Les témoignages saluant la mémoire de Léodate Saïbou disparue dans sa 84e année mercredi 21août se succèdent depuis l’annonce de son décès, nous en avons retenu quelques – uns.
Antoine Karam, ancien président de Région : « Pour moi c’est une grande tristesse. Léodate est une personnalité que j’ai côtoyée pendant très longtemps et ces derniers jours encore. C’était une femme d’engagement sur le plan politique social, culturel associatif, musical, médiatique. Elle a été partout jusqu’à ses derniers jours, très présente pour cette Guyane qu’elle a tant aimée et qu’elle a pu faire connaître à beaucoup de personnes tant en Guyane qu’à l’extérieur. Elle était fidèle à Trou Poisson, son hameau d’Iracoubo. Je pense que la Guyane lui rend un hommage appuyé et mérité. »
Léodate Saïbou a été décorée par Antoine Karam en septembre 2012 de l'ordre National du Mérite.
Yolaine Charlotte-Bolore, présidente de l'association de l'ordre National du Mérite de Guyane dans un communiqué a loué une personnalité d'exception : « ...Léodate Saïbou était une personnalité hors du commun, qui a marqué de son empreinte le monde associatif, audiovisuel et culturel de notre région. Son dévouement, sa générosité et son courage étaient une source d'inspiration pour tous ceux qui l'ont côtoyée.
Nous perdons aujourd'hui une amie, un mentor et une femme d'exception.»
Une femme très fière de ses racines
Myriam Kerel, ancienne conseillère régionale, présidente de l’OCGR, autrice notamment de : Ces femmes de Guyane, Fanm di nou koté (2014) se souvient d’une aînée toujours disponible pour tous, créatrice du collectif « Fanm Dibout » :
« Je l’appelais amie Léodate car dans notre éducation toutes les personnes qui étaient plus âgées que nous, on devait les appeler soit amie, soit cousin mais on ne les interpellait pas par leur prénom. C’est une dame que j’estimais beaucoup pour tout ce qu’elle a pu faire pour la Guyane et pour sa grande détermination. Femme originaire d’Iracoubo comme moi et qui revendiquait ses origines d’Iracoubo à chaque fois qu’elle le pouvait. Quand j’étais présidente de l’OCRG dans le cadre des soirées prestiges nous l’avons honorée et dans mon premier ouvrage Femmes de Guyane, Fanm di nou koté et dans mon troisième ouvrage, « Il fut un temps notre paradis : Iracoubo » » dans lequel elle m’a fait le résumé de sa vie à Iracoubo et à Cayenne. Je l’admirais beaucoup d’avoir fondé l’association Fanm Doubout. Je lui disais : Fanm Doubout, fanm divan car elle fonçait comme un taureau, elle n’avait peur de rien. Dès que cela n’allait pas en Guyane, elle était toujours devant pour améliorer la situation du pays et des Guyanais.»
Et de rappeler également que l’association « A di nou » présidée par Elsa Kérel sollicitée en 2022 par la municipalité d’Iracoubo pour l’organisation d’une cérémonie hommage à cette personnalité du cru, avait suggéré qu’un geste fort soit fait en dénommant une rue de la commune Léodate Saïbou. Ce qui fut fait.
Une chroniqueuse populaire pétrie de bon sens
Léodate Saïbou fut également une chroniqueuse très populaire à la radio et surtout à la télévision privée Antenne créole Guyane. Le journaliste, Yves Robin a démarré sa carrière avec elle, fut son caméraman attitré durant 14 ans. Il garde un souvenir ému de celle qu’il considérait comme un mentor :
«J’ai commencé en 1996 avec elle. Nous faisions le carnaval et une émission qui s’appelait Fouyaya et après Fouyaya Vaval. Nous allions partout au marché, dans les manifestations, on sillonnait la Guyane. Cela a été des années riches avec plein d’anecdotes drôles. C’était une femme de caractère qui ne se laissait pas marcher sur les pieds. J’ai beaucoup appris avec elle. Elle est devenue comme une deuxième maman, elle me conseillait sur tout et je l’ai écouté. Je l’appréciais énormément, j’ai vu grandir ses enfants, petits-enfants. C’était un personnage très apprécié dans son quartier par les jeunes, elle était la dame à voir pour résoudre un problème. »
Et de rajouter : « Elle était très appréciée des politiques y compris des fonctionnaires d’état… Elle passait partout.»
Des politiques qui se souviennent de la Fanm dibout
Dès l'annonce du décès de Tatie Léodate, Chistiane Taubira, ancienne garde des Sceaux, ministre de la Justice dans un communiqué intitulé « Flamboyante » rappelait : « Léodate n’a jamais été soumise. C’est une meneuse. C’est une leader ». Évoquant au fil de son propos, l’engagement de « Léodate Saibou, Fanm dibout, bravant les risques et les menaces, toisant les puissants, les maîtres, les chefs et les chefaillons.» Concluant « … Nous n’allons pas nous habituer à ne plus voir Léodate Saïbou. »
Le président de la Collectivité territoriale de Guyane, Gabriel Serville a souligné le sens du dévouement de cette femme qui a été au cœur de toutes les grandes batailles politiques de la fin des années 90.
Le maire de Saint-Georges, Georges Elfort faisant part de sa vive émotion à l’annonce de cette disparition, écrit : « Tatie Léodate aura toute sa vie œuvré pour la promotion de la Guyane et de sa culture. Impliquée tant dans le domaine artistique, culturel ou social, elle a marqué de son empreinte notre pays pendant plusieurs décennies, en incarnant également la lutte contre l’insécurité… ».
La sénatrice Marie-Laure Phinéra-Horth rappelle : « La Guyane perd une grande dame qui ne laissait pas indifférente. La Guyane perd une figure emblématique. Je vais conserver précieusement nos échanges, notamment ceux sur la vie d'antan dans les pays savanes d'où ma mère était originaire... »
Léodate Saïbou a élevé 9 enfants. Née en 1940 à Trou Poisson sur la commune d’Iracoubo, elle aurait eu 84 ans le 17 septembre prochain.