Depuis une vingtaine d’années, le marché de la seconde main s’est popularisé en France. Les vide-dressings sont maintenant très courants et d’autant plus plébiscités qu’ils peuvent se raccrocher au courant de mode vintage. Certaines modeuses ne s’habillent que dans ce type de friperies à la recherche des pièces rares et indémodables. C'était le cas ce 1er février dans le vide-dressing collectif de Rémire-Montjoly.
L’affluence au rendez-vous du vide-dressing collectif organisé à Rémire-Montjoly
Des allées remplies de femmes qui regardent, touchent, inspectent les articles proposés. Certaines ont déjà leurs sacs en papier remplis d'achats. Il faut dire que sur les tables et les portants se trouvent des pièces de belle facture à des prix très raisonnables. Anaïs Salibur, l’organisatrice est déjà satisfaite de l’affluence et d’avoir pu répondre finalement à une demande existante :
« Nous avons beaucoup plus de monde que pour la première édition. Les prix des articles vont 1 à 50 euros pour des vêtements de marque. Les vendeuses déploient de gros efforts sur les prix, les clientes sont ravies. La clientèle est variée, il y a vraiment tous les âges. »
Sur son mode de consommation personnel, la jeune femme avoue avoir bien évolué :
« Je trouve qu’en Guyane, il est plus facile de lutter contre la fast fashion car il n’y a pas de multiplication de grandes enseignes comme en hexagone. Personnellement, j’ai drastiquement réduit ma consommation fast fashion quand j’ai commencé à m’informer il y a quelques années sur le sujet. J’achète beaucoup en seconde main et c’est pourquoi j’ai créé ce vide dressing. »
Consommer mieux et à meilleur prix
Adrianna, étudiante, tient un stand à l’entrée. C’est une habituée de ce type d’opérations. Elle récupère des vêtements chez des amis et partenaires et les revend à très petits prix :
« Mes tarifs varient de 1 euro à grand maximum 12 euros. Je vends aux jeunes étudiants en Guyane et même pour les enfants. J’ai commencé il y a deux ans et j’écume les vide-greniers, les friperies. J’aime cela. Tout ce que je porte est de seconde main. Je le fais pour les étudiants car c’est compliqué d’acheter des vêtements lorsque l’on n’a pas de revenus. Je suis moi-même dans cette situation. »
Plus loin dans une autre allée, une vendeuse affiche un stand très attractif avec de beaux vêtements à petits prix :
« Je suis conseillère en image, et je trouve ce type d’opérations très intéressant car cela permet de donner une seconde vie aux tenues. Les personnes qui n’ont pas de gros budgets ont accès à des pièces intéressantes, tendances, modes parfois et se font plaisir. »
Elle reconnaît, toutefois, qu’il faut mener une réflexion sur nos habitudes de consommation : « Il faut acheter pour que cela dure dans le temps. À titre personnel j’adore acheter mais j’ai décidé de faire des achats plus réfléchis. »
Hors de question de ramener son stock chez elle. Ce qui ne sera pas vendu sera donné aux clientes ou aux associations humanitaires.
Adopter d’autres réflexes
Corinne vit sa première participation à un vide dressing. C’est une découverte qui l’a amenée à réfléchir sur son mode de consommation.
« Quand j’ai ouvert mon dressing et que j’ai fait le point, j’ai vu que j’avais une cinquantaine de jeans. La plupart se ressemblent et je me suis demandé comment j’étais arrivée à en avoir autant. Je les vends aujourd’hui parce qu’ils sont trop petits. Parfois on fait des achats compulsifs parce qu’il y a des soldes, des saisons mais sans vraiment réfléchir et lorsque l’on fait le point, il y a la moitié des vêtements que l’on ne porte pas ou plus. »
Elle n’est pas certaine d’arriver à écouler ses jeans mais a vendu quelques robes et vestes. En découvrant les différents stands et la qualité de certains articles, Corinne compte bien désormais acheter, aussi, en seconde main.
S’appliquer à respecter l’environnement
Juliana, mère de trois enfants a disposé sur sa table des paniers remplis de vêtements d’enfants :
« Pour moi il est primordial d’avoir ce genre d’événement cela nous permet de désencombrer nos armoires, de recycler les vêtements et de respecter l’environnement. Il faudrait faire cela plus souvent. »
Cette entrepreneuse pense que les mentalités ont évolué et que maintenant la clientèle guyanaise est prête pour une consommation différente et sans doute plus raisonnée.
« C’est clair que nous surconsommons. Je me suis rendu compte, en faisant le tri, qu’il y avait plein de vêtements que ma fille n’avait pas portés. Cela me permet de mettre à petits prix des choses neuves. Mais je suis résolue à changer, à lever le pied sur les achats autant pour moi que pour mes enfants. Je crois que l’on peut avoir un impact positif sur l’environnement en se restreignant sur nos achats. »
Une industrie textile qui pollue de plus en plus
À l'heure actuelle, dans le monde on consomme 50% plus de textile qu'il y a 20 ans. 70% des vêtements resteraient inutilisés dans les armoires. Des articles fabriqués, le plus souvent avec des matériaux de basse qualité.
La tendance de l'ultra fast fashion depuis 2019 avec un renouvellement des collections plusieurs fois par an poussent à produire beaucoup plus et, bien sûr, à acheter toujours plus. Les dégâts pour la planète sont incommensurables.
Il faut se rappeler que l’industrie du textile est l’une des plus polluantes au monde. Il existe certes, des circuits du recyclage des textiles usagés. Ils sont traités pour être réutilisés sous une forme ou une autre notamment dans des pays d’Afrique de l’Est et de l’Ouest qui les importent d’Europe. Mais dans ces ballots qui arrivent sur les marchés africains, il y a beaucoup de déchets en raison de la mauvaise qualité, dès la fabrication, de ces vêtements. De fait, ils sont alors, impossibles à recycler. Ces déchets textiles envahissent l’environnement immédiat créant une pollution de l’eau comme de l’air quand ils brûlent.