DECOUVERTE. Les Copines de voyage font un stop en Guyane

Enthousiastes et prolixes, celles qui se sont surnommées les "Copines de voyage" ne tarissent pas d’éloges sur ce qu’elles vivent durant leur séjour en Guyane.
Alors qu’elles se costument pour leur défilé du dimanche avec le groupe Mayouri Tcho Neg, elles se livrent.

L’amour du voyage et de la découverte

Alexandra, 39 ans, contractuelle pour la Fonction publique s’occupe du patrimoine mémoriel en lien avec les conflits actuels. Cette célibataire voyage depuis une quinzaine d’années en Europe et ailleurs dans le monde :
« Cela fait partie de mon ADN, je ne peux pas passer une année sans voyager, j’éprouve une appétence pour la culture et le patrimoine. Nous sommes plusieurs femmes avec des situations de vie différentes. L’idée c’est de partir, de découvrir des endroits à plusieurs. Nous nous étions rencontrées lors d’un voyage précédent entre femmes en Egypte et nous avons sympathisé. Linda, la Guyanaise du groupe nous a beaucoup parlé de son pays. Nous sommes chacune différente tout en ayant un point commun : nous aimons beaucoup voyager, partager et découvrir la gastronomie, la culture, les traditions. Vivre des choses ensemble, repartir avec des souvenirs communs en ayant passé des bons moments entre femmes c’est ce que nous voulons ».

La découverte du carnaval enthousiasme ces femmes, la nature omni présente, les plages, les fleuves, ou encore la forêt leur assurent un dépaysement total.
L’expérience renouvelée du voyage en groupe leur apporte un plus indéniable sur le plan humain précise Alexandra : « Là je passe vraiment de très bonnes vacances. Entre nous il y a de la bienveillance, du partage, de la sororité aussi. C’est vraiment un esprit entre femmes de se retrouver sur des valeurs, des choses communes, partager un appartement, cela me rappelle ma jeunesse quand je partais en solo avec mes amies. Je voyage au minimum deux fois par an et mon prochain voyage est programmé au mois de juin pour les Etats-Unis pour Chicago et la Nouvelle Orléans avec ma meilleure amie. »

Des personnes du même « mindset »

Sophie 38 ans, mère de deux enfants, manipulatrice en radiologie et radio thérapie prend le relais :

« J’ai découvert les voyages depuis peu en décembre 2023 et j’ai rencontré notre groupe de baroudeuses. Depuis, nous sommes restées en contact et c’est vrai que nous avons le même état d’esprit pour les voyages. On aime l’aventure, découvrir des cultures différentes, faire de nouvelles rencontres, découvrir des paysages. Grâce à Linda, nous sommes venues en Guyane pour faire de belles rencontres et connaître le carnaval. Elle est notre marraine de l’aventure et nous avons pu faire plein de choses entre copines.»

Sylvine, 25 ans, la plus jeune du groupe, saisonnière dans la restauration enchaîne :

« Partir avec des personnes que je ne connaissais pas cela ne me posait pas de problème mais c’était important de partir avec des personnes du même mindset que moi. C’est vrai on ne peut pas trop voyager quand on attend sur ses amis qu’ils aient leur budget.  On attend trop, c’est trop d’organisation. Le concept copines de voyage c’est vraiment ce qui me convenait, je choisis ma date et c’est quand même organisé. Ici on découvre une culture, on est carrément plongé dedans avec le carnaval, nous sommes accueillies, invitées… »

Nadia, 44 ans, conseillère en insertion sociale et professionnelle renchérit: « Avoir une marraine née en Guyane qui porte ses valeurs et veut promouvoir son pays, nous avons eu beaucoup de chance de l’avoir rencontrée et de nous être rencontrées toutes. À l’origine on ne se connaissait pas. On vient toutes de régions différentes de France et même au-delà et c’est une force. On s’est soudées assez rapidement, on s’est reconnues par rapport à ce qu’on attendait de ce voyage. Cela nous a donné envie de faire plein de choses ensemble et même d’aller nous voir dans nos villes d’origines. Nous avons vécu pleinement ce voyage en Guyane. S’il avait été organisé autrement nous n’aurions pas pu faire autant de choses.»

Une vraie connexion solidaire malgré les différences d’âges

Sylvine, la benjamine se réjouit : « Ce qui nous lie c’est que nous sommes très ouvertes d’esprit. Plus jeunes ou plus mûres, nous avons le même humour, des passions communes. Par exemple Sophie a des enfants et moi je travaille en saison. Nous avons des styles de vie, des âges différents et pour autant il s’est créé un lien très fort c’est ce que je trouve magique dans ce voyage. En France nous n’aurions pas eu ces liens-là. C’est cela la magie des voyages. »

Et Sophie d’ajouter : « Avec Sylvine c’était une époque où nous n’étions pas très bien. Le voyage nous a permis de nous libérer, de nous sentir vivantes dans un moment où nous étions au fond du trou. Depuis on croque la vie à pleines dents. Il s’est créé une vraie solidarité. »

Magali, 58 ans, la plus mûre des copines assure que : « Le fait de voyager entre filles a fait naître une certaine connexion. Cela nous rapproche, on se sent beaucoup plus à l’aise en étant entre filles que dans la mixité. On peut parler de tout, on se sent plus libre, on ne se juge pas, on se sent plus proche de l’autre, il y a vraiment une bienveillance entre nous. Nous sommes dans le lâcher-prise.»

Un voyage libérateur

Nadia : « Nous sommes là pour profiter, vivre notre séjour à fond. Il faut être dans le même état d’esprit sans se plaindre, s’émerveiller de tout et de rien, pouvoir parler librement. Pas de sujet tabou entre nous, ce voyage est libérateur. On se libère de nos complexes, nous sommes dans la bienveillance, on s’écoute, une cohésion incroyable. »

Sylvine complète ces propos : « C’est libérateur ! Nous sommes dans un autre pays, pas dans notre zone de confort. Tu n’es pas avec tes amis de la vie de tous les jours où même ta famille. Nous sommes libres parce qu’entre filles et dans un autre pays. C’est spontané, naturel et c’est ça qu’on aime dans ce voyage qui nous libère de notre vie de tous les jours. »

Sophie tient à préciser : «Sans Linda nous n’aurions jamais vécu cela. Nous avons eu un excellent chaperon. Nous n’avions pas forcément d’a priori mais notre entourage oui. Certains nous ont dit : la Guyane, il n’y a rien à voir quelle idée d’y aller, c’est très humide, ce n’est pas sécurisé ! » 

Nadia avait eu des contacts avec des Guyanaises qui l’avaient motivée à faire le grand saut : « Je ne voyais pas cela aussi fort. Cours de danses, Nana, le vidé, les excursions jusqu’à Oiapoque, nous n’avons pas ressenti de sentiment d’insécurité. Au marché tous les locaux s’intéressaient à nous. L’accueil de façon générale nous a rassurées."

Le voyage est terminé et pour Linda, la Guyanaise, professionnelle du tourisme, ce partage de vie durant dix jours aura été exceptionnel :

« Sur un plan personnel, cela a été un très gros enrichissement. Cela ne semblait pas si évident de vivre dans un groupe où se côtoyaient trois générations (25 ans à 58 ans) alors que les regards, les attentes ne sont pas les mêmes. Mais les planètes étaient alignées. Sur un plan professionnel j’ai été confortée sur le fait que nous pouvons casser cette image d’une Guyane laminée par l’insécurité et les trafics en tous genres donc inhospitalière. Les copines ont fait le circuit touristique habituel et sont sorties sans crainte particulière en faisant attention comme partout ailleurs. L’essentiel dans ce type de voyage c’est que tout le monde soit sur la même longueur d’onde : ouverture d’esprit, curiosité de découvrir et beaucoup de tolérance. »