Jessika Delar-René, présidente de l’Association « A.V.A.N.C.É.E », (Accompagnement et Valorisation d'Actions Neutres Culturelles Educatives Environnementales) présente comme, fondamentale, cette journée de rencontres et de mise à l’honneur de membres de la diaspora haïtienne :
« Après de très longues discussions, longs débats, nous sommes arrivés à la conclusion que nous devions faire quelque chose sur la question haïtienne en Guyane. J’ai proposé la mise en place de cette manifestation. »
A l’origine de ces discussions, il y a eu la parution d’un agenda entièrement écrit en créole haïtien par l'éditeur Pindjoko. L’initiative a été mal perçue par la majorité des haïtiens qui dénonçaient le fait qu’il n’y ait pas de traduction en français.
« Les initiateurs du projet ont alors réalisé qu’il y avait une profonde blessure par rapport à cette identité haïtienne qui ne pouvait pas être assumée pleinement. Beaucoup de haïtiens arguant que ne pas parler français est un frein. Le créole est une douleur pour nous, pourquoi avoir osé faire un agenda en créole. La réflexion s’est engagée sur ce constat avec l’envie de valoriser la culture haïtienne et les parcours de réussite pour montrer à l’ensemble de la société guyanaise qu’il y a autre chose à voir des populations qui viennent d’ailleurs. Elles contribuent aussi à faire grandir notre société»
« Bons baisers d’Haïti Guyane chérie »
Un titre fort adopté par les initiateurs de la manifestation qui est une façon pour le pays Haïti de : « … dire merci à la Guyane d’avoir accueilli ses enfants et de leur avoir permis de développer leurs potentiels, ils n’auraient jamais pu le faire à Haïti », précise Jessika Delar-René.
Au cours de cette journée où conférences, spectacles et animations se succèderont se tiennent également des expositions de peintures et d’artisanats divers. Et surtout seront remis des prix d’excellence à quelques membres de la diaspora : Sylvera Dorjean, entrepreneur, le célèbre musicien et ancien vice-président conseiller territorial, Fortuné Mécène, Nitza Cavalier, la conseillère territoriale, Sherly Alcin, l’entrepreneur, André Yves Rameau.
Le parrain de cette manifestation, Marc Ringo Gervais réside en Guyane depuis 2018. Rescapé du séisme de 2010 à Haïti, cet universitaire a publié en 2022 : Vaudou & liberté : essai aux éditions Rimanay.
Il lui tient à cœur qu’il y ait des échanges culturels rappellant les circonstances des différentes arrivées de haïtiens en Guyane. Le phénomène migratoire a véritablement commencé dans les années 60 avec un pic dans les années 80 où l’on comptabilisait déjà plus de 14 000 ressortissants. Cette immigration n’a jamais cessé et aujourd’hui, la diaspora haïtienne est une des plus importantes de Guyane.
Marc Ringo Gervais souhaiterait que cette manifestation soit l’occasion de montrer que le peuple haïtien a aussi participé à la construction de la société guyanaise. Il souligne cependant, la dichotomie qui existe entre les premières générations immigrées et les migrants actuels. Les premiers venaient du sud d’Haïti (Aquin) alors qu’actuellement, ces migrants viennent de l’ensemble du pays et beaucoup n’ont pas de parents en Guyane. Il en résulte, selon lui, un manque de repères pour des populations qui subissent un joug brutal et reconduisent des comportements inciviques à leur arrivée en Guyane.
D’où l’absolue nécessité de : « mettre en lumière ceux qui ont contribué socialement et culturellement à la construction de l’édifice guyanais en faisant le choix d’y vivre… ». L'exemplarité, étant aux yeux de cet immigré, le meilleur moyen de motiver ceux qui souhaitent s'insérer durablement en Guyane.