La difficile attente des migrants cubains

Les familles cubaines demandant l'asile survivent grâce à la solidarité citoyenne.
Une cinquantaine de migrants venus de Cuba est actuellement en Guyane. Ils sont demandeurs d’asiles dans l’attente du traitement de leurs dossiers et doivent faire face à un dispositif d’hébergement d’urgence saturé.
Dans l’attente du traitement de leur demande d’asile, des dizaines de migrants cubains tentent de se débrouiller dans un dénuement total. Faute d’hébergements disponibles, ils sont parfois obligés de dormir à même le sol. Ils seraient une cinquantaine selon la Croix-Rouge, arrivée en Guyane ces dernières semaines. 
Ils décrivent des conditions de vie difficiles à l’exemple de ces deux femmes arrivées il y a 24 jours. Elles dorment toujours dans la rue à Cayenne, face au bâtiment de la Croix-Rouge, en attendant que leur dossier de demande d’asile soit traité. Elles ont fui Cuba où leur vie de couple n’était plus possible.

Etre homosexuelle, c’est mal pour eux. Nous sommes traitées comme des criminels, vraiment comme des criminels, mal vu par le reste de la société. Nous avons quitté ce pays pour être libres, pour que notre amour soit accepté et ne pas être maltraitées comme nous le sommes à Cuba. Parce que là-bas les LGBT sont maltraités, ici non.  

témoignage migrante anonyme

 
Les services de l’immigration leur donneront une réponse normalement fin octobre. Sur le même trottoir, avenue d’Estrée, une famille attend aussi depuis mercredi… Après un périple de six mois, via le Suriname, ils n’ont plus aucun moyen de subsistance.

Nous n’avons nulle part où dormir, notre fille est là dans la rue, nous dormons par terre.

témoignage père de famille

Arrivés il y a une vingtaine de jours, ces migrants cubains vivent dans un total dénuement.
 
Leur départ de Cuba s’est fait dans la précipitation. Ce père de famille affirme être considéré comme un dissident par La Havane. Il dit avoir subi plusieurs séjours en prison et des sévices, à cause de ses opinions.

Ils me menaçaient, en me disant que si je disais des choses que je ne dois pas dire, que si je disais du mal du gouvernement cubain, ils allaient encore m'emprisonner. Ils inventent des motifs. Ils m’ont donné beaucoup de coup en prison, les policiers, ils m’ont coupé, ils m’ont coupé.  

témoignage père de famille

Certains migrants se disent victime de persécution dans leur pays.

Des blessures, aux bras, au menton, à l’œil et au ventre... Le pouvoir lui aurait aussi bloqué toute possibilité de travailler.
 

On a une arrivée effectivement de Cubains, une cinquantaine de personnes sont enregistrées actuellement, une trentaine ont déjà été hébergées au sein de l’urgence Croix-Rouge. Mais pour l’instant les places sont saturées. Les nouvelles venues posent vraiment question, sur quel sort on va pouvoir leur réserver, quelle solution on va pouvoir mettre en place dans ce contexte particulier.

Benoit Renollet, directeur territorial de la Croix-Rouge Française


Le pic de la crise sanitaire passée, le dispositif d’hébergement d’urgence peine à retrouver un fonctionnement stable. Les pouvoirs publics comptent réduire le nombre de places, pour revenir à la capacité d’accueil qui était celle de la Guyane avant la pandémie.
 

On va progressivement réduire le parc d’hébergement, pour revenir au niveau antérieur à la crise Covid, et on va aussi revenir aux critères d’hébergement qui étaient antérieurs à la crise Covid, c’est-à-dire des critères de grande vulnérabilité.  

Claire Durrieu, sous-préfète au développement économique et social

 
Les services de l’Etat assurent que chaque demande d’asile est analysée individuellement par l’Ofpra. Les décisions sont prises en fonction du pays d’origine mais aussi du parcours individuel de chaque personne. Autrement dit certains Cubains se voient accorder la protection, selon leur parcours individuel, et d’autres non. En attendant, les migrants cubains organisent leur quotidien dans le centre de Cayenne, grâce à l’aide de quelques volontaires.