Les agriculteurs de Guyane sont toujours dans l’attente de la mise en application du plan de développement agricole établi en 2023

Les agriculteurs de Guyane attendent l'application de la feuille de route territoriale pour l'agriculture guyanaise
Le mouvement des agriculteurs hexagonaux peut-il être suivi en Guyane ? Selon Jean-Yves Tarcy président du syndicat Grage (Groupement Régional Des Agriculteurs de Guyane) il n’y aura pas de suivisme absolu, il croit aux vertus du dialogue et attend la mise en application rapide de la « Feuille de route territoriale de l’agriculture guyanaise ».

La mobilisation des agriculteurs de l’hexagone se poursuit et s’étend. Le mouvement a pris une autre ampleur et se durcit. Les revendications sont multiples de l’ordre d’une centaine aux dernières informations. En Guyane, la situation est suivie avec beaucoup d’attention mais selon Jean-Yves Tarcy, tout n’est pas transposable à la situation guyanaise qui demeure, de son point de vue spécifique :

« En Guyane nous avons quelques spécificités mais il y a un bon nombre de revendications que nous rejoignions, Notamment sur le libre-échange avec les paysans voisins. Cela a démarré dans d’autres pays d’Europe, la France a suivi mais la concurrence est dure. Les intrants ont augmenté, les prix des agriculteurs ne suivent pas. Au final, l’agriculteur a des revenus qui n’augmentent pas ou qui sont très faibles. Ces problématiques nous les rencontrons en Guyane et même doublement, entre les frais d’éloignement que nous avons avec l’Europe. Il y a aussi les normes environnementales, toute la réglementation que nous avons du mal à mettre en application en Guyane. Ce sont des points de revendications que nous partageons. »

Pas de suivisme obligatoire

"Mais, nous, ce que nous avons particulièrement demandé en 2023 c’est la mise en application d’un plan de développement spécifique pour l’agriculture de la Guyane. Car nous avons besoin de l’accès au foncier, de la réalisation de pistes. Les exploitations ne sont pas viabilisées, donc sans eau, sans électricité, nous nous retrouvons dans des difficultés extrêmes par rapport à ce qui est vécu en France. »

Jean-Yves Tarcy, producteur de viande de porc

« C’est un mouvement général, à un moment donné nous les outre-mer nous serons dedans. Il y a des échanges entre les syndicats. Nous observons ce qui se passe au niveau national, et nous échangeons pour savoir comment nous organiserons cela sur nos différents territoires. Mais dans notre syndicat nous privilégions le dialogue si nous devions nous mobiliser cela ne sera pas pour simplement suivre, il y a nécessité à mettre sur la table quelque chose de concret. »

Une priorité : la mise en application du plan de développement agricole de la Guyane

Un document a été édité en mai 2023 intitulé  « La feuille de route territoriale de l’agriculture guyanaise ». Il est la synthèse des rencontres entre les services de l’état, ceux de la collectivité territoriale de Guyane et le monde l’agriculture. L'objectif principal était de faire des propositions sur le cap à suivre pour le développement d’une agriculture en Guyane avec en ligne de mire la souveraineté alimentaire.
Ce rapport très complet fait un état de lieux de différentes filières agricoles guyanaises en faisant notamment le constat d’une diminution des élevages et de l’augmentation important des importations sur les 20 dernières années. Cela se traduit pour parvenir à une souveraineté alimentaire par sept orientations :

  • Produire davantage dans les filières animale et végétale,
  • Améliorer la circulation et la préservation des pistes,
  • Mettre en place un vrai accompagnement administratif,
  • Sécuriser les agriculteurs en difficulté,
  • Adapter les réglementations notamment le POSEI,
  • Professionnaliser la petite agriculture
  • Communiquer tant auprès des agriculteurs que de la population.

Ce que réclame Jean-Yves Tarcy c’est l’application de cette feuille de route :

« Il y a eu des ateliers en 2023, un plan signé par le président de la CTG Gabriel Serville, par l’ancien préfet Thierry Queffelec, par le président de la Chambre d’Agriculture, nous savons ce vers quoi nous voulons aller. Il faut maintenant décliner ce plan sur le territoire. Ce dont a besoin l’agriculteur c’est d’abord la base : accéder à son foncier, l’eau, l’électricité et à l’habitat. »