La Guyane qui représente une parcelle du « Tout monde » est renommée pour la richesse de son patrimoine culinaire qui intègre de multiples cultures. Les produits du terroir amazonien sont valorisés dans différentes spécialités comme le fameux Bouyon wara, sa pimentade et son colombos. Au restaurant gastronomique la Villa les produits du terroir sont utilisés au quotidien et déclinés à la française par le chef qui officie depuis 2018.
Esther Pena qui dirige ce restaurant est passionnée par son métier de restauratrice. Elle y consacre toute son énergie ce qui a permis en 26 ans d’existence, de maintenir la renommée gastronomique de son établissement et de fidéliser une clientèle qui apprécie autant la carte que le cadre élégant.
Discrète, ne se mettant jamais en avant, il a fallu insister pour qu’elle participe au Sézame de la Gastronomie Antilles-Guyane qui s’est tenu au mois de novembre dernier à Pointe à Pitre :
« Nous étions plusieurs restaurants à représenter la Guyane à cet événement. Nous avons tous eu des prix chacun dans des catégories différentes. La Villa a obtenu le 1er prix dans la catégorie Cuisine française. C’est une belle récompense. J’ai réussi à maintenir le niveau de mon restaurant avec une équipe qui me suit. Nous sommes catalogués cuisine française mais nous utilisons à 98% des produits locaux. Je me suis vraiment épanouie dans la restauration et suis devenue chef d’entreprise. C’est la passion qui me mène et le contact avec les clients. Nous nous efforçons de respecter une qualité de dégustation et de service… »
Une bataille permanente pour fidéliser la clientèle malgré le contexte de vie chère
Ce travail au quotidien paie, mais pour cela, il ne faut jamais relâcher ses efforts dans un contexte concurrentiel et de vie chère qui complique la tâche.
« Depuis 2 ans nous observons une forte augmentation des prix comme tout le monde. Nous avons toujours essayé d’être abordables en ayant un rapport qualité prix au plus juste mais depuis un an et demi, cela s’est tendu au niveau de la rentabilité. C’est beaucoup plus compliqué d’arriver à maintenir des tarifs abordables tout en ne mettant pas en risque l’équilibre de la société. Nous proposons le midi le menu déjeuner avec un prix attrayant tout en maintenant des repas qualitatifs et le soir une carte plus complète. »
La gestion de cette entreprise accapare presque tout le temps d’Esther : « Il faut dire que c’est aussi mon caractère, j’ai une grosse capacité de travail et je me complais dans cela, c’est ma passion. » Toutefois elle réussit à « couper le fil » de temps à autre pour jardiner, apprécier la nature en se promenant sur la plage, en découvrant les sentiers.
Une édition qui a permis de découvrir les talents des restaurateurs guyanais
L’organisateur du Sézame de la Gastronomie Antilles-Guyane, Jean-Claude Beaupin qui est également président de l’AVAAC (Association de valorisation de l’art culinaire caribéen) prépare déjà l’édition 2025 et les restaurateurs guyanais seront invités :
« Cet événement récompense le travail fourni. Nous évaluons les restaurateurs par rapport aux critères de qualité, de service, de propreté, d’ambiance. Nous n’opposons pas les chefs, nous voulons faire émerger des cadres, des ambiances et faisons à cet effet des tests de restaurant. Le restaurant étant un espace de détente, de rencontres, d’échanges, de partages et de découverte. C’est sur ce concept que nous travaillons. »
La nouvelle édition du Sézame est déjà en préparation, elle se déroulera le 8 novembre avec la participation des Guyanais : « Beaucoup de restaurateurs de Guyane s’en sont très bien sortis et ont surpris par la qualité des accueils réservés à leur clientèle dans de beaux cadres tout en affichant des prix très convenables. » Et de citer les établissements la Villa, le Paris-Cayenne, le Signature, le Cejo ou encore le Chéri.
Toutefois, il espère pour 2025 une meilleure coopération des institutions pour permettre la participation d’autres restaurateurs afin de faire tomber les barrières, de favoriser encore plus les échanges tant culturels que professionnels. « Nous avons une très belle gastronomie à faire connaître et la Guyane sur ce plan a des atouts. »