"Le Nègre du Gouverneur, chronique coloniale", un roman écrit par Serge Patient qui résonne encore aujourd'hui

C’est l’un des romans les plus puissants écrit en Guyane sur l’esclavage : "Le Nègre du Gouverneur, chronique coloniale". Il a reçu le Prix Carbet de la Caraïbe en 2001. Serge Patient l’a publié en 1978. Un roman singulier, et poignant.  

C’est l’un des romans les plus puissants écrit en Guyane sur l’esclavage : "Le Nègre du Gouverneur, chronique coloniale". Il a reçu le Prix Carbet de la Caraïbe en 2001. Serge Patient l’a écrit en 1978. Un roman singulier sur un esclave, qui doit choisir entre l’amour et le désir de liberté. Serge Patient, le poète, l’écrivain, l’homme politique guyanais, est décédé ce mardi 19 janvier au soir à l’âge de 86 ans. Il laisse une œuvre riche, inachevée. Avec, un seul roman sorti en 1978, « Le Nègre du gouverneur, chronique coloniale » il aura marqué la littérature. Serge Patient a recu le Prix Carbet et du Tout monde en 2001 pour cette chronique coloniale.

Choc des cultures

D’Chimbo est un esclave. Il est partagé entre le désir de s’adapter au monde de son maître et celui de garder farouchement son identité. Il goûte les délices de l’interdit dans les bras d’une femme blanche. Elle s’appelle Virginie et lui fait partager ses valeurs en lui donnant les clés de son environnement colonial. Il est alors nommé sergent de la garde, une compagnie créée pour retrouver les esclaves marrons. D’Chimbo est partagé entre ses racines africaines, sa volonté d’aider ses frères de sang et la passion que lui inspire Virginie et le monde des "Blancs".
Dans ce livre à l’écriture fine, élégante et sophistiquée, Serge Patient restitue l’atmosphère de l’époque. L’histoire d’amour entre cet esclave noir et la jeune fleur de l’aristocratie décadente française, est racontée brillamment. Les émois de Virginie, pour qui la couleur de peau importe peu, sont subtilement décrits.
 

Etre ou ne pas être

Deux mondes, deux réalités s’affrontent. Les rapports de domination entre les deux personnages ne sont pas ceux que l’ont croit. "Le Nègre du gouverneur" est aussi une métaphore.  Le roman s’inscrit dans un cadre historique. Serge Patient, l’auteur, intellectuel guyanais, s’interroge en 1978, sur l’assimilation, un siècle après l’abolition de l’esclavage.
Cette chronique, au-delà de l’intrigue a permis à l'auteur de s’interroger subtilement sur l’assimilation, un siècle après l'abolition de l'esclavage et trente ans après la loi de la départementalisation de 1946. D’Chimbo à l’image de tous les descendants d’esclave peut-il oublier ses gènes, ses racines enfouis dans une mémoire dont il ne connait pas la profondeur ?  Un choix, un dilemne, une torture, quand la liberté est en jeu, même pour l’amour ou le désir.
Le seul  bémol, c’est que ce roman est extrêmement court. Le lecteur reste sur sa faim. C’était sans doute le vœu de l’auteur. Aujourd’hui, chacun peut réécrire l’histoire...