Le squat de Baduel à Cayenne : une hydre combattue depuis plus d’une décennie

Les ruines du squat de Baduel à Cayenne ravagé par les flammes le 27 juillet 2024
Un nouvel incendie ce samedi 27 juin à Cayenne dans un bidonville situé chemin de la source à Baduel où se logaient majoritairement des immigrés haïtiens. Un recensement approximatif fait état de plus de 1500 personnes affectées par ce drame, qui, heureusement n’a fait aucune victime. Une poche d'habitat informel que les autorités ont tenté d’éradiquer à maintes reprises depuis 2016.

En réalité, un bidonville chasse l’autre, c’est un peu la leçon retenue en Guyane du fait de la pression démographique migratoire. Le squat de la source de Baduel s’est étoffé à partir de 2016. Il existait déjà des constructions illégales éparses sur cette colline proche de Cayenne centre d’où s’écoulait une source, tarie depuis.

Lire ici : un incendie dans un squat à Baduel, de nombreuses personnes à évacuer

Cette zone d'habitation était plutôt résidentielle à l’origine. Au fur et à mesure des vagues migratoires, les alentours, singulièrement les collines de l’agglomération Cayenne, Rémire-Montjoly et Matoury ont subi cette urbanisation sauvage dangereuse notamment, par l’électrification hors norme qui est installée et le stockage de bouteilles de gaz entreposées pour éviter la pénurie.

En 2016, il est procédé à l’expulsion d’occupants illégaux de terrains dans la zone Terca à Matoury sans qu’il y ait eu de relogement suffisant des expulsés. Nombre d’entre eux se donc sont installés à flanc de colline au lieudit la source de Baduel à Cayenne.

Lire ici : Une nouvelle zone d’occupation illégale au quartier de la Source de Baduel à Cayenne

Au fur et mesure des années, cette poche d’habitation sauvage s’est étoffée et cela malgré les différentes opérations d’évacuation entreprises par l’Etat comme par la municipalité de Cayenne.

En effet toutes les collines de l’île de Cayenne présentent des risques d’éboulement. Un rapport du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) de 2010 le mentionne. Ainsi la zone d’habitat spontané du Mont Baduel est classée en zone rouge (aléa Fort) dans le plan de prévention des risques. Un glissement de terrain intervenu en 2009 a mis en alerte les autorités sur les possibles survenues d’événements du même genre dans l’avenir notamment en saison des pluies pouvant causer de gros dommages matériels et humains. Ce site est donc sous surveillance continue.

De multiples opérations d’évacuation de la zone durant la décennie écoulée

En 2016, la maire de Cayenne avait déjà diligenté une opération d’évacuation dans cette zone de 800 personnes. L’année suivante en 2017 une autre opération de « sécurisation » des familles a été entreprise au mois de septembre avec le relogement temporaire durant 6 mois, d’une soixantaine de familles en situation régulière.
S’appuyant sur la loi Elan, le préfet en place en 2019, a lancé également des opérations d’évacuation de plusieurs squats à Cayenne et à Rémire-Montjoly.

En 2020, toujours sous la pression des risques d’éboulements la municipalité de Cayenne appuyée par la préfecture organise une nouvelle évacuation de la partie la plus dangereuse de la zone occupée. Les personnes sont déplacées provisoirement dans les structures sportives de la ville.

En 2022, une trentaine de familles installées illégalement sur le Mont Baduel ont été évacuées par la force publique.

En 2023, la municipalité de Cayenne a lancé une opération de destruction de ces habitats précaires, toujours à Baduel. 28 familles sont concernées sans qu'il y ait des propositions de relogement. Une situation de non accompagnement dénoncée par les associations telles « Médecins du monde ».

27 juillet 2024, le squat du Mont Baduel est en feu. On ne connaît toujours pas l’origine de cet incendie qui a ravagé dans sa quasi entièreté les cases de fortune où vivaient au moins 1500 personnes selon la préfecture, la municipalité de Cayenne arguant de 4000 à 6000 personnes.
Il s’agit du second évènement dramatique du genre à Cayenne, pour cette année, après l’incendie d’un squat  situé non loin de la rocade Baduel appelé « squat Zenon » le 25 mars dernier dans lequel trois personnes ont perdu la vie.