Ce 18 mars la FedomG a envoyé un courrier d’alerte à Emmanuel Macron. Le nouveau patron de la FedomG, José Mariema rappelle d’emblée que les moyens toujours plus importants mis en place pour lutter contre l’orpaillage illégal n’ont cependant rien enrayé : … « nous sommes en passe de céder, tous ensemble, devant ce que l’on pourrait qualifier de remise en cause de notre souveraineté nationale pour l’accès et l’exploitation de nos ressources. »
Ce courrier ne se contente pas de dénoncer une situation grave, les miniers veulent être partie prenante dans ce qui s’apparente à une guerre tant économique qu’écologique contre les illégaux et propose : « nous aussi, nous voulons nous engager dans le réarmement de notre économie. »
La FedomG préconise entre autres mesures :
L’épuisement des gisements miniers afin de prévenir toute réoccupation des sites par l’activité illégale des orpailleurs… ;
L’application de l’article L.621-4-1 du code minier qui offre la « possibilité aux opérateurs miniers sélectionnés d’initier des travaux sans les contraintes habituelles d’autorisation préalables… ;
La simplification des démarches minières en accélérant le traitement des demandes de permis, l’instauration d’un zonage unique et tout cela conformément aux objectifs du chantier "simplification pour les entreprises" initié par l’Etat.
José Mariema espère obtenir un entretien du président Macron.
Le point sur la situation des mines légales en Guyane
En 2021, La ministre de la transition écologique, le ministre des outre-mer et la ministre déléguée auprès du ministre de l’économie, des finances et de la relance, chargée de l’industrie, ont demandé un rapport.
Ce rapport a été publié en janvier 2023. Il préconise 21 recommandations dont l’amélioration de l'efficacité du dispositif d'octroi des autorisations et titres miniers, l’accompagnement des entreprises de la filière et installation d'exploitants légaux sur certains sites d'orpaillage illégal. Il faut savoir qu’il y a une restriction des secteurs d’exploitation autorisés seulement dans une zone d’environ 9% du territoire, les 91% restants étant situés en zone interdite.
Certaines de ces préconisations ont été en partie reprises par le gouvernement mais au vu du peu de nombre d’exploitants miniers encore en activité, le sursaut attendu par la profession pour éviter la mort de la filière aurifère et favoriser son développement responsable semble difficile. La filière aurifère n’a jamais connu aussi peu d’artisans miniers que depuis ces dix dernières années. Ainsi cette filière artisanale comptait en 2014 120 opérateurs miniers et ils ne sont désormais plus que 20 opérateurs en 2024 et 20 autres artisans attendent eux des autorisations.
La production aurifère légale représente aujourd’hui moins d’une tonne d’or extraite par an par la vingtaine d’opérateurs miniers du territoire.
En 2019, 1180 kilos ont été extraits du sous-sol, un tonnage qui s’est amenuisé au fil des ans puisqu’en 2023, la filière comptabilisait seulement 738 kilos.
Alors que la production est en baisse, l’impact de l’activité minière reste fort avec 50 millions d’euros de chiffre d’affaires réinjectés dans l’économie guyanaise. Cela représente 20% des exportations de la Guyane et 2000 emplois indirects.
Une activité aurifère illégale florissante
Le pillage de la ressource aurifère par les illégaux est évalué à 10 tonnes d’or par an. Un ratio établi par la fédération des opérateurs miniers de Guyane. L’orpaillage illégal représenterait une exfiltration, un manque à gagner de 600 millions d’euros par an. Faut-il rappeler que le budget de la Collectivité Territoriale de Guyane était pour 2023 d’un plus de 820 millions d’euros. On peut parler de hold-up permanent de la ressource aurifère. Et à cela il faut ajouter la pression des garimpeiros sur les opérateurs légaux. Elle se traduit par des braquages récurrents dans un climat d’une extrême violence.