnes vues au stade précoce viennent pour être rassurées. Il peut y avoir quelques cas où il y a peut-être quelque chose et il faut surveiller dans le temps mais ce ne sont pas les plus nombreux. »
Les troubles attentionnels post-traumatiques dans la population jeune sont en forte augmentation
Dans l’article de la lettre de l’Agence Régionale de santé, le professeur Bertrand de Toffol qui dirige le service neurologique du Centre Hospitalier de Cayenne espère aussi que le centre de mémoire territorial permettra d’effectuer des diagnostics précoces pour une prise en charge efficiente « Si on peut retarder ne serait-ce que trois ou quatre ans l’institutionnalisation, ce sera un progrès majeur. »
Le professeur alerte aussi l’augmentation forte des troubles attentionnels liés à des états post-traumatique et de troubles de la concentration sur une population jeune. Des patients qui doivent passer par la consultation mémoire pour une prise en charge adaptée.
Quels sont les examens de la consultation mémoire?
- Une consultation médicale ;
- Un bilan d’imagerie (IRM cérébral ou scanner) réalisé en ville ou à l’hôpital ;
- Un bilan sanguin réalisé en ville, « qui permettra d’éliminer des facteurs comme le déficit en vitamine B12, en folates et une hypothyroïdie » ;
- Un bilan neurologique et un bilan neuropsychologique réalisés actuellement au CHC ;
- Une ponction lombaire « pour récupérer du liquide céphalorachidien qui sera analysé. On pourra éventuellement trouver des marqueurs de la maladie d’Alzheimer. »