Le chef d'entreprise Jean-Pierre Drelin inhumé ce 4 novembre à Montsinéry

Jean-Pierre Drelin interviewé sur ces terres lors d'un reportage en 2020
C’est une figure de la Guyane qui s’en est allée. Jean-Pierre Drelin agriculteur et chef d’entreprise décédé le lundi 27 octobre à l’âge de 72 ans avait consacré sa vie professionnelle à l’agriculture. Roland Delannon se souvient d’un pionnier visionnaire, un exemple pour la nouvelle génération d’agriculteurs.

Les hommages ont été nombreux à l’annonce du décès de l’exploitant agricole Jean-Pierre Drelin qui s’est éteint chez lui entouré de ses proches. Il était très apprécié de la communauté des agriculteurs pour ses engagements décisifs en faveur du développement d’une souveraineté alimentaire en Guyane.

Un homme d’engagement au service de sa profession

Jean-Pierre Drelin a vécu un long compagnonnage amical avec Roland Delannon, un des chantres du mouvement indépendantiste guyanais dans les années 70. L’évocation de la mémoire de Jean-Pierre Drelin a provoqué une émotion très forte chez son ami.

« Nous sommes croisés durant les années de lutte indépendantiste, de lutte sociale, agricole et économique. Monsieur Drelin était de la même génération que mon jeune frère, Christian Delannon. J’ai ensuite cheminé avec lui de façon différente. D’abord professionnellement comme technicien vivrier notamment dans la coopérative où il était président « La coopérative fruitière agricole » et même durant la période de clandestinité, je discutais beaucoup avec mon frère et lui sur leurs engagements. Ils étaient à l’époque des chefs de file du monde agricole guyanais dans le cadre du Plan vert. Leurs exploitations étaient mirifiques et mirobolantes, les ministres de passage ne manquaient pas de passer chez eux car ils avaient des exploitations exemplaires de plusieurs centaines d’hectares avec des centaines de bœufs, mais ils ont tout perdu… »

Une vie exemplaire à se reconstruire un patrimoine agricole

« Le système n’était pas fait pour nous les Guyanais, poursuit Roland Delannon. Le Plan vert était à l’avantage de ceux qui viennent de l’extérieur, de France avec des cadeaux de terrains, des prêts bonifiés. Jean-Pierre Drelin et mon frère ont dû hypothéquer leurs biens pour s’intégrer dans le Plan vert. Ils ont eu cette audace comme d’autres Guyanais mais cela n’était pas fait pour nous. Ils l’ont payé très cher en perdant ainsi leurs terres. Jean-Pierre Drelin a dû tout reconstruire. Il est reparti de zéro. C’est un exemple, peut-être unique. Il a reconstitué son exploitation après avoir tout perdu et aujourd’hui, son fils a la première usine agroalimentaire de Guyane. Son départ est une perte très forte qui me touche très profondément. »

Et de souligner la résilience de l’exploitant agricole qui a su remonter la pente avec une ténacité sans faille et mettre en place une exploitation viable. Jean-Pierre Drelin était un travailleur acharné, cela lui a permis d’occuper une place de leader dans le milieu. Il a été président de la Chambre d'agriculture mais peu de temps car il a été écarté. Il est à l’origine de la seule compagnie avicole de Guyane qui assure une production suffisante d’œufs pour la population.

« Jean-Pierre avait l’amour du travail, de son pays. Il était la réponse vivante au mythe qui circule concernant la fainéantise des Guyanais, notre incapacité à nous développer et à nous prendre en charge. Il a répondu à ces mythes. J’espère qu’un jour, s’il y a une école supérieure agricole, on étudiera son parcours, ses actes pour qu’il y ait un processus agroalimentaire viable qui se mette en place en Guyane. Il y a contribué et j’espère que son exemple servira au développement de ce secteur… C’est un combat qui continue. »

Les funérailles de Jean-Pierre Drelin ont eu lieu cet après-midi dans sa commune d’adoption, Montsinéry- Tonnégrande.