Les grandes métropoles de l'Hexagone viennent à peine de fermer leurs bureaux de vote que les premières tendances indiquaient une large victoire du Rassemblement national (RN). Les estimations, qui seront affinées au fil de la soirée et de la remontée des résultats, indiquent que le parti d'extrême droite et ses alliés récolteraient 33,5 % des suffrages, devant la coalition de gauche du Nouveau front populaire (NFP) à 28,1 % et le camp présidentiel à 20,7 %.
Les prévisions en termes de répartition des sièges, elles, ne sont pas encore suffisamment fiables pour être diffusées, tant chaque situation locale est spécifique et dépendra de potentielles alliances. Les nombreuses projections qui circulent sur les réseaux sociaux, y compris celles donnant une majorité absolue au RN sont donc à prendre avec des pincettes.
Participation historique
Selon l'institut de sondage privé Ipsos, entre 65 à 85 candidats seraient élus dès le premier tour et il y a il faut s'attendre à avoir entre 285 et 315 triangulaires. Au niveau de la participation, celle-ci a effectivement été historique avec un taux final estimé entre 65,5 et 70 %. Une affluence historique dans les bureaux de vote que l'on n'avait pas vu pour des élections législatives depuis celles de 1997, et qui vient rompre un cycle de démobilisation chronique.
En réaction à la vague d'extrême droite qui s'étend dans tout le pays, Emmanuel Macron a d'ores et déjà appelé à un "large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour", sans en préciser les contours, tandis que le Premier ministre Gabriel Attal doit s'exprimer dans la soirée.
Le bloc de gauche, lui a appelé à chaque candidat estampillé front populaire en ballottage défavorable à se désister pour faire barrage au Rassemblement national, après s'être réjoui, par la voix de Jean Luc Mélenchon, de la "forte mobilisation des jeunes et des quartiers populaires".
Les Républicains qui recueillent 10 % des suffrages selon les estimations, n'ont eux, pas de donné de consigne de vote. L'ancien Premier ministre Edouard Philippe, a lui réagi à la percée du RN en déclarant "qu'aucune voix" ne devait aller au parti d'extrême droite où à LFI, mettant les deux formations politiques sur le même plan d'égalité. Une position sévèrement critiquée par ces derniers. Plus largement, plusieurs figures de la majorité présidentielle comme l'ex présidente de l'Assemblée nationale Yaêl Braun Pivet ont d'ores et déjà annoncé regarder la situation au cas par cas, brisant de fait l'idée d'un barrage républicain.
Déroute du camp présidentiel
Dans le détail, la hausse de la mobilisation - bien qu'un Français sur 3 ne se soit pas rendu aux urnes - profite largement au Rassemblement national. Aux législatives de 2022, le parti d'extrême droite avait recueilli 18,7 % des suffrages. Surtout, en valeur absolue, près de 12 millions d'électeurs ont choisi le RN et ses alliés, contre 4,2 millions en 2022. La gauche unie sous la bannière du Nouveau front populaire fait elle aussi mieux que la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) au premier tour de 2022 avec près de 28 % des voix contre 25,7.
Comme anticipé, c'est le camp présidentiel et la droite traditionnelle qui sortent grands perdants de ce premier tour. Avec 20 % des suffrages, la majorité a su remobiliser son électorat par rapport aux européennes où la liste emmenée par Valérie Hayer n'a capté que 14,5 % des votes. Mais la coalition présidentielle fait moins bien qu'au premier tour des législatives de 2017 et de 2022 où elle avait collecté respectivement 32,3 et 25,8 %. Quant aux LR, avec 10 % des votes et une grande partie de leurs candidats éliminés dès le premier tour, ils risquent de disparaître du paysage de l'Assemblée nationale.
Reste à voir si le jeu des triangulaires et la mobilisation des électeurs pendant cette dernière semaine de campagne dégagera une majorité absolue à un des trois blocs politiques, formés ce soir.