Un délit répréhensible, mais pas puni
Auparavant, et comme dans beaucoup de pays du monde, l’achat, la possession et la vente de cannabis au Brésil étaient des délits punis par la loi. À présent, même si la détention reste un délit, elle n’est pas passible de sanctions. Toutefois, Luis Roberto Barroso, le président de la Cour suprême est très clair, ce n’est pas une légalisation :
« Nous sommes parvenus à une quantité qui fait la distinction entre les utilisateurs, c’est-à-dire ceux qui détiennent pour leur consommation personnelle, et ceux qui sont impliqués dans le trafic. »
Cette limite a été fixée à 40 grammes de cannabis maximum par usager.
Mettre les consommateurs de cannabis sur un pied d’égalité
Depuis 2015 le Brésil est marqué par des mobilisations des partisans de la dépénalisation, comme encore récemment à São Paulo lors d’une marche dans les rues de la ville. Certains accueillent donc cette nouvelle avec joie, comme de nombreux fumeurs de marijuana qui ne se cachent plus sur une plage de Rio de Janeiro. Parmi eux, Ericson, 19 ans, résume :
« Ceux qui veulent boire (de l’alcool), boivent. Ceux qui veulent fumer (des joints) fument »
Pour Vitoria Regia, retraitée, comme pour beaucoup de partisans de la dépénalisation, celle-ci permet de réduire les inégalités :
“Je suis pour la décriminalisation. La législation est faite pour punir tout le monde, mais en réalité elle ne punit pas tout le monde. Elle punit ceux qui n’ont pas un bon avocat, elle punit ceux qui ont été attrapés parce qu’ils sont noirs, parce qu’ils sont pauvres, parce qu’ils sont vulnérables ».
Une mesure qui ne fait pas l’unanimité
Malgré quelques enthousiastes, la libre consommation est aussi un fort sujet d'inquiétude :
“Je ne trouve pas ça bien. Les enfants n’ont déjà pas un très bon exemple ici à Rio de Janeiro. Imaginez tout le monde en train de fumer de la marijuana ? Non je ne suis pas d’accord” soupire une mère de famille brésilienne. Et elle est loin d’être la seule à dénoncer la décriminalisation du cannabis. 72% des Brésiliens sont opposés à l’usage récréatif du cannabis.
On retrouve ce discours notamment dans les milieux conservateurs qui critiquent avec force la mesure. Le président de gauche, Lula da Silva a lui aussi partagé des réserves, notamment sur le fait que la Cour suprême empiète sur les prérogatives du parlement (organe du pouvoir législatif).