Donner la parole aux femmes des peuples indigènes lors des prises de décisions par les gouvernements des pays d'Amazonie, telle est la vocation du Sommet des femmes indigènes du bassin amazonien. Il se déroule depuis vendredi, à Tena, une municipalité située dans la région de Cundinamarca, au coeur de la Colombie.
5 jours d'échanges en Colombie
Pour exposer les problématiques complexes auxquelles sont confrontées les femmes autochtones du continent, plus de 140 représentantes originaires des 9 pays du bassin amazonien se sont réunies. Une première mondiale.
Cet événement voulu par la Coordination des Organisations Indigènes du Bassin Amazonien (COICA) et l'organisation hôte OPIAC s'achève aujourd'hui, mardi 12 octobre, après cinq jours de débats publics, d'ateliers thématiques, de colloques, de rencontres, d'expositions...
Quelles soient originaires du Pérou, de l'Equateur, du Brésil, de la Bolivie, du Guyana, du Suriname, du Vénézuela, de la Colombie ou de la Guyane française, toutes ces femmes doivent faire face aux mêmes difficultés pour défendre leurs droits.
Une militante engagée
Palikur et Guyanaise, Claudette Labonté est la coordinatrice pour l'Association des Peuples Amérindiens de Guyane. Elle a participé à cette manifestation et elle est aussi la coordinatrice pour la femme et la famille au sein de la Coordination des Organisations Indigènes du Bassin Amazonien (COICA), l'organisme à l'initiative de l’événement.
A ce titre, en tant que l'une des portes-parole du mouvement, Claudette Labonté a pris part en septembre au congrès mondial de la nature, une manifestation de Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), à Marseille. Une motion a été soumise par la COICA appelant à protéger 80 % de l'Amazonie d'ici 2025 : elle a été adoptée par 56% des états présents.
En Colombie, Claudette Labonté est intervenue en particulier, lundi, lors de l'atelier de travail consacré à l'Impact de la Covid-19 sur la vie des femmes indigènes d'Amazonie et leurs stratégies pour faire face à la pandémie.
La jeune femme Palikur était aux côtés des Guyanaises Eleonora Johannes (Kalina), Florence Ichi Kouyouli (wayãpi) et de Marianne Alves (Wayana et Teko).
" Il s'agit de prendre conscience et connaissance du combat des femmes autochtones du bassin amazonien. Aujourd'hui, les femmes prennent une ampleur considérable dans le combat autochtone. Il était important de rassembler les leaders féminins des 9 pays du bassin amazonien afin de se coordonner, de mettre en place une stratégie de travail commune, d'établir un agenda commun, de s'unir pour mener ce combat ensemble. "
En Guyane, plusieurs associations de femmes amérindiennes se sont créées durant les derniers mois. Ces citoyennes défendent leur rôle dans la société : elles apportent non seulement une contribution essentielle à la survie de leur peuple dans des secteurs comme l'éducation, la santé, mais elles jouent également un rôle important en tant que garantes des richesses du territoire, en particulier dans la lutte contre l'orpaillage.
Cette rencontre au sommet en Colombie a donc été l'occasion de témoigner des situations vécues par les femmes des différents états, ainsi que de partager des histoires de résistance et de résilience durant la période marquée par une pandémie.
D'autant que souvent les femmes autochtones ont été à l'initiative des prises en charge des populations des villages amérindiens touchés par la Covid-19 : distributions de colis alimentaires, opérations de dépistage, décisions d'isoler les bourgs...
Une motion commune signée
A l’issue des 5 jours du sommet, les leaders des associations des femmes autochtones du bassin amazonien ont signé une résolution commune reprenant leurs revendications pour la la défense de leurs droits et la protection des territoires.